Avec seulement quatre établissements encore ouverts, Alger manque cruellement de lieux festifs nocturnes. La saison estivale qui démarre bientôt risque d'être gâchée cette année. En tout cas pour les jeunes qui aiment se défouler le soir sur les dance-floors. Suite à la décision de fermer plusieurs boîtes de nuit, en particulier celles qui étaient les plus fréquentées, les vacances de beaucoup de jeunes auront certainement un goût d'inachevé. Car après une journée de farniente au soleil, que feront-ils de leurs soirées ? Aujourd'hui, c'est devenu pratiquement du domaine de l'impossible, pour les jeunes et les moins jeunes, de passer une soirée relaxante dans un endroit frais et paisible, de se rafraîchir en écoutant de la musique. C'est encore pire pour les jeunes qui veulent se défouler et danser au rythme de la musique de leur choix. Suivant la loi de l'offre et de la demande, les prix dans les rares endroits encore ouverts ont exagérément augmenté. Et encore, ces endroits ne sont pas toujours fréquentables, allant de la boîte raï au cabaret de bas étage, avec «rechqa», risques de bagarres et des descentes de police à la clé. Reste la nouvelle tendance, celle des soirées sur invitation. Là aussi se pose une autre question : être «in» ou pas. Il faut «connaître» (qui, où, quand), ou alors rester à la maison. Cette situation risque d'aller de mal en pis avec l'arrivée de milliers de jeunes émigrés dans les jours avenir, qui comptent bien profiter du soleil et… des soirées, comme pendant toutes vacances estivales. Les plus chanceux des Algériens s'expatrient pour une ou quelques semaines chez nos voisins tunisiens – où ils ne sont pas toujours les bienvenus – mais qui ont le chic de savoir profiter de la vie et de transmettre leur goût de la «chikha» à leurs hôtes de passage. Beaucoup d'autres jeunes choisissent Oran comme destination pour cet été. Il est vrai qu'El Bahia reste la mieux équipée en matière de structures qui offrent à la jeunesse le moyen de s'éclater sur différents rythmes musicaux, qu'ils soient de chez nous ou d'ailleurs. Ce phénomène migratoire saisonnier n'est pas sans nous en rappeler un autre, tristement actuel : la harga. Comment penser donner une vocation touristique à notre pays quand ses propres enfants le fuient, qui pour une saison, qui au péril de sa vie ?