Beaucoup de gens ignorent que Tahememt n'est traversée que par le chemin de wilaya n° 26. Cela peut expliquer en partie le souci, sinon le calvaire que rencontrent les habitants du village, dont beaucoup font la navette quotidiennement pour se rendre sur leur lieu de travail à Batna, car ils sont pris en otage par les différents transporteurs, et la situation est la même depuis plus de vingt ans. Au pied du mont Bouarif, à l'ombre de Kef Lahmar (le rocher rouge) et à plus de 1 100 m d'altitude, se trouve la coquette de l'Aurès, El-Madher. Mais elle ne peut se contenter d'un nom de lieu, comme les autres villes. Tour à tour Casae, Aïn El-Ksar, El-Madher, Ouled Athmen, les habitants de cette paisible ville lui préfèrent le nom de Tahememt. Et à l'image de leur belle cité, les Tahememtis sont enclins aux sobriquets des plus biscornus : Trinita, Sancho, Bastos… Ce n'est pas le Far West, mais bel et bien la ville de Tahememt qui se situe à 25 kilomètres au nord-est du chef-lieu de la wilaya de Batna, sur une superficie de 99,96 km2 et dont la population est de 18 425 habitants. Commune mixte depuis 1884, elle portait à l'époque le nom d'Aïn El-Ksar. Aujourd'hui, ce beau village où il fait bon vivre fait parler de lui. Lors d'une rencontre avec le maire de cette ville, M. Benammar, qui est à son deuxième mandat consécutif à la tête de l'exécutif, celui-ci nous explique que cette réussite de gestion ne relève ni de la magie ni encore moins des pouvoirs exceptionnels. “J'ai choisi la transparence et l'implication des citoyens dans les affaires et la gestion de la cité. Je suis à mon deuxième mandat en tant que maire, et cette démarche a porté ses fruits ; les citoyens demandent à être consultés et impliqués. Le principe est élémentaire : le bien de la communauté.” Et de poursuivre : “Nous avons une assez bonne activité commerciale, mais ça ira beaucoup mieux avec le redémarrage de la zone d'activité qui est à l'arrêt depuis 20 ans. Les projets qui sont en cours de réalisation ou qui verront le jour dans un futur proche nous donneront encore du souffle. Le nouveau pôle universitaire n'est certes pas sur notre territoire, mais nous espérons que les jeunes de notre ville auront leur part dans le partage de l'emploi. Nous ne comptons pas changer ou modifier le caractère touristique et attrayant de notre ville. Nous ouvrons la porte aux investisseurs qui s'intéressent à ce créneau, et là aussi, la région a des arguments. Une verdure luxuriante, de l'air pur et des espaces qui ne demandent qu'à être exploités. Vous l'avez certainement remarqué à l'entrée de la ville, à droite de l'oliveraie, les travaux ont déjà démarré pour la réalisation d'un centre équestre privé aux normes internationales. Nous travaillons dur pour la réalisation d'un grand espace de repos pour les familles, mais aussi le bitumage des routes et le reboisement. Cependant, nous rencontrons un gros problème dans le domaine foncier, l'absence des actes notariés pour la construction et la réalisation qui nous freine énormément et ça ralentit nos projets d'expansion indispensables pour notre commune.” Le transport… un point faible Beaucoup de gens ignorent que Tahememt n'est traversée que par un CW (le chemin de wilaya n° 26). Cela peut expliquer en partie le souci, sinon le calvaire que rencontrent les habitants du village, dont beaucoup font la navette quotidiennement pour se rendre sur leur lieu de travail à Batna, car ils sont pris en otage par les différents transporteurs, et la situation est la même depuis plus de 20 ans. Aussi bien le président d'APC que les citoyens que nous avons rencontrés reconnaissent que cette situation n'a que trop duré. À ce sujet, ils n'y vont pas avec le dos de la cuillère. Belkacem Sghir, un enseignant à la retraite, nous dit : “Il n'y a pas une vraie prise en charge du problème. Nous sommes à 25 kilomètres de Batna, mais nous avons l'impression d'être à 100 kilomètres. Et encore, depuis qu'ils ont obligé les chauffeurs de taxi de stationner à la nouvelle gare routière, les voyageurs sont jetés à l'entrée de la ville de Batna comme de la marchandise.” Un autre citoyen évoque le diktat des taxis jaunes, qui refusent que des taxis collectifs et des minibus travaillent sur l'axe El-Madher/Batna. Pour la majorité, seuls les bus de l'entreprise des transports urbains peuvent solutionner ce problème et à jamais, comme c'est le cas de la ville de Tazoult. Les citoyens nous ont informé que la direction du transport pense et sérieusement à la réalisation d'une petite gare routière à Tahememt, et c'est ce qui manque justement. À la mémoire des enfants du village La Journée mondiale de l'enseignant a été célébrée à Tahememt et d'une manière singulière. Au centre culturel de la ville, une exposition de photographies représentant les premiers enseignants d'origine algérienne, dont le premier directeur d'école que Tahememt avait connu, Ben Dib Mohamed El-Mokhtar, dit Khtaïr, que d'aucuns à El-Madher connaissent. Au pays de la cigogne et de l'olivier, ce ne sont pas les figures qui manquent ; durant la guerre de Libération, Tahememt avait payé un lourd tribut. Qui ne souvient de Smadi El-Ouardi, Belkacem Rabah, Rahal Aziz, Boudhraâ et bien d'autres, qui, par leur sacrifice, ont permis aujourd'hui à leurs petits-enfants de goûter à l'indépendance.