«Je garde de mauvais souvenirs de ma première sélection avec les U20» «Certains joueurs se moquaient de moi parce que je m'appelle Florian» C'est l'un des meilleurs espoirs du Paris Saint-Germain, mais aussi du football algérien que Le Buteur fait découvrir aujourd'hui à ses lecteurs. Il est né le 11/01/1991 à Ivry Sur Seine, dans le Val de Marne. Il est gaucher, mesure 1,86 m et joue au milieu du terrain. Il s'appelle Florian Adel Makhedjouf et il a cette particularité d'avoir fait sensation il y a quelques jours en intégrant l'équipe première du PSG en Europa League en Ukraine, contre le FC Karpaty Lviv (1-1). Rien de ça ! Lors de notre entretien, Makhedjouf nous a étonnés par sa sincérité et son engagement lorsqu'il évoque l'Algérie. Les Verts ? C'est pour lui, un premier choix qui ne se discute pas. «Tout le monde au PSG sait que j'ai choisi l'Algérie», nous confie-t-il d'un air aussi naturel qu'étonnant, alors que d'autres continuent de compter et calculer. Son rêve ? Faire sortir le peuple dans la rue, comme l'ont fait avant le Mondial, Bougherra, Yahia et Hassan Yebda, l'un de ses joueurs préférés chez les Verts. Régalez-vous avec ce milieu de terrain au verbe tous terrains ! Vous avez été surpris et vous avez surpris tout le monde avec cette première apparition avec l'équipe du PSG et en Europa League de surcroît ! Comment aviez-vous vécu cela ? Comme si j'étais sur un nuage. C'est un rêve de gamin qui s'est réalisé pour moi. Depuis tout petit, j'ai toujours été supporteur du PSG. C'est mon club de cœur. J'y ai fait toutes mes classes et aujourd'hui, c'est l'aboutissement. C'est une vraie fierté d'être arrivé là. Mais je ne peux pas me contenter uniquement de cela. Je dois encore travailler plus pour convaincre le coach à me refaire confiance. Comment avez-vous appris votre convocation avec l'équipe première ? C'est le coach (Alain Kambouaré) qui est venu me voir, moi et trois autres de mes coéquipiers de la réserve. C'était dimanche et on était à l'entraînement. Il nous a dit : «Allez voir avec le responsable de l'administration du club pour voir si vos passeports étaient prêts. Demain, vous partez avec nous en Ukraine !» On n'en croyait pas nos yeux. On était complètement fous de joie. On est donc allés en courant pour régler les détails liés aux shorts, maillots et le reste. Qu'est-ce que vous vous êtes dit entre jeunes, une fois dans le vestiaire ? (Il rigole un moment.) Je n'ai pas à le cacher. On était tout simplement devenus fous. (Il se marre.) On criait de toutes nos forces en sautant au plafond du vestiaire. On se disait : «Tu te rends compte ! On va jouer avec les grands ! C'est incroyable. Il y aura la télévision, le public, la médiatisation… Que du lourd, quoi !» C'est un moment qui restera gravé à jamais dans nos mémoires. C'était beau à vivre, franchement. La réaction de la famille ? Ils étaient comme nous, sur un nuage eux aussi. La famille, les potes, les proches… Tout le monde était content pour nous. Ils espèrent, tout comme nous, que c'est le début d'une longue aventure. Vous avez grandi en une semaine ? (Il sourit.) Oui et non. Si vous voulez, c'est vrai que d'un côté, le fait d'avoir joué avec l'équipe première du PSG va nous pousser à travailler beaucoup plus. Cela nous donne des ailes pour pouvoir voler plus haut. On est plus responsables. Mais de l'autre côté, je reste lucide et je me dis que ce n'est qu'un début et que le plus dur reste à venir. Il me faut bosser doublement pour élever mon jeu, au niveau de la concurrence. Disons que je suis très content que ça aille dans ce sens aujourd'hui. Et une fois avec l'équipe première, comment aviez-vous été reçus ? Franchement, on m'a beaucoup aidé. Tout le monde pratiquement est venu me voir moi et les autres nouveaux pour nous souhaiter bonne chance. Qui vous a le plus parlé ? Samy Traoré. C'est lui qui m'a dit le plus de choses. Il m'a dit si tu es là aujourd'hui, c'est que le coach a vu que tu as du potentiel. Tu n'as pas fait le déplacement avec nous par hasard. Il m'a surtout dit de jouer mon football, sans me prendre la tête. C'était sympa d'entendre de telles paroles d'un cadre comme lui. Vous étiez un peu stressé sur le terrain ? Sincèrement oui, un peu. Mais paradoxalement, j'étais moins stressé que lorsque je débutais des matchs importants en CFA. Il ne m'a pas fallu beaucoup de temps pour me sentir à l'aise. Je me suis détendu très rapidement, à vrai dire. Vous n'êtes pas un peu embêté que ce premier match tombe avant la trêve ? C'est sûr ! J'aurais souhaité enchaîner juste après en championnat pour garder cette dynamique. Je suis impatient de reprendre. Un bonheur ne vient jamais seul, puisque nous avons appris que le coach des Olympiques d'Algérie, a l'intention de vous faire appel. Quelle serait votre réponse s'il venait à vous envoyer une convocation ? J'en serais bien évidemment ravi de retourner en sélection d'Algérie, même si je n'en garde pas de bons souvenirs… Pourquoi donc, vous êtes déjà venue en sélection ? Oui, c'était je crois il y a un an ou un peu plus. On m'avait appelé pour jouer un match amical en Tunisie avec les U20. Au départ, j'étais très ravi et impatient de jouer pour le pays. Mais une fois sur place, les joueurs m'avaient très mal accueilli. Je sentais que je n'étais pas le bienvenu. Qu'est-ce qu'on vous a dit au juste ? Rien de particulier en face, mais certains joueurs se parlaient entre eux en rebeu (arabe) et me regardaient en rigolant. Ce n'étaient pas les bonnes manières de recevoir un compatriote qui venait de débarquer de France pour défendre les couleurs nationales. J'avais très mal pris ça, je ne vous le cache pas. On se moquait de moi parce que je m'appelle Florian. En plus, le niveau du jeu était très bas et l'équipe mal organisée sur le terrain. Qu'est-ce qui vous a déplu aussi ? Que les joueurs parlent trop sur le terrain et jouent mal ensemble. Mais aussi le fait qu'ils m'aient marginalisé alors que j'étais parti avec une grande sincérité. Franchement, je ne garde rien de bon de cette rencontre. Je ne parle pas de l'organisation qui était assez correcte au niveau de la prise en charge. Cela va-t-il influer sur votre décision de retourner en sélection d'Algérie aujourd'hui ? Aucunement ! J'ai opté pour l'Algérie depuis le début et c'est un choix définitif dans ma tête. Tout le monde sait que je veux jouer pour l'Equipe d'Algérie. Mais je ne retournerai pas dans cette sélection qui m'a ignoré, car j'ai encore du mal à avaler ce qu'on m'a fait. Je veux rejouer avec les Olympiques dans un premier temps et puis après, si mon jeu me le permettra un jour pour les Verts. Vous jouez au milieu du terrain, mais quel est votre poste de prédilection ? Tout dépend du schéma tactique en fait. Mais je suis plutôt dans l'axe. Je joue milieu offensif, mais mon poste de prédilection est celui de demi-défensif. Vous avez fait toutes vos classes au PSG ? Non, j'ai commencé à Ivry sur Seine, avant d'être repéré par les recruteurs du PSG. J'ai donc intégré le centre du PSG à l'âge de 15 ans où j'ai suivi ma formation. J'espère progresser encore à l'avenir. Vous avez votre passeport algérien ? Non, pas encore. Mais j'ai déjà réuni tous les papiers nécessaires pour cela. Il ne me reste qu'à aller au Consulat d'Algérie à Paris pour le faire. Mon agent qui est derrière tout cela m'a dit qu'on va me le faire en une journée. Donc, il n'y aura pas de souci à se faire. Alain Kambouaré, votre coach au PSG, est-il au courant de votre choix de l'Algérie ? Oui, il le sait comme tout le monde. Mais on n'en parle pas vraiment. Qui vous a poussé à opter pour l'Algérie aussi prématurément ? C'est un élan du cœur tout simplement. Ni mon père ni quelqu'un d'autre de ma famille ne m'a influencé. J'ai décidé de cela tout seul, en mon âme et conscience. Et je crois avoir le bon choix, puisque cela va faire très plaisir à ma grand-mère qui vit en Algérie. D'ailleurs, elle vient juste de retourner au bled. Elle était chez mon père en vacances. Et vos parents sont originaires d'où ? Ma mère est italienne et mon père est algérien. Il est de Aïn Fekroun, je crois que c'est du côté de Constantine. Je n'ai pas encore été là-bas mais j'ai envie d'y aller dans le futur. Ça me ferait vraiment plaisir de voir le patelin de ma famille paternelle. Comment aviez-vous vécu la qualification des Verts pour le Mondial 2010 ? Comme tous les Algériens. Avec beaucoup d'émotion et de ferveur. Quand j'ai vu le match face à l'Egypte et tout ce qui s'en est suivi, je ne vous cache pas que ce fut le déclic dans ma tête. Je me suis dit : c'est ça qu'un footballeur doit vivre au moins une fois dans sa carrière. C'était tout simplement phénoménal de voir le peuple dehors manifester une joie commune, grâce à une victoire dans un match de football. Ça a aidé à vous pousser un peu plus vers l'Algérie ? C'est sûr que ça aide ! Même si moi, dans ma tête, je n'avais pas besoin de cela pour dire mon envie de porter le maillot de l'Equipe d'Algérie. Je l'avais fait naturellement. Sans me forcer. Vous aimeriez faire sortir le peuple dehors à votre tour un jour ? Ah, ce serait le top si je pouvais marquer le but de la victoire d'un match important et faire gagner l'EN. (Il sourit.) Qui n'aimerait pas faire cela ! C'est un rêve que j'aimerais réaliser un jour avec les Verts. Faire sortir le peuple de bonheur, comme après le match du Soudan, ça doit être quelque chose d'exceptionnel à vivre. J'envie ceux qui l'ont réalisé. Ce serait bien pour moi, pour mon père et pour toute ma famille. Quels sont les joueurs que vous appréciez dans l'Equipe d'Algérie ? J'aime bien Hassan Yebda, Mourad Meghni, Nadir Belhadj et Karim Ziani, lorsqu'il est au mieux de sa forme, comme durant les éliminatoires. Qu'est-ce qu'on peut vous souhaiter en cette fin d'année ? De la bonne santé et la progression avec le PSG. Jouer un peu plus et intégrer l'équipe première dans la durée. Après, on verra si je mérite un jour d'aller jouer en sélection d'Algérie pour faire plaisir au peuple. Je voudrais passer une spéciale dédicace à toute ma famille en France et en Algérie, ainsi qu'à mes potes, sans oublier tous les Algériens où qu'ils soient. Je dis à tous bonne année et meilleurs vœux pour 2011.