Le Front des forces socialistes (FFS) a élu hier, au troisième et dernier jour des travaux de son 5e congrès, sa nouvelle direction. Le plus vieux parti de l'opposition est désormais sous la direction d'une instance présidentielle composée de cinq membres que sont Mohand Amokrane Cherifi, Ali Laskri, Rachid Halet, Aziz Baloul et Saïda Ichalamen. Les 1044 congressistes du parti ont élu à la majorité écrasante, dans un vote à main levée, l'unique liste proposée à la candidature pour la constitution de l'instance présidentielle et comportant les noms cités. La veille, les nouveaux statuts du parti adoptés après un débat, qualifié de «dur» par les congressistes, ouvraient l'opportunité aux délégués présents de proposer des listes fermées de cinq membres chacune, mais tous se sont accordés à ne soutenir qu'une seule. Placé sous le slogan «Pour la reconstruction d'un consensus national», le 5e congrès du FFS, disent les congressistes, a «donné tout son sens à ce slogan en optant pour une liste rassembleuse». Consensus a été donc trouvé autour des cinq nouveaux dirigeants du parti. «C'est un consensus fort parce qu'il est survenu après un débat très sérieux, passionné et dur même au niveau des ateliers. Mais je crois que quand on met tout sur la table de façon claire, en n'évitant aucun sujet, même ceux qui fâchent, c'est ça le principal. C'est un consensus qui est né de la confrontation et du conflit, mais un conflit pacifique qui cherche la meilleure solution», estime Rachid Halet, membre de l'instance présidentielle. Notre interlocuteur soutient qu'à travers cette élection, «les 1044 délégués nous ont délivré le message que ce parti appartient à ses militants et à tous ceux qui l'aiment et non pas à une caste, quelle qu'elle soit, fut-elle celle des dirigeants du FFS. Le deuxième message qu'ils nous livrent, c'est une forte volonté de changement. Autant nos invités que les congressistes ont tous adhéré à l'objectif d'une reconstruction d'un consensus national». Aziz Baloul, anciennement président du comité de recours au sein du FFS et actuel membre dirigeant du parti, souligne lui aussi le consensus qu'a suscité la liste proposée au vote : «J'espère qu'on sera à la hauteur de la confiance des militants parce qu'il est difficile de remplacer Hocine Aït Ahmed. Nous nous traçons comme but, à travers cette direction collégiale, de nous épauler les uns les autres afin de faire avancer le parti. Mais il faut savoir qu'il ne s'agit là que d'une phase de transition, j'espère que le parti va évoluer vers l'émergence d'une personnalité charismatique qui puisse prendre la direction.» Aziz Baloul tient par ailleurs à préciser que «la ligne politique du FFS n'a jamais été déviée. Il n'y a pas de problème de ligne politique, il y a des problèmes d'ambitions, d'hommes, ce qui est tout à fait normal. Et j'espère que maintenant les gens ont compris que l'intérêt du parti passe avant tout. Notre objectif est que le parti s'élargisse sur le maximum du territoire national et aille dans une démarche de conquête du pouvoir. Nous devons être un parti d'opposition offensif». Ali Laskri a noté pour sa part que «quelles que soient les divergences par rapport à la forme de direction, ce qui compte c'est que la démocratie l'emporte. Les camarades congressistes ont fait leur choix dans la transparence la plus totale». Et l'ancien premier secrétaire d'ajouter que le travail au sein de l'instance présidentielle se fera dans la cohésion, la transparence et la stabilité : «La direction collégiale des cinq historiques a donné plus de force à la révolution, et c'est cet esprit de collégialité qui va présider à notre tâche pour renforcer davantage le FFS. Il est déjà renforcé par la présence de délégués de plus de 40 wilayas, c'est très important pour nous.» Ahmed Djeddaï qui, dans un premier temps, avait affiché son intention de se présenter, s'est finalement rétracté : «Nous avons trouvé une liste consensuelle, pourquoi donc se présenter ? Ce qui compte, c'est l'intérêt du parti et nous avons trouvé un consensus sur les personnes qui composent l'instance présidentielle.» Et d'affirmer qu'il n'y a pas de fracture au sein du FFS ni de déviation de la ligne politique. «Notre parti est toujours un parti opposant au pouvoir et il le restera tant qu'il n'y a pas de volonté politique pour une réelle ouverture démocratique», précise encore Djeddaï. A l'heure où nous mettons sous presse, les travaux du 5e congrès se poursuivent autour d'une autre élection importante, celle de la composante du nouveau conseil national (CN). Les congressistes éliront les 159 membres du CN, parmi lesquels l'instance présidentielle choisira le futur premier secrétaire du FFS. Le nom de ce dernier sera connu dans les prochains jours.