Prétendre contracter un mariage à Tlemcen, sans penser étoffer la dot de l'épouse du caftan purement local, pourrait être considéré comme une offense quasiment irréparable à la tradition ancestrale. En plus de la blouza (robe) toute aussi précieuse, cet habit traditionnel, qui vaut son pesant d'or, est indispensable pour le « défilé » de la mariée. Un instant toujours immortalisé et amplement commenté sous les sons mélodieux du haouzi, un genre musical incontournable dans la cité des Zianides. La nuit des noces, l'heureuse élue porte à la limite de l'ostentation festive cet apparat, obligatoirement auréolé généralement de deux jbines (couronne), de trois zerouf (sorte de perles), une kchéchia, el khorssa (espèce de boucles d'oreilles qui « tombent » des tempes) et la panoplie de djouher, une meskia et une fouta en mensoudj. Une véritable chedda qui revient entre 60 000 et 70 000 DA. Une fortune pour les bourses moyennes qui, tradition oblige, sont tenues d'acquérir ou - depuis quelque temps - de louer. Même si les familles, par pudeur, s'abstiennent de trop polémiquer. « Le caftan n'est pas obligatoirement acheté par le marié, c'est selon les convenances mais, on ne peut pas s'en passer », précise Chaouch Ramdane, cadre dans une entreprise touristique. « Il est aussi porté par les fillettes, lors des fêtes religieuses », renchérit-il. Et comme les fleurs ont des épines, le caftan et tous les « accessoires » de valeur (en plus de son coût)... sont lourds à porter. Selon une dame, la finalité est que « ce poids est en fait un souhait : tant que l'habit est lourd, la mariée vivra aussi longtemps que possible dans son foyer. A l'instar du karakou et du ksentinia, le caftan est une référence dans notre cité et quel que soit son prix, on s'assujettit à la tradition », conclut notre interlocuteur.