Appréhensions n La volonté de l'Etat de se réapproprier le secteur des transports terrestres des voyageurs, à travers la création de nouvelles entreprises, à l'image de l'actuelle Etusa à Alger, inquiète les transporteurs privés. «Le retour du monopole de l'Etat sur ce secteur, comme à l'époque de la Sntv (Société nationale de transport des voyageurs dissoute), va porter un coup dur aux transporteurs privés», a déclaré, hier, Bouchrit Abdelkader, en marge des travaux du premier congrès de constitution de la Fédération nationale des transporteurs des voyageurs et de marchandises (Fntmv) affiliée à l'Ugcaa, qui ont eu lieu à l'hôtel Essafir. Selon lui, le secteur, dont le privé assure 90% des activités, a besoin d'une organisation et d'un soutien afin de faire face à l'anarchie sévissant dans tous les domaines du transport. Mais l'Etat, au lieu de répondre aux doléances des opérateurs, tente de réinvestir le terrain à travers la création de nouvelles entreprises. «Si cette démarche venait à se concrétiser, beaucoup d'opérateurs privés mettraient la clé sous le paillasson», compte tenu de la situation actuelle où de nombreux transporteurs travaillent à perte. C'est le cas des opérateurs assurant les dessertes en milieu rural où les conditions sont souvent rudes. Selon M. Bouchrit, président de cette fédération, ces transporteurs doivent bénéficier d'une exonération d'impôts afin de maintenir une politique des prix favorable à toutes les parties. En effet, les transporteurs de voyageurs et de marchandises demandent à l'Etat de revoir les plans de transport et de circulation. «Les plans en question ont été établis dans les années 80 et sont complètement dépassés vu l'évolution importante de ce secteur», a-t-il estimé. En conséquence, l'anarchie est totale, surtout en ce qui concerne le transport des voyageurs. Ces derniers font face à l'insuffisance des infrastructures d'accueil, sachant que dix wilayas sont actuellement dépourvues de gares routières. Abordant le volet relatif à la saturation des lignes de transport, notamment dans les grandes villes du pays, le président de la fédération dira : «Nous demandons un gel temporaire des autorisations de lignes jusqu'à l'organisation effective du secteur.» Dans un autre registre, les transporteurs souhaitent que la direction des impôts procède à un effacement des dettes. Ils demandent également au ministre des Transports d'établir une politique tarifaire de transport au niveau national. Cela afin de prémunir le citoyen des tarifs imposés unilatéralement par des transporteurs privés sans scrupule, en totale contradiction avec la loi. Pour sa part, le secrétaire général de l'Ugcaa, Salah Souilah, a plaidé pour l'organisation d'une assise nationale qui sera consacrée aux problèmes des commerçants et des artisans algériens qui représentent une frange de plus d'un million de personnes, mais qui sont marginalisés.