La forêt de Baïnem, poumon d'Alger qui se dresse majestueusement à près de 300 mètres d'altitude, et le Bois des Cars, ce parc naturel entouré d'arbres à Dely Brahim, ont fait l'objet dernièrement d'opérations de coupures d'arbres à cause de certains aménagements. Des habitants de Baïnem et de Dely Brahim (Alger) ont protesté à plusieurs reprises contre cette situation et ont fait appel aux autorités publiques pour arrêter cette atteinte à l'environnement qu'ils ont qualifiée d'«acte criminel». Leurs requêtes n'ont pas abouti car elles n'étaient pas fondées. Il paraît que c'est plutôt le flux des visiteurs qui dérangeait ces habitants. Au niveau de la direction générale des forêts (DGF) de Ben Aknoun, établissement chargé de la conservation des forets au niveau national, le directeur de la conservation des forêts, Chaabane Cheriet, indique que s'«il y a des opérations de coupures d'arbres, c'est dans un cadre d'assainissement». Au niveau de l'Institut national de recherche forestière (INRF) de Baïnem, des forestiers sont en train de procéder à un nettoyage du site pour refaire des trottoirs, des terrains de jeux et de restauration au niveau du parc de loisirs de cette commune. Pour ce qui est de la création de parkings au niveau des environs de Baïnem, la DGF précise que les arbres qui ont été coupés sont vieux, mourants et donc non productifs. Il est d'ailleurs à préciser que les forestiers n'interviennent que par nécessité et que chaque arbre vieillissant qui est arraché est remplacé juste après pour ne pas porter atteinte à l'environnement. «Etant donné que durant la décennie noire, les forêts urbaines et post-urbaines n'étaient pas fréquentées, elles n'étaient donc pas entretenues et des arbres ont poussé de manière anarchique», a déclaré M. Cheriet. L'aménagement du territoire forestier qui est tributaire d'un arrêté stipulant la création d'espaces de loisirs prévoit le respect de l'environnement et la non atteinte à l'espace vert en cas de construction. «La création d'un parking au niveau de la forêt de Baïnem et du Bois des Cars étaient légitimes étant donné que ces forêts ont été érigées en parc sportif et de loisirs et que des sportifs et familles venaient de la périphérie d'Alger pour s'y détendre et faire du sport», précise le responsable de la préservation des forêts. La DGF veille à la sauvegarde de l'environnement Le parking a été construit au niveau des tranchées pare-feux (destinées à prévenir les incendies) et donc au niveau de surfaces dépourvues de plantations. «Si un ou deux arbres ont été déracinés pour construire un parking ou ouvrir une piste forestière, c'est qu'ils entravaient la création du parking et qu'ils ont été transplantés ailleurs» déclare Nasreddine Kazi Aoual, sous-directeur de la normalisation au niveau de la DGF. En milieu urbain, les forêts sont très fréquentées, ce qui crée un tassement du sol très important, provoquant le dépérissement de certains arbres qui contractent des maladies. «Les autorités publiques doivent donc intervenir dans ce genre de cas pour éviter que la maladie se propage et atteigne d'autres plantations et peuplements d'arbres», explique le chargé de protection du patrimoine forestier. Le développement territorial qui s'effectue au niveau des localités et des communes d'Alger ne se fait pas au détriment de la nature car la DGF veille à ce que les travaux effectués respectent l'environnement local. Les études faites sur le terrain et le plan de développement de l'aménagement déterminent les endroits à urbaniser et qui sont pris en charge sans porter atteinte aux végétaux. «Lors de tout programme de construction, 30% de l'affectation sont réservés au reboisement et à l'espace vert, selon un décret ministériel», indique M. Cheriet. Par ailleurs, 200 arbres ont été déracinés au niveau du Ravin de la Femme sauvage pour la construction du nouveau ministère des Affaires étrangères sis aux Anassers, ce qui a provoqué beaucoup de tension dans le quartier entre les habitants et les forces de l'ordre public. A ce propos, M. Kazi a déclare : «La construction d'un ministère est une nécessité et la majorité de ces arbres ont été transplantés au niveau de l'espace vert situé devant l'Institut national de commerce à Ben Aknoun» et rappelle que «les ficus arrachés au niveau d'Hussein Dey ont aussi été transplantés. Ces initiatives de déracinement et de replantation sont très contrôlées et obéissent à une réglementation rigoureuse. Des autorisations sont fournies aux forestiers par la direction de la conservation des forêts et au niveau des mairies. Toute entrave à la réglementation est passible de sanctions, d'amendes et d'emprisonnement. La DGF joue un rôle important dans tout ce qui est traitement des bassins versants, rétentions collinaires et correction torrentielle en maintenant le sol en place avec des plantations pour éviter les érosions (fixation des terres avec les arbres et construction de murailles et digues). La direction des forêts intervient aussi dans la lutte anti-incendie en construisant des postes de vigie pour la surveillance des départs des incendies et également dans la création de forêts récréatives (Bouchaoui, Paradou…). La DGF exploite le grand potentiel de luminosité existant en Algérie et plus précisément au Sahara dans le cadre des énergies renouvelables et l'établissement de courants électriques dans les régions reculées.