S. Slama L'observatoire de l'environnement et du développement durable que devra accueillir Oran était prévu, sur proposition du ministre algérien de l'Environnement, depuis la première conférence ministérielle du dialogue des 5+5 sur l'environnement et les énergies renouvelables. Cette réunion a eu lieu à Oran en avril dernier. Elle avait regroupé les ministres de l'Environnement des dix pays de la Méditerranée occidentale en l'occurrence l'Algérie, Libye, Maroc, Mauritanie et Tunisie, et cinq pays de la rive nord de la Méditerranée, Espagne, France, Malte, Portugal et l'Italie. Le dit observatoire sera installé au niveau de l'ex hôpital Baudens. Il faut dire que le choix du site est plus que judicieux. En tout les cas bien plus sage que le projet de musée marin dans l'ancienne préfecture situé place Kléber. Quoiqu'il ait plus d'un atout à faire valoir, l'hôpital Baudens construit vers 1856 par l'armée coloniale n'a pas fait l'objet d'une quelconque procédure de classement. Il s'agit en réalité d'un ensemble de quatre bâtiments bâtis sur quatre étages autour d'un jardin intérieur. Le bâtiment situé sur le coté orientale est prolongé du nord et fait carrément le double des autres bâtisses. Il domine un magnifique jardin en pente ou trône entre autres trois superbes dracénas des canaris. Le bâtiment nord mitoyen se trouve doté d'une superbe galerie en arcades qui donnent sur le jardin en pente avec pour arrière plan le bleu de la méditerranée. La création de cet observatoire de l'environnement et du développement durable donne enfin à Oran une dimension internationale concrète. L'immensité des bâtiments pourraient contenir une multitude de bureaux voir même des laboratoires et peut être bien des conservatoires de la faune et de la flore méditerranéenne. Le projet proposé par Cherif Rahmani prévoit aussi que l'observatoire soit au cœur d'un jardin méditerranéen étalé sur quelque 40 ha. Ainsi donc le jardin Welsford, situé juste au dessus de la Calére pourrait bien renaitre. La quarantaine d'hectare prévue englobe l'ensemble de la Calére, et certainement une partie du Murdjadjo. Un jardin méditerranéen au cœur du paysage culturel oranais. C'est là, il faut le dire ce qui pouvait arriver de mieux aux oranais d'aujourd'hui mais surtout aux générations montantes. Mais à quoi pourrait bien ressembler un jardin méditerranéen ? Le caractère méditerranéen ne veut pas dire seulement et uniquement une représentation de la flore méditerranéenne dans le sens géographique du terme. Le terme méditerranéen est pris dans son acceptation climatique se qui veut dire que le jardin prévu suppose la représentation « végétalisée » de toutes les régions du globe à climat méditerranéen. Il s'agit là d'un large éventail qui part du bassin méditerranéen à la Californie en passant par l'Afrique du Sud, l'archipel des Canaris le Chili et l'Australie sans pour cela oublier l'Asie subtropicale. Tout un vaste programme qui devrait durer au bas mot une dizaine d'année. L'idée en fait n'est pas nouvelle. L'association bel Horizon envisagée de créer sur le coté sud –est du fort de Santa Cruz un jardin aride c'est-à-dire une collection de cactées et de plantes succulentes. Si le projet n'a pas vu le jour c'est parce que la rénovation du site traine en longueur. Le choix d'un jardin aride répondait à la préoccupation hydrique et à la nature drainante du terrain. Le jardin méditerranéen, n'est pas une nouveauté en soi. Le domaine du Rayol (France) existe depuis 20 ans, simple hasard ou calcul pour le moins éclairé, il est l'œuvre du paysagiste Gille Clément. Le domaine du Rayol s'étale sur une vingtaine d'hectare et regroupe une dizaine de thématique dont un jardin marin. Il est d'ailleurs un lieu de référence en matière de gestion du paysage et des jardins méditerranéen. Avec 40 ha le jardin méditerranéen oranais fera le double du Rayol. Si le site présente une multitude d'avantages climatique et hydrique. Si l'étude ne devrait pas poser de véritable problème, à la condition bien entendu, que la dimension culturelle ne soit pas tenue pour négligeable. Le jardin méditerranéen oranais ne pourrait se suffire d'être une fac simili du Rayol. Cette dimension culturelle pourrait bien se retrouver dans se que Gille Clément appel « les vagabondes». Après tout l'Europe doit bien aux maitres arabo-berbères de l'Andalousie, l'introduction et le développement de centaines espèces végétales. UNE HISTOIRE DE CULTURE Les émirs andalous dépensaient alors sans compter pour faire venir des graines du monde entier pour leurs jardins. La dimension culturelle des jardins méditerranéens d'Oran pourrait s'exprimer de différentes et d'innombrables manières. Le modèle des jardins- terrasses de l'oued de Ras el Ain pourrait bien être la dimension historique de ville- jardins qui avait fait la gloire d'Oran et lui manque cruellement aujourd'hui. Les jardins méditerranéens d'Oran ne seront pas seulement de beaux jardins, ils auront à jouer une foule de rôle en matière d'expérimentation et d'étude sur les problématiques écologiques et de développement durable. La question qui peut apparaitre comme prioritaire est bien entendu liée à l'eau. La maitrise de l'eau, et son utilisation rationnelle. La forêt et la montagne, les populations locales autant de sujets qui seront au centre du développement des jardins méditerranéens d'Oran.