Loin de ce qui avait pu être affirmé il y a quelques mois, les prix pétroliers ne tendront pas vers les 200 dollars le baril, mais vont rester sous les 50. Gérard Vespierre, associé fondateur de Strategic Conseils et chercheur associé à la Fondation pour l'étude du Moyen-Orient (Femo) constate dans La Tribune que le monde assiste depuis le 6 juillet à une nouvelle baisse spectaculaire du prix du baril de pétrole et le baril de Brent, référence européenne, qui est passé de 61 à 49 dollars, une baisse de 20% en un mois. «Nous nous retrouvons presque au niveau des prix les plus bas du mois de janvier, après la chute du dernier trimestre 2014, et le rebond à 65 dollars au printemps même si les prévisions établies par les organismes internationaux tablaient sur un prix du baril à 60 dollars en moyenne sur l'année. Que se passe-t-il? s'interroge le spécialiste. Selon lui, «nous arrivons à un carrefour, où les routes qui s'appellent évolution de la production, tendance de la consommation, niveau de stock, convergent pour prendre un tournant que l'on voulait ne pas voir venir». Après la spectaculaire chute des prix, nombreux étaient les commentaires expliquant que ce nouveau niveau de prix allait conduire les Etats-Unis à réduire leur production de pétrole de schiste car leur coût d'extraction élevé, autour de 60 dollars, les ferait produire à perte. Les indications montrent clairement que sur les six premiers mois de 2015 la production américaine a continué de progresser. Les perspectives des six prochains mois sont à la décélération, avec une projection de production de 9,2 millions de barils par jour en décembre. «Néanmoins cela donnera une production moyenne de 2015 autour de 9,3 mb/j, soit 10% de plus que la production moyenne de 2014», est-il indiqué. Les Etats-Unis ne sont pas seuls dans la situation d'augmenter leur production, mais il y a aussi le Canada qui continue également sur la même voie. Et pour le futur, les regards se tournent vers l'Iran qui aura certainement dans les temps à venir comme objectif d'augmenter ses recettes pétrolières. «Dans le carrefour du pétrole 2015, nous sommes donc dans une trajectoire de production toujours à la hausse», est-il ajouté. Pour la demande et la tendance de la consommation, l'analyste souligne que si l'on considère dans un premier temps les tendances macro-économiques, et la croissance des grands pays industriels, il convient de dire que l'année 2015 est en ralentissement par rapport soit aux prévisions soit aux taux de croissance 2014. La Chine ralentit, et sa hausse de consommation de pétrole en 2015 se situerait à 0,3 mb/j seulement. Il y a cinq ans à peine, la hausse de la consommation chinoise se situait autour de 1 mbj et le ralentissement est spectaculaire. Aux Etats-Unis, la croissance économique se profile à 1% de moins que prévu. La consommation de brut 2015 ne devrait donc pas être au rendez-vous des projections et se limiter à 0,2 - 0,3 mb/j. «Nous sommes donc aux Etats-Unis aussi dans un processus de ralentissement de la demande de pétrole brut», est-il souligné. L'Europe continue aussi sa diminution-stagnation de consommation de pétrole, sous le cumul des effets d'une croissance faible, du développement des énergies renouvelables et des progrès techniques conduisant à la réduction de la consommation industrielle et automobile. «L'excédent de production ne sera pas absorbé par une augmentation naturelle de la demande, mais par une réduction volontaire de la production..... La prochaine réunion de l'Opep sera intéressante... Réduire la production au lieu de l'augmenter! 2015 est un grand carrefour», est-il conclu.