En dehors de l'épaisseur et du jeu tout à fait crédible des deux personnages principaux de Barakat !, la première fiction de Djamila Sahraoui, ne titille ni la mémoire, ni les sensibilités. Beaucoup avaient quitté la salle, lors de la projection, jeudi dernier, en avant-première de ce film, à la salle El Mougar. Le récit censé nous replonger dans l'atmosphère terrifiante et instable de la décennie noire, nous a, ni plus ni moins, mené vers ce territoire puisé et abusé de l'engagement de la femme, et surtout de son courage héroïque face à toute épreuve. Ici, il s'agit de monter haut dans les cocons forestiers infestés de terro, à la recherche de Mourad, un journaliste enlevé pour ses écrits par les sanguinaires. Rien de plus classique sauf que sa femme, Amel, (Rachida Brakni) un médecin, est prête à tout pour retrouver son époux, quitte à le chercher en enfer. Khadidja, ( Fettouma Bouamari), une sexagénaire, et infirmière de son état, accompagnera la jeune dans cette quête têtue. C'est alors que l'on découvre un portrait croisé entre une sexagénaire qui a fait la révolution 1954-1962 et une trentenaire qui n'a pas vécu cette guerre-là, mais tout une autre. Stoïques, ces deux femmes qui ont une extraordinaire présence à l'écran. Tout au long de Barakat , la réalisatrice nous mène, non pas à la découverte d'une quelconque terreur, ni même d'un quelconque espace nouveau, mais juste dans ces paysages féeriques de la ville de Tipaza, socle d'une histoire. Il n'y a pratiquement pas de dialogue dans ce film qui se situe entre le western, et le muet. Fettouma Belloufa passe le plus clair de son temps à tirer des cigarettes enfoncées dans son corsage devant des yeux presque indifférents de jeunes et moins jeunes de la rue. Comme si le fait de fumer ou d'accepter de voir une Algérienne fumer était en soi un acte émancipateur. Nous ne voyons réellement pas où est l'intérêt de cette “tabacomanie” féminine qui paraît dans ce long métrage non seulement redondante mais aussi injustifiée. Du reste, beaucoup imaginent, mal la sexagénaire s'avançant vers les cocons forestiers avec une cigarette au bec. C'est peut-être çà le courage chez Djamila Sahraoui qui nous montre, par ailleurs, la jeune dans un restaurant populaire tirant son flingue sur un homme qui lui a manqué de respect. Rien que pour “ la horma ” de la femme, celle-ci sont capable des pires réactions. Alors, le flingue en question est, selon le récit, un héritage de la guerre. Il a servi en ce temps là, et il servira lors de cette aventure teintée. Une aventure à travers laquelle Djamila Sahraoui nous montre, dans un extraordinaire folklore, un homme seul, vivant dans un taudis. C'est un passage avant l'arrivée là-haut dans la forêt. Ce passage rappelle vaguement et les taudis qu'on a découverts dans le succulent, Rachida de Mina Chouikh, et les cartes postales de femmes s'affairant à faire de la galette sur un kanoun généreux. L'on apprend au fil du récit que l'homme sexagénaire a perdu toute sa famille lors d'une descente nocturne des terroristes. La terreur dans ce film, on ne la perçoit qu'à travers les paroles vagues et répétées de quelques figurants. Sinon, c'est surtout les silences languissants qui semblent meubler tout ce film d'une légèreté à vous couper le souffle. Barakat ! (çà suffit), un titre référence, est actuellement en compétition officielle aux 40es journées du cinéma de Carthage, (Tunisie).