Miliana, est l'une des rares villes villes d'Algérie qui a pu résister, un tant soit peu, à la dévastation de sa mémoire, et à au bouleversement des ses vieilles valeurs. Peut être parce que sa configuration même, de ville construite à flanc de montagne, et au bord d'un abîme, enlacée par des murailles protectrices, lui a évité l'invasion bétonnière qui a ravagé toutes les vieilles villes du pays. Mais Miliana n'est plus ce qu'elle fut, langoureuse et toujours embaumée de senteurs forestières. Ville de citadins par excellence, peuplée de descendants d'Andalous, de Kourouglis et de Berbères du Zaccar , cette très vieille ville, cité antique, qui a été érigée durant la période Romaine, et dont la prospérité lui a valu, plus tard, le nom de « meliana » (emplie de richesses), était, il n'y a pas longtemps, réputée pour la qualité de ses cerises. De nombreuses ceriseraies entouraient la ville, jusqu'à la plaine du Chélif, et chaque année, une fête des cerises venait égayer toute la région. Je me rappelle que dans les années 80, quand j'allais d' Oran à Alger, je faisais un grand détour, par une route de montagne, juste pour aller prendre un café et un verre d'eau à Miliana. Miliana la bienheureuse, une des rares villes où le citadin et le paysan baignent dans une harmonieuse cohabitation, toute de délicatesse et de modestie, parce que également pétris d'art et de culture, et nés, l'un comme l'autre, au sein d'une nature généreuse, où le chant des rossignols est porté par les effluves des cerisiers en fleur.