L'opération de mise à eau du barrage de Koudiate Acerdoune, dans la wilaya de Bouira, est prévue pour octobre prochain. D'ailleurs, le taux d'avancement des travaux de construction de cet ouvrage de grande envergure frôle les 90% de réalisation. C'est un projet gigantesque, deuxième du genre à l'échelle nationale, après celui de Béni Haroun, situé dans la wilaya de Mila, le barrage de Bouira vient ainsi à point nommé pour atténuer définitivement les problèmes de pénuries d'eau potable que vit la région. Cette dernière, notamment M'sila, Bouira, la nouvelle ville de Boughzoul (Médéa), Boumerdès et une grande partie de la capitale, sera desservie en permanence probablement à partir de 2009, avec l'exploitation effective de cet ouvrage. Les localités sud de la wilaya de Tizi Ouzou, comme Boghni, Ouadhias, Draâ El Mizan et Tizi Ghenif, seront alimentées à partir de ce barrage. Le projet est confié au groupe français Razel, qui emploie plus de 1500 travailleurs, avec le suivi de l'Agence nationale des barrages. Cette infrastructure hydraulique est d'une capacité de remplissage de 640 millions de m3 par an, soit trois fois la capacité de celui Taksebt. Le barrage de Koudiate Acerdoune, à Mâala, dans la région de Lakhdaria, est un projet de grande envergure d'autant plus qu'il sera d'un apport considérable dans la lutte contre le phénomène de la sécheresse. D'ailleurs, il canalisera une quantité importante des eaux pluviales en provenance notamment des monts de Médéa et Tablat ainsi que la fonte des neiges qui, jusque-là, s'évaporaient dans la nature. Un arrêt des travaux de 6 ans Selon M. Abbès, directeur de l'hydraulique de la wilaya de Tizi Ouzou, la hauteur de la digue de cet ouvrage est de 121 m tandis que sa longueur, est de 475. Cela explique amplement la dimension de ce barrage conçu de façon à se conformer aux normes universelles en la matière. La largeur de la digue est de 8 m, avec des coursives pour minimiser l'énergie et la brise de charge de l'eau. Des bassins de dissipation ont été également mis en place afin d'éviter l'érosion tout comme des tours de brise réalisées pour contrôler le barrage. Avec des méthodes modernes, la société Razel a ouvert des tunnels pour dévier l'eau de l'oued Isser pendant les travaux. « Pendant la période de pluie, il est impossible à l'entreprise de travailler. Les travaux s'accélèrent considérablement en vue de permettre la mise en eau du barrage en octobre prochain », explique un ingénieur rencontré sur les lieux en train de superviser les travaux de coffrage pour bétonner les alentours de la digue. Selon lui, c'est le béton compacté au rouleau, BCR, qui est utilisé dans ce genre de travaux, et ce, pour éviter le déplacement des engins roulants dans les chantiers. Il est à noter que les travaux de réalisation de cette infrastructure hydraulique ont débuté, dans un premier temps, en 1993. Mais, cela n'a été que de courte durée avec une entreprise Italienne qui a du laisser tomber le projet suite à l'avènement du terrorisme et le climat d'insécurité qui régnait dans la localité, surtout lorsqu'on sait que le chantier est mitoyen au massif forestier de Zbarbar qui était, durant la décennie écoulée, l'un des fiefs privilégiés pour les individus armés. Six ans plus tard, soit en 1999, les travaux reprendront mais sous la houlette d'une entreprise, le groupe français Razel, qui a, d'emblée, procédé à la sécurisation du site, en recrutant plus de 600 agents de sécurité. 21 millions de mètres cubes pour Tizi Ouzou Aussi, il convient de souligner que l'enveloppe initiale allouée à ce projet était de l'ordre de 8 milliards de dinars. Mais une rallonge de 4 milliards de dinars a été accordée par l'Etat en 2003, pour la réévaluation du projet, en raison des dégâts ou plutôt des glissements de terrain engendrés au chantier lors du séisme qui a ébranlé la région du centre du pays. Le volume des eaux potables destiné à alimenter le flanc sud de la wilaya de Tizi Ouzou à partir du barrage en question s'élève à 21 millions de m3 par an, pour une population de 26 000 h. Le transfert concernera plus de 190 villages et 11 chefs-lieux de communes. Le projet de canalisation et de transfert est en cours de réalisation par la société canadienne SNC Lavalin, et suivi par l'Agence nationale des barrages. Le montant alloué par l'Etat à ce projet est de l'ordre de 20 milliards de dinars. Les tuyaux sont actuellement sur place. Le tracé a été dégagé en guise de colonne vertébrale d'une largeur de 25 m pour éviter surtout des oppositions. Certes, il y en avait quelques unes mais surmontées sans les moindres difficultés, comme l'a souligné M. Hadibi, élu à l'APW de Tizi Ouzou et membre de la commission « levée des oppositions », installée par la même assemblée. Une grande station de traitement et de pompage des eaux du barrage Koudiate Acerdoune d'une capacité initiale de 8650 m3 par jour, est en cours de réalisation par la SNC Lavalin, au lieudit Boularbah, commune de Djebahia, daïra de Kadiria, à 30 km au nord- ouest de Bouira. La première pierre de ce projet a été posée par le président de la République lors de sa visite dernièrement dans la wilaya de Bouira.« Le délai de réalisation s'étalera sur environ 14 mois. A fin septembre prochain, tout le tracé et les voies d'accès seront terminés. Nous avons, jusqu'à présent, réalisé 26 km de conduite sur 71 inscrits dans le projet. Notre objectif est de mettre en service la station au plus tard fin 2009 pour une réception provisoire du projet qui sera définitivement achevé en 2010. Le défi de notre société est de sortir de l'oued dans les meilleurs délais, et ce, en mettant en place 12 traverses », explique M. Chevalley, responsable au sein du SNC Lavalin. Pour ce qui est de la consistance physique des travaux du réseau de transfert des eaux vers les localités du sud de la wilaya de Tizi Ouzou, l'on relève la mise en place de 86 km de canalisations en fonte et acier, couvertes en PE de DN de 150 à 300 mm. Cela sans parler des 13 réservoirs d'un volume total de 7700 m3 tout comme les 18 stations de reprise qui seront construites dans le cadre de ce projet. En outre, un réservoir d'une capacité de 8000 m3 est en construction, à Tizi Larbâa, sur les hauteurs de Draâ El Mizan, aux frontières de la wilaya de Tizi Ouzou avec celle de Bouira. Il desservira les régions de Tizi Ghenif, Boghni et Ouadhias. « Le projet est à 45% de sa réalisation complète et le réservoir s'occupera de la distribution vers la zone sud de la wilaya de Tizi Ouzou. Il faut dire que pour éviter des problèmes des oppositions dans la réalisation du réseau de distribution, nous avons préféré garder le tracé sur le couloir de servitude d'une largeur de 25 m. Il faut aussi ajouter une chose. La population de la région nous a grandement facilité la tâche », relève M. Hamoudi, chef du projet.