Très graves révélations d'un hebdomadaire allemand sur l'intention d'Israël de frappe préventive contre l'Iran. Dans son édition à paraître demain, l'hebdomadaire allemand Der Spiegel révèle qu'Israël n'exclut pas une frappe «préventive» des sites nucléaires iraniens. L'information est effectivement à prendre au sérieux d'autant plus qu'il y a le précédent de la centrale Tamuz irakienne, près de Bagdad, détruite par les chasseur-bombardiers israéliens. Selon Der Spiegel, «une unité spéciale du Mossad (services secrets israéliens) a reçu il y a deux mois la mission de travailler à des plans d'attaque contre une demi-douzaine de cibles». Le magazine allemand indique en outre que «ces cibles pourraient être détruites complètement et simultanément par des chasseurs bombardiers F-16», une opération «jugée réalisable par le Mossad», ajoute Der Spiegel. Ainsi, Israël, qui a déjà, par le passé, détruit une centrale nucléaire en Irak, prend sur lui de se substituer à l'instance spécialisée qu'est l'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea), s'instituant de fait gendarme des faits et gestes des Etats des régions du Moyen et du Proche-Orient, interdisant ainsi à ces pays, voisins de l'Etat hébreu, de disposer de centrales, ou de faire des recherches dans le domaine, nucléaire. Cela d'autant plus qu'Israël, qui dispose, selon les experts internationaux les plus sérieux, y compris américains, d'au moins deux cents têtes nucléaires, reste, curieusement, le seul pays de la région à n'avoir ratifié ni le TNP (traité de non-prolifération nucléaire datant de 1968) ni le Ctbt (interdiction totale des essais nucléaires adoptée par l'ONU en 1998) au contraire des pays arabes, et de l'Iran notamment, qui adhèrent à ces deux structures internationales de prévention de la prolifération nucléaire. Outre cela, Israël demeure aujourd'hui le seul Etat du monde où l'Aiea n'a pas droit de regard contrairement à ce qui passe pour les pays arabes singulièrement. Israël s'est donné en fait pour mission prioritaire de surveiller les travaux des pays arabes dans le domaine de la recherche nucléaire et s'est également donné, pour ce qui le concerne, tous les droits comme d'ignorer, sans dommage jusqu'à présent, la règle universelle accordant à l'Aiea, agence spécialisée de l'ONU, de contrôler et d'inspecter tout pays susceptible de produire ou de chercher à produire des armes de destruction massive. Toutefois, ce qui semble admis, et surtout obligatoire, pour l'ensemble des pays du monde, exception faite sans doute pour les cinq puissances nucléaires officiellement déclarées, -qui négocient entre elles leur auto-inspection-, ne le semble pas pour Israël qui échappe ainsi, jusqu'à maintenant, au droit de regard de l'Agence internationale de l'énergie atomique. Pourtant, cette dernière, qui, dans le cadre de sa mission de prévention de la prolifération nucléaire, menace l'Iran et la Corée du Nord de déferrer leur cas devant le Conseil de sécurité de l'ONU, ignore totalement le seul Etat de la région disposant effectivement des armes de destruction massive. De fait, l'Aiea qui s'occupe beaucoup, ces dernières années, des centrales nucléaires édifiées dans les pays arabes et musulmans, particulièrement, semble, en revanche, se désintéresser de l'arsenal nucléaire israélien. La réalité de l'arsenal nucléaire israélien a pourtant été confirmée, il y a quelques années, par un ingénieur israélien en physique nucléaire, Moshé Vaninu, qui reconnaissait, dans les années 80 dans un entretien à un magazine britannique, qu'Israël disposait bien de l'arme nucléaire. Cet ingénieur paye ses confidences, depuis près de vingt ans, dans les geôles israéliennes. Le plus grave donc est que, outre le fait qu'Israël échappe à une expertise internationale qualifiée, à l'instar des autres pays dans le monde, se donne en plus le droit «régalien» de détruire, dans l'impunité -comme cela s'est fait en 1981 lors de la destruction de la centrale Tamuz en Irak- les centrales de pays souverains que l'Etat hébreu soupçonne d'avoir, ou de pouvoir disposer de centrales nucléaires militaires. De fait, la semaine dernière, le chef d'état-major israélien, le général Moshé Yaalon, mettait en garde contre «la menace que représentait pour Israël la possession d'armes non conventionnelles par un Etat irresponsable comme l'Iran». Donc, Israël est prêt à l'action contre l'Iran, comme l'indique Der Spiegel, selon lequel «Tel-Aviv soupçonne les Iraniens de finaliser la conception d'armes à base d'uranium enrichi, en différents endroits». De fait, trois des sites qui feraient l'objet de ces attaques sont inconnus, souligne-t-on, de la communauté internationale, sauf d'Israël. De fait, le chef de la diplomatie iranienne, Kamel Kharazi, avait, dans le contexte du contentieux de Téhéran avec l'Aiea, réitéré le refus de l'Iran de «renoncer à son programme d'enrichissement de l'uranium à des fins pacifiques», malgré les doutes émis par la communauté internationale. En réalité, la question qui se pose aujourd'hui est bien de savoir qui, enfin, expertisera l'arsenal nucléaire israélien? Par ailleurs, ne craignant pas une escalade militaire au Proche-Orient, Israël vient à nouveau de menacer la Syrie de représailles comme l'affirmait hier, sous couvert de l'anonymat, un responsable israélien proche de Sharon, indiquant: «Nous ne sommes pas intéressés par une escalade, mais si la Syrie ne prend pas les mesures qui s'imposent pour stopper les agressions contre nous à partir de son territoire, elle en assumera l'entière responsabilité». A cette menace, à peine voilée, le porte-parole du ministère syrien des Affaires étrangères, Bouchra Kanafani, a réagi dans une déclaration à la presse indiquant que «la Syrie se réserve le droit de riposter (à une éventuelle attaque d'Israël) par tous les moyens en sa possession». Cet échange peu amène dévoile on ne peut mieux la détérioration continue de la situation dans le Proche-Orient.