-Y aura-t-il bientôt un nouveau produit Hassan Dadi sur le marché ? Effectivement, il y a un nouvel album sur lequel je suis en train de travailler depuis près de deux ans, et c'est la troisième fois que j'efface pour tout reprendre de zéro avec de nouvelles moutures. Je ne suis pas satisfait du produit, car vu mon âge et ma carrière et étant l'un des doyens de la chanson chaouie, je me devais de ne pas faire n'importe quoi et de sortir quelque chose à la hauteur. -Peut-on avoir une idée des chansons incluses dans cet album ? L'album comprend douze chansons, dont l'une en arabe qui s'appelle Dhaouia, en référence à l'Algérie. Il y a deux duos ; l'un, avec la comédienne Asma Djermoune qui chante en chaoui pour la première fois, et l'autre avec un chanteur kabyle, elle s'appelle Netchni d'athmathen (Nous sommes des frères). Dans cette chanson, je voulais rendre hommage à la Kabylie qui m'a beaucoup donné, car c'est là que j'ai fait mes débuts à l'âge de 19 ans en compagnie du groupe Your, et c'est un Kabyle qui nous a facilité l'enregistrement. Donc, je dois quelque chose à tous les frères kabyles qui m'ont aidé et je rends hommage à la Kabylie à l'occasion de cet album. Il y a une autre chanson en arabe qui s'appelle Kheddam rdjal sid'houm, dans laquelle je rends également hommage à tous les travailleurs qui s'occupent de la tâche ingrate de l'assainissement. Le reste, ce sont des chansons chaouies écrites par le grand poète Aïssa Brahimi. Il y a également une chanson en ‘‘chlouh'' de Ouargla. -Quelle est votre appréciation personnelle de ce Festival de la musique et de la chanson amazighes ? Je pense qu'un grand effort a été fait cette année en matière de communication et de couverture médiatique ; cela, en ce qui concerne l'organisation. Pour le reste, je vois qu'il y a beaucoup de valeurs montantes, que ce soit dans la chanson targuie, chaouie, mozabite ou kabyle. Donc, ce festival a pris tout son sens, puisqu'il joue un rôle de sauvegarde du patrimoine musical amazigh algérien. Le festival est une réussite en ce sens, mais il reste perfectible en matière d'organisation. Le festival permet également un contact direct entre artistes de différentes régions. D'ailleurs, à ce titre, j'ai proposé à la télévision, notamment à la Chaîne IV, un projet de fresque musicale du pays amazigh qui devrait s'appeler Balade dans mon pays. C'est une sorte d'opérette avec un «goual» et un chanteur où des artistes racontent leur région du Tassili jusqu'à la Kabylie. -Qu'est-ce que Hassan Dadi pense de la chanson chaouie actuelle ? La chanson chaouie, et ça je l'ai dit l'année passée, tourne dans un cercle fermé. Pourquoi ? Parce que les jeunes générations, celles qui sont venues après nous, font tous la même chose. Ils n'innovent pas. Dans les années 80, nous, le groupe Your, Amnay, Les Berbères, Dihiya, Ali Athmani, Nouari Nezzar et d'autres encore avions chacun son propre cachet, mais toujours dans le cadre de la chanson chaouie. Les jeunes d'aujourd'hui font tous plus ou moins la même chose. Ils prennent des choses du patrimoine et les chantent telles quelles, sans effort et sans aucun esprit novateur. A travers les colonnes du journal El Watan, je lance encore une fois un appel à ces jeunes pour leur demander de faire un effort au niveau des paroles et de la recherche musicale. C'est pour cela que je passe mon temps à enregistrer et à effacer pour peaufiner le produit. -Un dernier mot peut-être ? Je voudrais dire quelque chose d'important pour moi et mon public. Moi, je suis de mère saharienne et de père chaoui. Je ne parle pas le chaoui, mais je le chante et le porte dans mon cœur. J'ai été parmi les premiers militants de la chanson chaouie, et je portais le flambeau quand d'autres avaient encore honte de chanter dans cette langue. Alors, que les mauvaises langues veuillent bien cesser de me dénigrer.