«Ce que met la FAF à la disposition des Verts est exceptionnel.» Si c'est le coach de la sélection nationale qui le dit, c'est que ces propos ne viennent que confirmer que le football polarise l'intérêt des pouvoirs publics. Ceci, bien entendu, au détriment des autres disciplines. Toutefois, tout cela ne relève pas d'une lapalissade sachant que l'EN n'est que la réplique réduite, voire amplifiée de la scène sportive dans sa globalité. Même si la relation peut être frappée de suspicion, sinon suspectée d'absurde, autant comprendre les raisons pour lesquelles le ministre des Sports n'arrête pas de se démener comme un beau diable pour obtenir l'organisation d'une Coupe d'Afrique des nations sur le sol algérien. Si jusqu'à la fin des années soixante et en matière de polyvalence les pouvoirs publics n'ont jamais été effleurés d'une quelconque discrimination à l'endroit des disciplines sportives autre que le football, même si ce dernier constitue l'oxygène d'une partie très appréciable de la population ce qui d'ailleurs ne relève pas de l'apanage exclusif de l'Algérie. Ce n'est qu'en raison de facteurs exogènes aux sports, autrement dit à des turbulences économiques internationales nées à la fin des années soixante-dix que l'Etat allait se désengager progressivement et quelque peu dans la discrétion malgré le fait que quelques années auparavant avaient été lancées les grandes réformes dans le domaine des sports. Ne restait alors que le football en ce qu'il fédère comme passion parmi les foules, un sport à la limite contributeur effectif à la stabilisation sociale, du moins avant que ne s'en saisissent aigrefins, apprentis politiciens et autres personnes à l'esprit clubard et au chauvinisme exacerbé. Mais n'est-il pas vrai également qu'avec l'athlétisme qui a porté très haut les couleurs nationales avec des champions exceptionnels comme Morceli et Boulmerka notamment, le football reste celui qui a le plus marqué le reste du monde plus particulièrement avec le coup de tonnerre de Gijon. Un exploit venu faire vaciller bien des valeurs, installer des doutes ailleurs que dans le continent africain et surtout trainer dans son sillage à partir de cette période bien d'autres formations africaines qui s'amusaient à taquiner celles réputées au gotha de la discipline. Tout peut alors s'expliquer alors de cette manière simpliste qui laisserait croire que les autres disciplines ne peuvent pas apporter ce que le football a apporté comme sentiment de fierté au pays et paradoxalement même dans les défaites de la sélection nationale. La réalité est néanmoins toute autre et nul n'ignore qu'effectivement le monde du sport a évolué et qu'un athlète productif, c'est-à-dire un champion, ne se construit qu'avec de très forts financements. Ces financements n'en devenant donc que plus importants si le pays s'évertuait à ouvrir tous les fronts : volley-ball, handball, boxe, tennis, athlétisme et tellement d'autres disciplines dites mineures et dont le seul tort est sans doute de ne pas charrier avec elles la magie que garantit le football, même si assez souvent il est de grande indigence. Du coup, l'Etat, ou les organes ad-hoc chargés de l'exécution des programmes en ce sens, n'a que très peu accordé d'intérêt à des disciplines qui agonisaient lentement, disparaissaient par la suite et renaissaient grâce à la pugnacité de quelques associations et surtout de dirigeants, devant l'Eternel, rêveurs. En détournant leur regard de ces disciplines, les pouvoirs publics le détournaient ipso facto de tout ce qui leur est annexe, c'est-à-dire les installations, les équipements, la pratique à partir de l'école et plus grave encore l'arrêt d'une formation spécialisée en ce sens pour chaque discipline, et si tant que cette formation ait lieu elle ne peut que se particulariser par une dramatique approximation des compétences. En conclusion, il ne reste alors que le football comme vecteur planétaire de l'engouement populaire, un attrait décuplé par tout ce qui l'accompagne dans et en dehors des terrains de football : publicité, merchandising, frasques des footballeurs, salaires mirobolants et tout ce qui, de constructif à destructeur, fait le people. Les dirigeants algériens ont, toutes proportions gardées, donc largement retenu la leçon et compris le système général de fonctionnement en s'y inscrivant ou en intégrant les ingrédients qui le composent au sein de la discipline et à tous les degrés. A. L.