Jeudi dernier, et à seulement quelques heures d'intervalle, deux grands événements ont aggravé le désordre que vit le monde. Le premier a eu lieu en début d'après-midi. Un Boeing 777 de la Malaysia Airlines, affrété par Air France, et qui reliait Amsterdam à Kuala Lumpur s'est écrasé à l'est de l'Ukraine avec, à son bord, 298 personnes dont 85 enfants. Aucun survivant. L'effet produit par cette catastrophe n'était pas loin de rappeler par son intensité l'attaque des tours de New York, le 11 septembre 2001. Tous les médias occidentaux sont passés en mode boucle pour l'événement. Kiev accuse les «séparatistes». Les «séparatistes» accusent Kiev. L'Europe accuse Moscou. Moscou, frappée durement la veille par de nouvelles sanctions économiques décidées par les Etats-Unis, se défend et souligne la nécessité de régler durablement le problème ukrainien. Le vacarme est tel que la voix de la Malaisie, pays concerné au premier chef, est à peine audible. C'est la 2ème catastrophe aérienne subie par ce pays en quatre mois. Le 8 mars dernier, un Boeing 777 (décidément) de la compagnie malaisienne disparaissait quelques heures après son décollage de Kuala Lumpur en route vers Pékin avec 239 personnes à bord. Ni l'avion, ni les victimes, ni même le lieu du crash n'ont été retrouvés à ce jour. Ceci dit, la thèse d'une attaque de l'avion, venant d'Amsterdam, par un missile sol-air à longue portée (l'avion volait à 10.000 mètres d'altitude) est la plus retenue. Mais quel intérêt de s'attaquer à un avion civil? Dans ce genre d'affaires, il est pratiquement impossible de répondre de manière tranchée. L'opération est si bien montée et avec une telle expertise qu'elle ouvre plusieurs hypothèses en excluant toute certitude. Rendant encore plus difficile tout travail de décryptage. Et c'est là où précisément survient, quelques heures après, l'autre événement de même dimension. Aussi grave pour la paix dans le monde. Après 10 jours, en ce mois de Ramadhan, de bombardements sur la population civile de Ghaza, Israël a décidé, jeudi soir, après le f'tour, d'engager une opération militaire terrestre. Le retentissement de cette nouvelle agression contre un peuple sans armes par une armée suréquipée, a été très amoindri. Les médias étaient braqués sur les débris de l'avion malaisien abattu en Ukraine et ne se retournaient que furtivement vers Ghaza prise d'assaut par les chars israéliens. Difficile, dès lors, de ne pas faire de lien entre ces deux centres de l'actualité. Surtout quand on revoit l'image de l'envoyé spécial d'Israël, Bernard-Henri Lévy, prendre sous sa coupe les premiers rebelles ukrainiens, et les introduire à l'Elysée. Comme il l'avait fait avec Sarkozy pour la Libye. On remarquera que les deux pays ne s'en sont jamais relevés. L'intérêt pour Israël d'allumer un autre feu pour détourner l'attention sur ces méfaits est évident. Il faut cependant y ajouter qu'en poussant l'Europe vers une confrontation avec la Russie, Israël fait un coup double. Régler le compte avec Poutine pour son soutien à la Syrie, mais également avec l'Europe «coupable» d'avoir reconnu le nouveau gouvernement d'union nationale palestinien qui compte des membres du Hamas. Et puis, il y a eu cette directive de l'UE en juin 2013 qui exclut de «tous les accords entre l'Etat d'Israël et l'UE, les territoires occupés». Ce qui veut dire que l'UE refuse de financer les sociétés israéliennes installées en territoires occupés. Pour Netanyahu, cette directive «entrave le règlement du conflit (israélo-palestinien)». Quant à Obama et son processus de paix...Israël n'ayant plus le soutien des grandes puissances, leur «rend la monnaie». Les pays arabes autour d'Israël ne sont pas en état d'affronter militairement, aujourd'hui, Israël. Il suffit de tirer sur ce fil d'Ariane pour comprendre plus et mieux. Et trouver le lien entre Kiev et Ghaza!