À entendre Belkhadem, on pourrait croire que le FLN va repartir en guerre contre la France. À la réunion, hier, de la commission de préparation du neuvième congrès du “parti unique”, son secrétaire général a, une nouvelle fois, revêtu le costume du rédempteur qui doit contraindre l'ancienne métropole à “présenter ses excuses” au peuple algérien et à l'“indemniser”. Depuis le temps que la demande de “repentance” joue les fonds de commerce à usage politique interne, il serait peut-être temps de poser la question qui découle naturellement de cette exigence, trop récurrente pour en rester encore à l'état de simple réclamation. En d'autres termes, jusqu'à quelle initiative les dirigeants nationaux en général, et ceux d'entre eux, en particulier, qui, comme Belkhadem, en ont fait un moyen de harangue, peuvent-ils aller pour imposer le repentir de l'ancienne puissance coloniale ? Sarkozy a clairement déclaré, et à Alger, lors de son dernier séjour chez nous le 10 juillet 2007 : “Je ne veux pas de repentance envers l'Algérie.” À ce qu'on sait, il est toujours président de la République française. À partir de là, ou on en fait un préalable à la normalisation des relations bilatérales ou on poursuit des rapports sans conditions avec l'Etat en question. Si le FLN de Belkhadem était en mesure de porter aujourd'hui de vraies causes, cela se serait su. On l'aurait su dans les années 1990 quand il commençait à composer avec un islamisme belliqueux, conduisant le pays au compromis historique et antirépublicain qui, aujourd'hui, impose une redirection historique au pays ; on l'aurait su quand il fallait relever le défi face à un Iran avec lequel il traitait en bonne… intelligence pendant que les mollahs lançaient leurs têtes de pont terroristes contre notre pays ; on l'aurait su, ces jours-ci, alors que ses parrains égyptiens de la vingt-cinquième heure traînent les symboles du FLN véritable dans les rues boueuses et poussiéreuses du Caire. Coquille politiquement vide pour un personnel politique dévoué au système rentier, il continue à s'approprier l'héritage révolutionnaire de l'Algérie pour s'en légitimer ! La question de la repentance est assez sérieuse pour la réduire en objet de bravades pour tribunes organiques ou électorales ou en sujet de tartarinades visant à compenser les carences d'imagination politique. Il n'y a même pas à craindre pour la paix algéro-française, Belkhadem et ses auxiliaires n'ayant rien à voir avec les “vingt-deux” du CRUA. Au lieu de se retourner contre Paris en boycottant, par exemple, ses hôtels, ses hôpitaux, ses banques et ses boutiques, c'est à nous qu'on s'adresse pour nous faire la leçon de l'exigence patriotique, alors même que les intérêts français n'ont jamais été aussi bien servis ! Le jour même où Belkhadem surenchérissait, ajoutant l'exigence d'indemnisation à celle de la repentance, l'Algérie attribuait, au cours d'une séance d'ouverture de plis, sous l'égide d'un autre ministre, un périmètre pour la recherche et l'exploitation du pétrole à un consortium français composé de Total et Partex et un autre à un consortium international comprenant, entre autres compagnies, la française GDF. La simultanéité du propos et de l'acte marque le contraste entre la vanité du verbe et l'éloquence du geste. Dans tout ce que fait le régime. M. H. [email protected]