Les privatisations sont menées selon les caractéristiques de chaque pays. Aucune économie au monde ne peut servir de modèle à un autre pays en matière de privatisation. Tel était le principe que le professeur Camille Sari n'a pas cessé de défendre lors d'une conférence qu'il a animée jeudi dernier à l'institut de management INSIM de Tizi Ouzou sur le thème de « Privatisations : quelques expériences mondiales ». Pour ce qui est du cas de l'Algérie, cet enseignant à la prestigieuse université de la Sorbonne regrette que le processus des privatisations manque de clarté. « Jusqu'à aujourd'hui, le nombre des entreprises privatisables n'est pas connu. Les uns avancent le chiffre de 600 entités, tandis que les autres parlent de près de 10 000. » Il est clair donc, selon le conférencier, que les premiers dénombrent uniquement les entreprises mères alors que les seconds comptabilisent toutes les filiales de chaque entreprise. En revanche, se demande-t-il, si, en Algérie, " c'est l'entreprise mère qui sera privatisée intégralement ou chaque filiale sera traitée à part entière ? ", avant de suggérer la cession de toutes les activités connexes et les filiales dont le travail n'est pas à plein-temps, et ce, en misant sur la sous-traitance pour ce qui est du cas des grandes entreprises industrielles issues de la politique de " l'industrie industrialisante ". M. Sari estime également que le secteur privé économique accuse de retard en se référant aux statistiques de 2005 qui font état de 245 842 petites et moyennes entreprises (PME) privées et 874 publiques. Pour les pays de l'Europe de l'est, le passage vers l'économie libérale n'a pas été un pari gagnant pour tous , de l'avis de ce consultant international. En effet, " seule la Hongrie a réussi sa transition ", estime-t-il. " Lorsque le passage vers l'économie de marché a été décidé, la Hongrie a entrepris de céder carrément ces entreprises publiques à des opérateurs étrangers sachant que le privé national n'en a pas les capitaux nécessaires. Cette démarche a permis une affluence massive d'investissements étrangers vers le pays, au point que près de 50% des IDE en Europe de l'est prennent la direction de la Hongrie ". Ceci au moment où les expériences russe, polonaise ou roumaine sont loin d'être une réussite aux yeux du professeur. En Russie, " le processus des privatisations a profité plutôt à une minorité qui s'est enrichi avec de l'argent sale, tel le richissime Abrahamovitch qui détient aujourd'hui l'une des plus grosses fortunes de ce monde ", dira-t-il. En fait, " l'ouverture du capital des entreprises publiques en distribuant des actions aux salariés, prônée par la Russie a permis aux détenteurs de l'argent de la corruption de racheter massivement les actions des simples ouvriers. Cette démarche a eu des effets désastreux sur l'économie nationale : quelque 30 millions de Russes vivent au dessous du seuil de la pauvreté, la monnaie locale a subi une chute brutale au point que le pays a été en cessation de paiement en 1997 ". Le cas de la Pologne, lui aussi, est présenté sous le prisme de l'échec. Pour le conférencier " la thérapie de choc, visant la généralisation des privatisations en un temps record, adoptée par le syndicaliste Lech Walesa à son arrivée au pouvoir en 1990 a eu des conséquences dramatiques sur l'économie du pays, car, la vente des entreprises publiques au privé national n'a pas permis de renflouer les caisses de l'Etat ". Loin de l'Europe, pour le professeur, la Chine reste le seul pays qui a mené à bien sa marche vers l'ouverture sur l'économie mondiale, du fait que l'économie chinoise, basée sur des facilitations aux étrangers et l'absence totale des mesures protectionnistes, a attiré des IDE vers le pays.