Août 1984, Los angeles (USA), l'emblème national est hissé dans le ciel américain. Mohamed Zaoui, boxeur, originaire de Nedroma, venait d'arracher, haut la main, la médaille d'argent pour l'Algérie. « Le représentant algérien me dit, alors « garde-à-vous ! Je n'avais pas compris ». 24 ans plus tard, Zaoui en reparle. Passionnant, émouvant et… pathétique. On ne va pas refaire l'histoire, mais que gardez-vous de cette date mémorable d'août 1984 ? Vous savez, c'est toujours difficile d'oublier des instants pareils, c'était fabuleux. J'avais pensé à mon pays, à mon père auquel j'avais promis cette médaille. Je me souviens aussi du représentant algérien qui, en me serrant la main, m'avait ordonné de me mettre au garde-à- vous. J'avais beau lui demander, « mais monsieur, je ne comprends pas, il persistait à me donner le même ordre, en me serrant fort, alors que j'étais blessé. J'avais fini par retirer ma main. Quand l'hymne national s'était fait entendre, j'avais tout oublié, ne pensant qu'à mon pays. De retour en Algérie, surtout dans ma région, Zaouiet Yagoubi, près de Nedroma, j'avais été accueilli en héros. Pour ceux qui ne le savent pas, vous êtes parti dans le Nord de la France à l'âge de cinq mois… Exact, mais je rappelle que j'ai toujours la nationalité algérienne, et ce, malgré les sollicitations du pays d'accueil. Et je ne le regrette toujours pas. Cependant (amer), contrairement à ce que pourraient penser certains, cette médaille ne m'avait rien rapporté, si l'on excepte 2 000 DA, je dis bien deux mille dinars sur les 300 000 DA promis. Je n'ai jamais cessé de réclamer mon dû, mais que ce soit à la Fédération ou au Comité olympique algérien, personne ne m'a répondu. Je souhaitais, ensuite, faire partie de l'encadrement de l'équipe nationale ou faire bénéficier les jeunes de mon expérience, aucun espoir à l'horizon. Vous vivez toujours dans le Nord de la France, mais vous retournez souvent au pays, vous avez dit neuf fois cette année ? Vous savez, je n'ai aucun métier précis en France. Malade que je suis, j'exerce de petites tâches pour nourrir ma famille, je n'ai pas le choix. Vous me rappelez que je suis venu neuf fois en Algérie, cette année parce que j'ai un autre problème à régler. A l'époque, on m'avait octroyé un local commercial à Maghnia, il y a un contentieux et j'ai bon espoir de le régler, un moyen de subsistance qui me permettrait de vivre les jours qui me restent. Une dernière chose que je tiens à dire : 24 ans après ma consécration à Los Angeles, je suis toujours bien accueilli par les gens, le petit peuple, et cette reconnaissance m'aide à tenir le coup. Merci à tous.