En attendant l'intervention des services concernés pour délivrer les habitants de ce cauchemar, les locataires se prennent en charge avec les moyens du bord. La cité des Frères Boukhlil (250 Logements), située dans la commune de Chéraga, a frôlé la catastrophe après les inondations dues aux précipitations importantes enregistrées ces derniers jours. Deux immeubles ont été particulièrement touchés. L'eau a submergé tout le premier étage de ces deux bâtiments. Il en est de même du parking situé dans la partie la plus basse de la cité. Les habitants, encore sous le choc, nettoient pour éviter que les détritus ne bouchent les avaloirs, puisque la météo prévoit de la pluie pour le reste de la semaine. Les membres de l'association de quartier avancent d'autres raisons qui ont failli endeuiller tout un quartier : l'oued Chéraga, qui traverse la cité, a été «détourné» de son cours normal. «La rivière a vu sa largeur se réduire à certains endroits jusqu'à la fermeture du passage des eaux collectées en amont, créant des débordements à l'intérieur de la cité», explique un membre de cette association. Des particuliers n'ont pas hésité, en effet, à construire sur l'oued, obstruant ainsi le cours de la rivière. Toutes les eaux provenant de Dély Ibrahim se déversent dans cet oued qui obstrué déborde à l'intérieur de la cité, puisque le passage naturel est fermé. «Des avaloirs sont tout le temps bouchés par les déchets jetés par le personnel de l'abattoir et par certains riverains, qui n'hésitent pas à se débarrasser de leurs poubelles à ces endroits. A la moindre averse, les eaux de l'oued débordent et se mêlent avec les eaux usées du réseau d'assainissement», explique un locataire en montrant les rats morts rejetés par les eaux. «Les habitants courent un vrai risque sanitaire. Ils vivent avec ces odeurs dès l'arrivée de l'automne», relève-t-on également. L'association du quartier, dans une correspondance adressée à tous les responsables locaux concernés par la gestion de la cité, a tiré la sonnette d'alarme concernant l'absence d'entretien permanent du réseau d'assainissement. «Les travaux d'aménagement qu'a subis la cité n'ont pas pris en compte le risque d'inondation. L'intervention sur le réseau d'assainissement n'a pas suivi les normes professionnelles», accusent les membres de cette association, se référant aux inondations que connaît le quartier pour la troisième fois, depuis 2009, juste après l'achèvement des travaux. En attendant l'intervention des services concernés pour délivrer les habitants de ce «cauchemar», les locataires se prennent en charge avec les moyens du bord. «Nous ne voulons pas baisser les bras et attendre qu'il y ait mort d'homme pour réagir», commente un habitant obligé de s'absenter de son travail pour sécuriser son logement. «Mais où sont les autorités à qui incombe la responsabilité de porter secours à des vies humaines menacées de mort par inondation», lance-t-on désespérément.