Le procès s'est déroulé dans une ambiance curieusement détendue à la limite même de l'indifférence. Le «Ben Laden du désert» Amari Saifi, dit Abderezzak El Para, a été jugé et condamné à perpétuité par contumace hier, par le tribunal criminel près la cour d'Alger pour «création d'un groupe terroriste armé.» Poursuivi en Algérie pour «plusieurs crimes terroristes qu'il a commis ou commandités depuis 1992», l'ancien numéro 2 du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (Gspc) a été également accusé de «propagation de la terreur au sein de la population». D'autres procès devront suivre pour son implication dans d'autres affaires, notamment l'enlèvement, l'été 2003 dans le Sahara algérien, de 32 touristes. Etant absent au procès puisqu'il n'a pas répondu à l'appel du président du tribunal qui l'a invité à se présenter à la barre, il a été condamné à partir des termes de l'arrêt de renvoi dont il a été cité. A 10h 58, la salle n°2 était pratiquement vide, pourtant, dans le procès qui allait se dérouler il est question d'un des noms les plus connus des forces de sécurité dans le monde: Amari Saifi dit El Para. L'audience et les plaidoiries se sont déroulées dans une ambiance curieusement détendue à la limite même de l'indifférence. Les éléments des services de sécurité, des gendarmes et des policiers, les familles des accusés dont les présents étaient au nombre de cinq, et quelques journalistes, sont loin de remplir la salle d'audience. Avec le réquisitoire, les plaidoiries, toutes formalités et autres procédures comprises, le procès n'a pas duré plus de deux heures. Le verdict, lui a duré beaucoup plus longtemps. Le procès qui s'est déroulé hier, a déjà fait l'objet d'un rapport au début du mois. Le tribunal a expliqué ce report par la «non-audition de l'un des accusés». Le procès a été renvoyé en avril dernier en raison de l'absence de l'un des accusés, alors en détention dans un établissement pénitentiaire à Constantine. Ancien officier des forces spéciales de l'armée algérienne, un parachutiste, déserteur des rangs de l'armée, le chef terroriste s'est illustré au mois de décembre 2002 par l'enlèvement de 32 touristes, pour la plupart des Allemands au sud du pays. Une action qui a été incroyablement médiatisée de par le monde pendant près de cinq mois, soit la durée de l'enlèvement. El Para aurait ensuite reçu une rançon du gouvernement allemand pour renforcer son arsenal militaire et se retrouver ensuite au Tchad, détenu après une longue cavale par le Mouvement pour la démocratie et la justice au Tchad (Mdjt). Devenu un prisonnier encombrant mais stratégique pour ce mouvement «rebelle», El Para aurait fait l'objet de plusieurs tractations mais surtout un moyen de médiatisation internationale pour le mouvement tchadien. «Abderrazak El Para», de son vrai nom Amari Saïfi, a été extradé le 27 octobre 2004 par les autorités libyennes et remis à la police judiciaire algérienne. Le jugement du «Ben Laden du désert» pour son rôle en tant que chef du Gspc de la région de Batna, est intervenu en même temps que celui des cinq autres présumés islamistes armés. B.Nassredine, N.Abdelwahab, N.Salah eddine, Saifi Amari dit El Para, A.Mohammed Charif et son frère A.Walid. Alors que le procureur de la République a requis 20 ans de prison pour les cinq accusés présents, deux ont écopé de trois ans de prison ferme, alors que trois autres ont été tout simplement acquittés. Deux chef d'inculpation ont été retenus contre eux, à savoir appartenance à un groupe terroriste et distribution de tracts subversifs. Les cinq accusés ont été arrêtés en 2002. Ils ont nié les deux chefs d'inculpation en bloc et même tout ce qui ce qui a été rapporté dans le procès-verbal établi par la police judiciaire ainsi que celui établi par le juge d'instruction, malgré les insistances du président du tribunal exhibant les PV avec les signatures des accusés opposées.