« Le Sahara, cet océan de pierres et de sable, est une immense légende qu'on ne dissipera pas de sitôt. » Ces mots bien sentis sont de Farida Sellal, présidente de l'association Sauvez l'imzad, qui les a prononcés lors d'une réunion publique à Tamanrasset. Passionnée, elle vient de sortir un livre, Sahara, royaume des silences, chez Casbah édition, un beau livre, qui revient en partie sur cette passion indélébile, celle de la musique locale, l'imzad et celle d'une région, le sud du pays. L'écrivaine a déjà publié en 1991 un livre passionnant et touchant, Farès, réédité chez Casbah édition, où elle fait le récit d'une souffrance rentrée. Le livre, comme l'a-t-on toujours expliqué à sa sortie, est un réquisitoire contre « l'indifférence et l'inhumanité face à une situation désespérée ». « Lorsque la douleur est au plus profond de soi, et qu'il n'y a pas d'alternative, l'écriture reste la seule échappatoire qui permet d'extirper le mal », a-t-on encore expliqué à la lecture de ce récit douloureux d'une mère éplorée mais courageuses qui affronte tout pour son fils. L'indifférence, dont parlent les lecteurs et la narratrice, n'est pas perceptible seulement face à des problèmes plus individuels mais aussi s'agissant du patrimoine de tout un pays et l'imzad en fait grandement partie. Farida Sellal a pris la peine de mettre en place une association, l'une des plus actives au sud du pays pour s'approprier cette part de nous dont on ne peut se défaire sans se faire mal. L'imzad est cet instrument monocorde de la musique des Touareg utilisé exclusivement par des femmes très âgées, trapues, mais dont la sagesse en impose à plus d'un. Il n'en reste pas beaucoup, et les seules qui en sont titulaires, sont très âgées. La transmission entre générations n'est guère aisée, soutient-on. Plusieurs initiatives ont été prises par Mme Sellal à l'instar de la création de timbres concernant l'imzad à Tamanrasset qu'elle voudrait développer en collaboration avec plusieurs institutions. Ingénieur en télécommunications, Farida Sellal a exercé son métier durant plusieurs années au sein de l'administration des postes et télécommunications dans le sud du pays.