Cet accord, qui regroupe deux puissances régionales que tout séparait il y a à peine dix ans, n'a pas été au goût du voisin marocain. L'Algérie et l'Iran ont signé, hier, à Téhéran, un procès-verbal de coopération portant sur le domaine militaire pouvant faire l'objet d'un échange d'expériences entre les armées des deux pays. Le procès-verbal prévoit également le renforcement, le développement et la diversification des relations entre les armées algérienne et iranienne pour consolider les liens existants entre les peuples des deux pays. Même si l'armée algérienne a déjà signé pareils accords avec d'autres partenaires de par le monde, il y a lieu de signaler le caractère quelque peu spécial de ce rapprochement entre l'Algérie et l'Iran dans le domaine militaire. Les relations entre les deux pays ont été au plus bas, voire carrément coupées, à la suite du soutien ouvert apporté par le régime des mollahs à l'ex-FIS. Plus encore, l'Iran était accusé, à l'époque, par les autorités algériennes d'avoir pris une part active dans l'approvisionnement des groupes armés, ce qui a justifié la rupture de toute relation diplomatique entre les deux pays. Les réformes politiques engagées par le gouvernement Khatami a permis le dégel de ces relations. Le retour des ambassadeurs a constitué, à ce titre, le premier pas vers un réchauffement qui est allé crescendo jusqu'à aboutir à un niveau stratégique, à l'image du procès-verbal signé entre le chef d'état-major, le général Mohamed Lamari et le ministre iranien de la Défense. Cet accord, qui regroupe deux puissances régionales que tout séparait il y a à peine dix ans, n'a pas été au goût du voisin marocain, dont la presse n'a pas tardé à faire des commentaires acides sur le rapprochement et d'y voir un motif de déséquilibre des forces dans la région du Maghreb. Ce retour de l'armée algérienne sur la scène internationale, après une longue éclipse, semble inquiéter au plus haut point le royaume chérifien. Une inquiétude manifestée avec de plus en plus de bruit, ces dernières semaines, avec son lot de campagnes haineuses contre l'ANP. Cependant, toutes ces attaques contre l'Algérie ne semblent pas influer sur la démarche de professionnalisation de l'armée algérienne qui a déjà un pied dans l'OTAN.