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Sur les traces de Karim Benzema
Notre reporter s'est rendu dans son village d'origine à Béjaïa
Publié dans El Watan le 13 - 05 - 2008

La notoriété, pour Karim Benzema, 20 ans, s'amorcera à partir de 2004 lorsqu'il débutera sa carrière professionnelle avec l'équipe A de Lyon.Il est le nouvel espoir du football français, le meilleur buteur du championnat de Ligue 1, il en est l'un des joueurs les mieux payés, troisième meilleur joueur français de 2007, choyé par les plus grands clubs européens, il fait les beaux jours de son club lyonnais et en promet d'autres aux Tricolores.
Les spécialistes et autres observateurs du ballon rond voient dans son jeu une technicité et des balles qui révèlent une future star qui s'imposera vite dans le firmament du monde footballistique. Dans ses pieds, il y a quelque chose de Zidane, mais entre lui et Zizou, plus qu'un point commun. Tous les deux sont issus de l'immigration, ont les mêmes origines algériennes, et de pères kabyles qui ont quitté, belle coïncidence, la même région de Béjaïa. A peine un rayon d'une cinquantaine de kilomètres. Tighzert, un petit village des Ath Jlil, en basse Kabylie, 70 km au sud-est de Béjaïa, nous sommes sur les traces de Karim Benzema. Le chemin monte en lacets jusqu'à Aghbala, le plus grand village de la commune de Beni Djellil. Le premier d'une quinzaine de villages et hameaux qui forment le arch des Ath Jlil et accrochés à un décor de montagnes de moyenne altitude et de relief accidenté. Depuis la bifurcation du village socialiste, à Timezrit, 20 km, ce sont de vastes étendues de terres agricoles qui s'offrent à la vue, gardant dans le langage populaire leur référence colonialiste avec les noms des colons qui s'y rattachent, avant de s'estomper à mesure que le véhicule qui nous emmène avance sur le chemin cahoteux et montant vers Iznayene, les habitants de Semaoune, une commune de quelque huit villages qui a jeté et entretenu un vieux pont vers l'immigration. La misère a fait exporter vers la France beaucoup de chefs de famille en quête de survie pendant et après l'occupation française. Les premiers départs ont servi d'ouverture de voie à des grappes de villageois qui ont suivi pour s'extirper de l'indigence. Ici, comme dans beaucoup de villages kabyles, l'été est synonyme des grandes retrouvailles quand les immigrés reviennent se retremper dans la vie villageoise. L'été venu, le « 93 », le matricule de l'Aubervilliers dans le Seine-Saint-Denis, bouscule le « 06 » local. A Tighzert, c'est le « 69 » de Lyon, sinon le « 42 » de Saint-Etienne qui s'y invite le plus. Depuis la commune de Semaoune, c'est un chemin, classé au rang wilayal et oublié des derniers programmes de bitumage, qui y mène en prenant le virage sud d'Aghbala, là où un branchement invite à une autre destination vers M'cisna, Ath Skher et Tizi n'Djber. Quelques virages et pentes descendantes plus tard, nous sommes dans le village des Benzema, l'une des six grandes familles qui forment Tighzert. Le village a trouvé place sur l'une de ces rares étendues plates de cette contrée, posé au pied d'une montagne et longé par un ravin qui lui donne son nom. Le village est comme jalousement serti dans le creux d'un trio de montagnes que forment Assamer, Hidja et Atmos, qui lui laissent une fenêtre naturelle ouvrant sur la chaîne des Babors. Nous avons rendez-vous avec Karim Benzema et nous le trouvons dans sa boutique d'alimentation générale.
A Tighzert, on vibre à chacun de ses exploits
Nous ne sommes pas bien sûr à Lyon mais bien sur les hauteurs des Ath Jlil. Autant rassurer les férus du buteur de l'Olympique lyonnais (OL), le joueur n'a pas troqué ses crampons contre une échoppe. Karim Benzema est l'un des cousins du Karim Benzema, le joueur. Il préside l'association du village. Comme lui, ils sont quatre autres homonymes de l'international des Bleus. Tous des cousins que la renommée du joueur a gratifiés d'un reliquat de « popularité ». Karim Benzema, le villageois, le vérifie à chaque stationnement de son fourgon sur lequel est mentionné son nom. « Ces dernières années, là où je m'arrête, mon nom attire la curiosité des gens qui s'approchent de moi », témoigne-t-il. A Lyon, c'est forcément plus que cela, on est en plein sillage du succès du footballeur et on en récolte inévitablement quelques avantages. Fût-ce une petite largesse, une contravention excusée. C'est ce qu'a connu ce cousin germain que le patronyme a sauvé d'un PV de police. Lyon doit au moins cela aux Benzema. La notoriété, pour Karim Benzema, 20 ans, s'amorcera à partir de 2004 lorsqu'il débutera sa carrière professionnelle avec l'équipe A de Lyon. 2005, premier match officiel européen, premier but. 2006, la veille de son 19e anniversaire, il est dans la sélection française. Mars 2007, et là encore, à première rencontre premier but. Le vent en poupe, son premier triplé viendra un semestre plus tard et suivent alors les doublés et les belles performances pour celui qui monte en puissance pour faire irruption dans la cour des grands. A Tighzert, on vibre à chacun de ses exploits. Sa dernière blessure au genou gauche, on l'a bien ressentie. Le tacle a fait mal au village, à mille lieues du stade strasbourgeois. « Apparemment, ce n'est pas méchant », explique Karim Benzema, qui a baissé rideau le temps d'une virée au café du village, l'Algeria.
Zidane, Nasri, Ziani,…tous d'ici
Un espace de rencontre qui a son pesant d'or dans un village qui ne connaît rien des avantages des infrastructures de jeunes, parce qu'il n'en a pas, ni de l'utilité des grosses réserves de change qui débordent des caisses de l'Etat. La commune est orpheline d'un stade comme d'un centre culturel. Ici, où la vie communautaire est basée sur la solidarité, l'entraide et le volontariat, tiwizi, on se prend volontiers en charge, ce sont les villageois qui ont aménagé un terrain de fortune à la force de leurs poignets pour pouvoir user de leur seul moyen de distraction : le foot. Le projet de l'Assemblée populaire communale de Beni Djellil de réaliser un terrain de proximité les contrarie parce que le site ne les agrée pas. C'est à Milkat, l'un des plus hauts, sinon le plus haut village de la commune, qui a hérité d'un nom inspiré de son altitude de 1004 mètres. Sinon, c'est dans l'Algeria que les jeunes du village se rencontrent pour suivre les matchs de Karim Benzema. A défaut, il y a le domicile de cet enseignant où l'on se donne rendez-vous pour 90 minutes de bonheur. « Tous ces jeunes soutiennent Karim parce qu'il est de leur famille, ça c'est clair, mais ce n'est pas tout, parce qu'ils aiment aussi son jeu. Il joue bien et ça c'est tout le monde qui le sait », explique Khoudhir, l'enseignant. « C'est un enfant du village qu'ils voient à travers lui », ajoute-t-il. Pourtant l'attaquant des Tricolores, de père kabyle et de mère oranaise, est né à Lyon. Son grand-père, Da Lakehal Benzema, a quitté le village à destination de Lyon vers 1958 avec ses enfants dont le père de Karim, Hafid, alors âgé de 7 ans. Hafid Benzema ne retournera à Tighzert qu'une seule fois, dix ans après son exil de l'après-indépendance. Son fils ne connaît pas le village natal de son père. Il n'a jamais mis les pieds, témoignent les jeunes villageois que nous avons rencontrés. Entre le pays et la famille de Lyon, Da Lakehal, le grand-père septuagénaire, joue un peu le trait d'union. Ces photos accrochées dans le café du village, c'est lui qui les a apportées dans ses bagages. « Il en a offert à tous ceux qui en avaient demandé », témoigne Rabie, le cafetier. L'une d'elles montre Karim parmi l'équipe de France de moins de 17 ans, championne d'Europe, et l'autre une photo portant l'autographe du joueur. Un autographe signé comme un gage d'attachement du joueur lyonnais au pays natal de son père, aujourd'hui âgé de 47 ans, et de son grand-père paternel qui vient deux fois par an au village. Samedi 26 avril, lors de notre déplacement à Tighzert, nous l'avons raté d'une journée. Il a repris l'avion pour Lyon. « Je peux vous dire que son grand-père est connu pour être un grand marcheur. Il prend le bus jusqu'à la rentrée de Timezrit (20 km) et revient à pied. Lors de la neige de 2003, qui avait bloqué les routes, arrivé de France, il a dû continuer son chemin à pied depuis Semaoune », raconte Rabie qui pense que Karim Benzema à de qui tenir. Karim Benzema en été à Tighzert. Nous leur faisons part de cette rumeur. « Karim ? Non, ils ne le libéreront pas ! », s'étonne un jeune villageois attablé dans le café. « Il a un agenda plein, même ses cousins n'arrivent pas à le rencontrer », explique Khoudir, qui raconte l'anecdote d'un étudiant parti d'ici et qui a fini par intégrer le service de vigilance du stade de Gerland. « Il était là-bas lors du dernier match et n'a pas pu l'approcher. Il connaît tout de Karim, mais Karim ne connaît rien de lui. » « C'est peut-être l'image de l'insécurité qui le dissuade de venir », suppose Karim Benzema, de l'association du village. A Tighzert, il ne reste à ce jour que quelque 54 familles, selon un vieux villageois. « Il y a plus de 150 familles à Lyon entre Zema, Benzemma et Benzema. Il n'en reste que 15% ici au village, tous sont partis dans les années 1960 », affirme Khoudir. Selon lui, beaucoup parmi les Benzema ont trouvé place dans des clubs de foot à Lyon. « Les progrès et le parcours de Karim ont encouragé les autres à aller de l'avant », estime notre interlocuteur qui revient à considérer : « Enfin, c'est une question de moyens, avec quatre stades là-bas tu as l'embarras du choix. » Aujourd'hui, Karim Benzema, à en croire la presse française, est en passe de devenir le joueur le mieux payé du championnat français. Une valeur sûre que ce génie lyonnais qui a fait trembler le plus de fois les filets français (19 buts) et qui a commencé à secouer ceux de l'Europe au bonheur de l'équipe de Raymond Domenech, le sélectionneur français. Et tant pis pour notre onze national. On a bien perdu Zinedine Zidane et Samir Nasri, et tant mieux si on a « récupéré » Karim Ziani « l'Aokasien ». Un beau monde qui tire ses origines de Béjaïa.
« S'il veut venir dans son pays, il est le bienvenu »
« Si tu passes par Tala Moumène, Feraoune, Barbacha, tu aboutiras à Boukhelifa », explique Zoubir, le chauffeur de taxi. A vol d'oiseau, Aguemoune, le village d'origine des parents de Zidane, dans la commune de Boukhelifa, est à quelques battements d'aile de Tighzert. En décembre 2006, il a été noyé sous les grandes foules venues accueillir en héros Zinedine Zidane. Aguemoune a été ivre de bonheur. Le village de Nasri, l'autre talentueux franco-algérien de l'équipe de France, n'est pas très loin de celui de Benzema, son complice dans l'équipe de France, c'est derrière la montagne. « Il est de Barbacha », croient savoir des villageois d'Ath Jlil. Aguemoune, Tighzert, Aokas, Barbacha, la région compte bien des noms de footballeurs qui ont profité à d'autres. A Tighzert, on a une idée sur le « refus » de Karim Benzema d'évoluer sous les couleurs nationales algériennes. Khoudir a justement sa propre explication des faits : « A cette époque-là il était en convalescence, car blessé et il n'avait pas la tête à cela pour pouvoir leur donner une réponse dans les brefs délais. On ne lui a pas laissé le temps de décider. » « Il a dit qu'il jouera là où il a été élevé. Je crois que c'est Zidane qui l'a proposé à l'équipe de France », croit Abdelkader, un fan, à jour de l'actualité du joueur. Contacté par Jean-Michel Cavalli, alors sélectionneur de l'EN, Karim Benzema avait fait son choix pour le onze français pour des considérations, avait-il expliqué dans la presse de l'Hexagone, de continuité dans une équipe de France avec laquelle il a déjà été consacré champion d'Europe des moins de 17 ans. C'est presque les mêmes considérations qui viennent de présider à sa décision de rempiler, en mars dernier, avec l'OL pour au moins cinq ans face à l'intérêt particulier que lui portent les plus grosses cylindrées du football mondial. « S'il veut venir dans son pays, il est le bienvenu et sera accueilli à bras ouverts », promet Karim Benzema après une visite au cœur du village que nous quittons et laissons à son anonymat. Peut-être qu'un jour, de grandes foules…


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