La forêt, ou du moins ce qui reste du parc Ben Omar, appelée familièrement «El Ghaba», est abandonnée depuis des années. Bien que clôturé, l'endroit est fréquenté par des jeunes désœuvrés. Des canettes vides et des bouteilles de bière qui jonchent le sol attestent que la partie basse de la forêt est devenue leur refuge. En revanche, la partie située tout en haut de la pinède leur a échappé, car elle est fréquentée par les mordus de la pétanque. Dans ces hauteurs, la mise a été sauvée.Un modeste boulodrome y a été aménagé. Les personnes d'âges différents y sont conviées pour s'adonner à cœur joie aux interminables parties du jeu de boules et créer une sacrée ambiance. De temps à autre, on applaudit les prouesses des tireurs et des pointeurs. «Bien que cet espace soit considéré comme l'un des rares endroits boisés de la commune, les services relevant de la Conservation des forêts, ainsi que les autorités locales n'ont pas entrepris d'une manière sérieuse un aménagement qui puisse répondre aux attentes des habitants de Ben Omar. On aurait pu réserver une aire aux enfants en y installant des balançoires et des escarpolettes. Attirés par les jeux, des myriades de bambins accompagnés de leurs parents vont certainement occuper les lieux et les arracher à la mauvaise fréquentation», a suggéré B. Khaled, un ingénieur en travaux publics connaissant parfaitement la commune. Des informations recueillies au siège même de l'APC dévoilent bien des intentions de plusieurs élus relevant des assemblées précédentes. S'inscrivant dans une logique lucrative, ils étaient favorables à l'implantation de kiosques à plusieurs endroits de la forêt. «Poussés par une certaine légitimité, certains élus ne pensaient qu'à se servir. Nourris de convoitises, ils ne se préoccupaient pas à sauvegarder ce qui reste du patrimoine forestier, mais à posséder plus de biens», apprend-on. Au bonheur des riverains, les propositions visant l'installation des kiosques dans le périmètre forestier n'ont pas été retenues ni par les services de la Conservation des forêts ni par les autorités locales. Consulté à ce sujet, Karim Z., un ancien cadre de l'APC qui est aussi spécialiste en aménagement du territoire, a accepté de fournir quelques éclaircissements. «L'idée d'intégrer des échoppes à ce périmètre ne fait qu'accélérer la destruction des espèces végétales et par delà, la disparition de la pinède. En conséquence, l'espace tout entier sera certainement envahi par le commerce informel. Or, pour préserver cette étendue que je considère comme les poumons de la commune, il serait judicieux de procéder dans les meilleurs délais au lancement d'un reboisement favorisant à coup sûr la régénérescence de la forêt», a-t-il observé. Notre interlocuteur a cependant insisté sur l'élaboration d'un véritable plan d'aménagement dont la finalité est d'édifier un parc urbain incluant un jardin botanique. Des agents ont été dépêchés dernièrement pour procéder au nettoyage. D'une manière timide, un aménagement y a été engagé pour améliorer l'éclairage.«Cela reste insuffisant. Cette aire, où s'élèvent encore des pins centenaires, mérite plus d'attention de la part des autorités locales. Avec un peu de bonne volonté, elle pourra devenir le point de chute de la majorité des habitants de la localité», a conclu le même interlocuteur.