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Georges El Haddad (Directeur général de Hamma Water Dessalination)
"L'eau d'El Hamma être classifiée comme eau minérale"
Publié dans El Watan le 23 - 02 - 2008

Dans cet entretien, le directeur général de Hamma Water Dessalination (HWD), Georges El Haddad, estime que l'eau de la baie d'Alger est une eau propre et très pure. Et pour lui, l'eau qui est dessalée dans cette usine peut être classifiée comme eau minérale. Georges El Haddad écarte tout danger sur l'écosystème marin de la baie d'Alger en raison du rejet des effluents liquides en mer.
Pourriez-vous tout d'abord nous résumer ce système de dessalement ?
On effectue à l'aide de tuyaux une prise d'eau de mer à 550 m au large. L'eau est tirée de cet endroit à une profondeur de 10 m par gravité. Elle est par la suite pompée à l'aide de quatre pompes (une reste en stand-by) dans le premier système de filtration. Ce système permet de retenir les matériaux en suspension et tous les déchets avant que l'eau se dirige vers un deuxième bâtiment de filtrage constitué de sable et de gravier. L'eau est ensuite pompée à haute pression vers un troisième système de filtrage ultraphase (la microfiltration). L'eau devient à ce niveau propre et pure. Puis elle arrive dans le bâtiment d'osmose inverse qui comprend neuf trains de dessalement (un train reste en stand-by). Chaque train peut produire jusqu'à 25 000 m3 d'eau dessalée pour une capacité maximale de l'usine de 225 000 m3. Mais l'usine, selon le contrat, doit produire 200 000 m3, les 25 000 m3 restants sont pour garantir la capacité. L'osmose inverse consiste à faire ressortir le sel de l'eau à une pression de 60 bars. On sépare les minéraux des petites particules de molécules de sel. Quand l'eau salée traverse une membrane très fine, le sel est retenu. On a 37 000 mg/l de sel dans l'eau de mer, elle sort à 200 mg/l. C'est le seuil de l'eau potable qui est acceptable partout dans le monde. La membrane peut retenir jusqu'à 99,99% de sel de l'eau de mer. Après l'osmose inverse, l'eau se dirige vers le post-traitement. En résumé, on a le prétraitement, le traitement lui-même et le post-traitement. Pour ce qui est de ce dernier procédé, il s'agit de rajouter des minéraux à l'eau pour qu'elle devienne potable. A noter qu'il y a plusieurs systèmes qui permettent de rendre la qualité de l'eau de niveau mondial, selon les normes de l'OMS. Cela sans omettre de signaler que Sonatrach et l'ADE ont exigé leur seuil dans le contrat. L'eau est ensuite refoulée vers des réservoirs de production de 5 000 m3 d'où elle est refoulée dans le système externe de l'ADE. De là, trois pompes (une reste en stand-by) permettent d'évacuer vers les bassins de l'ADE qui se trouvent à Harcha, Kouba et Garidi. Il convient de préciser qu'on aspire 500 000 m3 d'eau de mer et on fait le dessalement de 200 000 m3, le reste est rejeté dans la mer.
Justement, n'y a-t-il pas danger sur l'écosystème marin en rejetant cette eau ? A-t-on prévu un prétraitement avant le rejet des effluents liquides en mer ?
Cette question est très importante. Ce n'est pas une question de prétraitement. On dispose d'un bassin de neutralisation où l'on s'assure que l'eau a un pH acceptable avant de l'envoyer dans le bassin de rejet. Deuxièmement, il y a un décret qui dit qu'il y a des limites pour les effluents. Ces limites sont un seuil pour les rejets qu'il ne faut pas dépasser. A ce titre, on fait des prélèvements tout le temps pour s'assurer que le rejet respecte toujours la loi. De toute façon, le ministre de l'Environnement fait des visites surprises pour s'assurer que ces limites sont respectées. Il faut préciser qu'une étude d'impact a été effectuée avant le démarrage du projet en 2004. Cette étude a assuré qu'il n'y a pas de danger sur l'environnement. Sinon, ce projet n'aurait jamais été réalisé. Les investisseurs et surtout les prêteurs, à hauteur de 75%, qui ont financé le projet, n'auraient pas injecté de l'argent. Si l'étude de l'impact n'a pas été concluante, ils n'auraient pas financé le projet. Cette étude a été faite et elle a donné de bons résultats. Je peux vous assurer qu'il n'y aura pas d'impact sur l'environnement, que ce soit sur la faune ou sur la flore.
Pourtant, certains n'écartent pas l'idée que l'usine pourrait subir des arrêts en raison, notamment, de la qualité de l'eau captée qui est, selon eux, très polluée…
Je tiens à rassurer le peuple algérien et les Algérois en particulier que l'eau de la baie d'Alger est très pure et très propre. Malgré les rumeurs qui disent qu'en raison du port d'Alger l'eau est très polluée, la qualité de l'eau qu'on reçoit à l'intérieur de l'usine est pure et propre. Car, l'eau est prise à 550 m au large à une profondeur de 10 m, donc à ce niveau elle est propre. L'eau qu'on capte pour le dessalement est loin d'être polluée sauf s'il y a une tempête. Le concept pour lequel nous avons opté, notamment le système de filtrage, peut assurer, même pendant les hautes tempêtes, le dessalement, et grâce au système de prétraitement, l'eau peut être purifiée, comme en période d'été.
Des scientifiques estiment que le prix de revient de l'eau dessalée serait relativement élevé en raison, notamment, de l'usage de beaucoup de réactifs chimiques dans ce procédé. Quel est votre avis ?
Non, ce ne sont pas les réactifs chimiques qui influent sur le prix, car ces derniers ne représentent que 10% du coût de l'eau, mais plutôt l'électricité qui coûte 30% à 35% du prix de l'eau et la structure financière du projet qui joue aussi son rôle. Comme c'est un projet BOO, (construire, maintenir et opérer l'usine), c'est l'investisseur qui prend les risques. L'Etat ne prend aucun risque dans ce genre de projet. C'est seulement l'investisseur qui subit tous les risques, et à la fin du contrat, qui est de 25 ans, je croix que le gouvernement le prolongera, car la technologie de dessalement va encore progresser. Plus la technologie progresse plus le coût de l'énergie sera réduit, car l'entreprise utilisera la récupération de l'énergie dans le système. C'est le système qui est utilisé pour l'usine d'El Hamma, qui s'appelle l'échangeur d'énergie, qui récupère dans le cas de cette usine les 59 bars de l'eau refoulée pour réduire l'énergie.
Quelle garantie donneriez-vous à la population d'Alger pour ce qui est de la pureté de cette eau ?
Je peux vous garantir que cette eau peut être classifiée comme eau minérale. Car quand l'eau passe par l'osmose inverse, c'est une eau pure, qui manque de minéraux et avec le post-traitement qu'on lui effectue elle redevient, suivant les normes internationales, de l'eau potable. Les règles, les normes, la qualité et les caractéristiques de l'eau sont respectées et je ne vois pas comment ne pas la qualifier d'eau minérale.


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