La concurrence malhonnête fait rage à la place du 1er Mai. Les transporteurs privés en charge des liaisons vers Birkhadem et Ben Aknoun, pour ne citer que ceux-là, foulent « au pied des quais » les règles de bienséance. Ces transporteurs ne se suffisent plus du taux de remplissage effectué dans la plupart des cas au-dessus de la moyenne en charge au niveau de la station de Aïssat Idir, qui leur est affectée. Ils poussent maintenant l'effronterie jusqu'à marquer une seconde fois un arrêt qui dure plus de vingt minutes à proximité de la station urbaine El Mokrani, réservée pourtant exclusivement à l'Etusa. « Le personnel au sol » de l'Etusa est soumis, désarmé, à cette rivalité déloyale. « L'arrêt est fictif. Il est créé de toutes pièces par les transporteurs privés par la force de l'habitude. Ils prennent la poudre d'escampette dès qu'une patrouille de police montre le nez. En plus, ils s'arrêtent hors de l'enceinte de la station. Le moindre reproche est souvent sujet à bagarre », nous confie un contrôleur. En effet, ces transporteurs privés redoublent de malice et jouent à longueur de journée au jeu harassant du chat et de la souris avec les forces de l'ordre. Ils viennent empiéter ainsi sur les plates-bandes du transporteur historique pour lui couper littéralement l'herbe sous le pied. « Si certains usagers se laissent prendre au jeu, d'autres en revanche, notamment nos clients habitués sur nos lignes, continuent de nous faire confiance et font la sourde oreille aux receveurs qui excellent dans la criée », ajoute cet employé. A côté de ces démonstrations de force, certains automobilistes, dont le plus souvent des chauffeurs de taxi, échappent à la vigilance des contrôleurs et foncent à toute allure dans les allées de la station afin de rallier l'avenue Mohamed Belouizdad. « Ces pratiques inconvenantes s'effectuent au mépris de l'interdit et de la sécurité des usagers », nous confie notre interlocuteur. Les signaux de fréquentation des bus ciel et blanc sont au vert et la notion de service public reprend peu à peu des couleurs. La raison est toute simple, a-t-on appris de ce passager : « Le parc de l'Etusa flambant neuf offre toutes les conditions de sécurité et de confort aux voyageurs longtemps sevrés de ces deux qualités par les transporteurs privés. » Ce n'est pas trop tôt, même s'il subsiste quelques imperfections et dont la plus importante réside essentiellement dans l'amélioration de la carte horaire. Le citoyen, longtemps malmené dans les bus privés, poussifs et repoussants de saleté, est séduit par les prestations de service de l'Etusa. Seulement le terminus, œuvre de l'organisme Egctu, révèle en revanche un manque criant en bancs publics et de lieux d'aisances. L'épuisement se fait sentir dans la posture debout et la clientèle n'a pas d'autre choix que de s'asseoir sur une publication à même le trottoir. L'aménagement d'une station de transport urbain doit répondre au préalable à des conditions contenues dans un cahier des charges. L'avis de l'opérateur de transport public est requis, afin de pallier ce déficit et d'offrir par la même occasion toutes les commodités nécessaires à une station digne du statut de la capitale.