La restauration du palais du dey Hassan Pacha (XVIIIe siècle), connu autrefois par l'appellation « Dar Hassan Pacha », est en cours. Elle est confiée par la wilaya à l'entreprise Ecotra. L'assistance et le suivi technique des travaux sont assurés par le bureau d'études « Andassa ouel bina ». En arrivant à la place Ben Badis (Basse-Casbah), on peut accéder à cette magnifique résidence attenant à la mosquée Ketchaoua, par une entrée aménagée après la prise d'Alger. La façade du palais a subi, en 1839, des transformations réalisées par le génie. « Au début de la colonisation, Dar Hassan Pacha fut appelée « Palais d'hiver » et devint la résidence des gouverneurs. Ceux-ci y accédaient par la nouvelle entrée. L'ancienne est située dans la rue de Soudan (actuellement rue Cheikh El Qanaï, ndlr). Sa porte est encore ornée d'un encadrement de pierres », a précisé M. Benmeddour, chercheur en patrimoine. L'autre façade, située à ce niveau, a connu aussi des modifications. Des fenêtres ogivales et un portail à colonnes de marbre jaspe y furent aménagés. La somptueuse résidence est composée de trois niveaux surélevés par un menzah ( une terrasse). Le vaste patio est surplombé par une verrière permettant à la lumière du jour d'assurer un excellent éclairage. Les murs sont encore recouverts de plaques de faïence évoquant des paysages hollandais car ils provenaient de la ville de Delft. D'autres carreaux sont d'origine italienne. Cet espace où s'affairent des ouvriers et des artisans qui exécutent minutieusement les tâches recommandées, est en plein chantier. Des tas d'agrégats ainsi que d'autres matériaux y sont déposés. Les colonnes, qui sont revêtues d'une couche de plâtre, sont en cours de reconstitution. Pour atteindre le second niveau entouré d'une merveilleuse balustrade en boiserie ajourée, il faut emprunter un escalier. Tout autour, se disposent des pièces. « L'étage supérieur qui abrite une grande salle vitrée est réservé au dey. Il y accueillait ses hôtes distinctifs. Les murs sont en émail de Delft, d'Italie et de Tunisie qui datent du XVIe siècle. Cela prouve que les carreaux provenaient d'autres palais. Mais le Diwan (conseil) se tenait dans le palais de la Djenina, aujourd'hui disparu », a expliqué encore le chercheur. L'intérieur est enrichi de boiserie. Les plafonds sont garnis de caissons sculptés. « On peut remarquer des transformations qui furent introduites dans ce salon après la prise d'Alger. Ce sont des motifs identiques à ceux qui ornent le palais de Versailles, car Dar Hassan Pacha a abrité les gouverneurs généraux. Napoléon III fut l'hôte de ce palais en 1860 et 1865. D'autres personnalités invitées à assister à l'inauguration de la statue érigée en l'honneur du duc d'Orléans, y furent accueillies », a indiqué M. Benmeddour. Les membres de l'équipe de restaurateurs lyonnais accompagnés par M. Bechari, président de l'Association des propriétaires des immeubles de la Casbah (Apic), ont été charmés aussi bien par les précisions de M. Benmeddour que par la splendeur du palais. Abordé à l'occasion, M. Emond, restaurateur en peinture murale, n'a pas hésité à nous confier : « Notre équipe est émerveillée par la qualité du patrimoine et aussi par la richesse historique. »