BLIDA - Si la ville de Blida est connue pour avoir préservé intactes plusieurs métiers traditionnels à l'instar de la distillation de l'eau de rose, la broderie sur tissu et le travail du cuivre, elle est surtout renommée pour détenir tous les secrets de la confection des gâteaux traditionnels qui peuvent constituer à eux seuls la carte de visite de cette wilaya. L'histoire de la confection des gâteaux traditionnels remonte à très loin dans l'histoire, à savoir à l'époque ottomane, qui a marqué de son empreinte la population de Blida, dont le nom serait un diminutif de "Elbelda" (petit bourg ou pays), selon Ami Youcef Ouragui, une véritable mémoire vivante de l'histoire de la ville des roses. Ainsi en est-il de "El tcharak" (lune en turque), "Makrout El koucha au miel" ou encore "Baklawa" ou autres fameux "K'taef" que la ville des roses a hérité des turcs, dont les traditions et us ont imprégné indélébilement les habitudes de la population blidéenne. Les gâteaux de Blida se distinguent particulièrement par leur goût inégalé et leur forme artistiquement élaborée par les doigts habiles des artisans et artisanes de cette ville. Ces douceurs à l'origine de la multiplication des commerces Ce savoir faire ancestral a fait la réputation de cette ville où foisonnent une multitude de commerces de gâteaux traditionnels qui ne chôment pas à longueur d'année. Et pour cause : ces petites merveilles sucrées aux consonances orientales aussi exotiques que succulentes, à l'instar de Dzeriette, Makrout Ellouz, Knidlet, Baklaoua et Araich s'arrachent "comme des petits pains" par une clientèle nostalgique, jalouse de son passé et désireuse de le ressusciter à tout prix. "La demande sur les gâteaux traditionnels de Blida augmente sensiblement durant la saison estivale, connue pour être une saison festive par excellence, de par le nombre de fêtes de mariage, circoncisions et de fin d'année scolaire (diplômes et autres bac et BEM), qui sont célébrées", relève Mme Hadjer, propriétaire d'une chaîne de magasins de gâteaux traditionnelle au chef lieu de wilaya. En plus des clients nationaux forts nombreux, cette spécialiste des gâteaux traditionnels a confié avoir des "clients fidèles issus notamment de nombreux pays arabes (Syrie, Jordanie et Liban) qui n'hésitent pas à faire un détour par Blida à chacun de leur déplacement en Algérie pour s'approvisionner en gâteaux". Par ailleurs, cette blidéenne de souche a assuré "travailler constamment pour donner un goût raffiné et subtil aux gâteaux, harmoniser leurs formes mais aussi leurs couleurs, en y incorporant à chaque fois de nouveaux ingrédients, comme le caramel ou les fraises, qui confèrent un "nouveau goût" à ces petites gâteries, mais aussi pour faire face à une concurrence féroce. Le cérémonial des gâteaux traditionnels, l'autre coutume des blidéens L'autre caractéristique propre aux habitants de la ville des roses, a expliqué Mme Hadjer, est que la consommation des gâteaux traditionnels ne se limite pas aux occasions festives, mais relève d'un "d'un rituel sacré" aux heures du petit déjeuner et du goûter, où un panier de petits gâteaux traditionnels doit impérativement décorer la table des familles de Blida. Le succès de ce commerce des gâteaux traditionnels s'explique également, par le fait que "de nos jours beaucoup de femmes travaillent et préfèrent, faute de temps, s'approvisionner auprès de ces commerces, au lieu de les confectionner "maison", comme leurs mères et grands mères, a-t-elle signalé. "Leur prix élevé (40 DA l'unité), ne constitue guère un motif de dissuasion pour les mordus de ces gâteaux" s'est félicité, par ailleurs, cette dame, qui cite à l'origine de ce prix "les matières premières entrant dans la confection de ces gâteaux comme les noix, les pistaches, ou les amandes, dont les prix ne cessent d'augmenter". Cette hausse de la demande sur les gâteaux traditionnels a généré un surcroît de stagiaires inscrits dans les Ecoles d'enseignement des techniques et secrets de confection des gâteaux modernes et traditionnels agréées par l'Etat, a indiqué le responsable de la direction de la Formation professionnelle et de l'apprentissage, M. Touil Abdelkader. "En 2010, pas moins de 908 stagiaires dans cette spécialité ont été formé par le secteur", a-t-il fait savoir, alors que pour l'année 2011, 870 stagiaires ont été inscrits à la session d'octobre". A cet effectif officiel s'ajoute un nombre "non connu" de femmes non diplômées, qui se font un devoir de perpétuer cet art, en prodiguant des cours à domicile au profit de jeunes filles et femmes, "qui feront que la relève soit assurée à Blida", s'est félicité, M.Touil.