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L'honneur Perdu du MC Oran
Le Conflit Elimam-Djebbari L'a contraint au Forfait
Publié dans Liberté le 11 - 10 - 2003

Incroyable, invraisemblable, condamnable, inimaginable, humiliant, houleux, dégoûtant, catastrophique, inavouable... inqualifiable ! Aucun épithète ne peut vraiment ... “qualifier” ce qui s'est produit en cet “historique” jeudi 9 octobre 2003 dans les vestiaires du temple bélabésien du 24-Février-1956. Le Mouloudia d'Oran a vécu la plus humiliante “déculottée” de son histoire où les règlements et lois ont été piétinés, le football tué à coups de poignard dans le dos. La faute à qui ? À la bêtise humaine, au manque de civisme et d'éducation de ceux qui croient faire et défaire le football à Oran et surtout à l'irresponsabilité et l'inconscience de ceux qui s'autoproclament à coups de tapageuses déclarations et sorties médiatiques à répétition, “défenseurs” d'un MCO ridiculisé, trahi par la lâcheté de ces hypocrites “sans scrupules” et plus que jamais au fond, tout au fond du gouffre. Car, ce désormais ex-prestigieux Mouloudia a bel et bien touché le fond jeudi, au vu et au su de toute l'Algérie du football qui a dû rire sous cape des malheurs d'un club otage de convictions personnelles et de conflits d'intérêts. Le scénario-catastrophe était, cependant, connu de tous. À l'avance. Mais personne n'a levé le petit doigt dans les hautes sphères dirigeantes (politiques et sportives) pour arrêter le massacre ou éviter ce combat que tout le monde savait... inévitable. Personne dès lors, alors que certains éternels “optimistes” s'attendaient au meilleur, tout ce beau monde se mit, en revanche, à craindre le pire devant l'insistance sur fond d'entêtement, de chacun des camps, à faire la loi.
Deux équipes, Une Place !
Bel Abbès devait trancher entre Djebbari et Elimam. Bel Abbès a finalement été le théâtre d'une guerre de tranchées entre deux équipes qui ne formaient qu'une. Bon nombre de scénarios étaient envisageables. Pas celui-là. On savait cette “bataille” de Bel Abbès d'une extrême importance, étant donné que l'on ne cessait d'affirmer sur la place sportive d'El-Hamri que l'équipe qui “réussirait” à être celle qui affrontera le NAHD devant les caméras de la télévision nationale, gagnerait inéluctablement la guerre et prendrait, par ricochet, le pouvoir. Mais on était loin de se douter que l'on tomberait si bas. Que le MCO tomberait si bas. Et dire qu'il ne s'agissait que d'un match de football. Un jeu !
Un jeu auquel deux équipes devaient participer. Elles étaient malheureusement trois. Une algéroise, le NAHD, et deux “siamoises” oranaises ! Il fallait absolument que l'une d'elles laisse sa “vie” à l'autre. Chaque camp adopta alors une politique et un plan de guerre dont la finalité demeurait, bien évidemment, d'être “celui” qui pénétrera sur le terrain. Celle du clan du président Kacem Elimam, était claire, arriver le premier au stade et prendre possession de l'espace réservé au MCO.
11 h 30 : Elimam est Déjà là
Il était onze heures trente lorsque le premier groupe conduit par Kacem Elimam, arriva au stade du 24-Février-1956. Ouaman, Mazri, Ouasti, Benzerga, Gaïd, Boukessassa, entre autres, le pas sûr, le regard dur prennent place dans les vestiaires. Elimam est décontracté, Maâtallah de bonne humeur comme d'habitude et le reste de la délégation impatiente d'en finir avec cette épreuve de force et prouver que c'est celui-là le vrai MCO. Dans ses rangs, il y a Khaled Rihi, perdu de vue depuis déjà quelque temps, mais surtout Abdelhamid Merrakchi qui avait été, rappelle-t-on, congédié par la direction de Djebbari sur instruction de Revelli. “Ils sont venus me chercher le mercredi soir à Témouchent. J'ai accepté tout de go. J'ai l'occasion aujourd'hui de me venger de Revelli qui m'a fait tant de mal. Je lui prouverai qui je suis”, nous dira l'athlétique Abdelhamid, visiblement, tout aussi motivé que ses coéquipiers Ouaman, Mazri et Ouasti, dont le regard (et les paroles, surtout) expriment leur rage de…jouer et de vaincre, non pas le NAHD, mais l'autre… MCO ! Celui de Youcef Djebbari. Ce dernier arrivera sur les lieux (du crime ?) bien après. À 13h00 pour être plus précis. Cette fois-ci, ce fut au tour des Zidane, Bendida, Marcel, Moumen, Daoud Sofiane et Acimi (encore que ce dernier a été le seul à passer la nuit chez lui, question de rester neutre) et neuf autres juniors de prendre place dans un… autre vestiaire, au grand désappointement des membres de la délégation du NAHD, ne comprenant pas vraiment ce qui se passait sous leurs yeux. Contrairement au clan d'Elimam qui ne fut accompagné que par quelques fans fidèles, l'équipe de Djebbari était renforcée par “deux poids lourds” de l'histoire mouloudéenne et figures emblématiques du club : Mourad Meziane et Abdelkader Fréha.
La Bataille de Bel Abbès
Le face-à-face entre les deux “équipes” créera, comme il fallait du reste s'y attendre, un climat électrique et une ambiance tout simplement insupportable. Les intimidations par le biais de regards qui “tuent” et de mines des mauvais jours furent, dès lors, légion.
Alors que Djebbari laissait apparaître des signes inhabituels d'affolement, son rival, Elimam, s'amusait très sérieusement à fumer, une, deux, trois cigarettes, question de “tuer” le temps avant le moment de vérité, celui de la décision finale du délégué de la rencontre, le personnage, sans conteste, le plus important de cette “affaire”. Le trio d'arbitres se composant de MM. Ouchène, Debbiche et Trea, ce même délégué était M. Zerhouni, tandis que M. Miloud Achouri était envoyé, selon ses propres termes, par la LNF pour suivre et superviser les évènements. L'heure fatidique approchant, les esprits des deux clans s'échauffèrent, jusqu'à atteindre un point de non-retour. Djebbari affirmait, d'un côté qu'il était le président, qu'il détenait les licences des joueurs et que ses protégés devaient donc jouer. Elimam, clamait, de l'autre côté, que c'était lui le président, l'ambiance était surchauffée. Les vestiaires bouillonnaient et la présence d'une masse d'agents de l'ordre ne réussira en rien à calmer les esprits. Bien au contraire, c'est à ce moment précis que Kacem Elimam a choisi de “révéler” son arme secrète : il avait reçu le matin même les duplicata des licences des joueurs qui lui furent envoyés par la Ligue nationale par un émissaire. On a avancé sur ce point que cet émissaire de la LNF n'était autre que Achouri. Après la wilaya d'Oran, la DJS et la FAF ce fut donc au tour de la LNF de “légaliser” l'intronisation d'Elimam. Presque choqué par cet inattendu événement, Djebbari manque de se trouver mal.
Lorsque Djebbari “Frappe” Elimam
Constatant la “légalité”, selon ses termes, des documents avancés par Elimam, le délégué de la rencontre tranche : c'est l'équipe du dernier nommé qui aura le droit d'affronter le NAHD. “Désavoué”, Djebbari, de nature très calme, explose. Il accule alors le délégué, M. Zerhouni en l'occurrence, et M. Achouri Voulant sans aucun doute être présent aux côtés du dernier nommé pour “dissuader”, Djebbari de le… “dissuader”, Elimam s'accroche “verbalement” avec son antagoniste. Dans un geste de colère, Youcef Djebbari touche de la paume de la main Kacem Elimam au visage. La scène surprend, choque et inquiète. La réaction de “l'agressé” est plus calme puisqu'il ne rend pas la pareille à son rival. Le débat pour savoir qui jouera reprend de plus belle dans la loge des arbitres. Là, M. Achouri est catégorique : “C'est l'équipe de Kacem qui jouera”, lancera-t-il à l'adresse de Djebbari. Loin de s'avouer vaincu, le dernier nommé aura des mots très durs et des accusations graves à l'encontre du représentant de la LNF. “Vous êtes en train de nous foutre la pagaille ici. Vous allez engendrer une catastrophe à Bel-Abbès, et vous serez seul responsable. Je sais ce que vous magouillez. C'est Bensekrane qui vous a envoyé. Alors, soit vous arrêtez, soit je dénonce tout à la presse”, lancera-t-il au visage de M. Achouri, qui, entouré du service d'ordre, intime à Elimam de remplir la feuille de match.
Les Joueurs s'en Mêlent
Pendant ce temps, les joueurs de l'équipe d'Elimam, piaffant d'impatience, sortaient, tour à tour du vestiaire. Ils se retrouvèrent nez à nez avec Meziane, Belatoui et Fréha. Echange de politesse. Meziane traitera à voix basse ces joueurs de “lâches qui n'auraient jamais dû prendre le parti d'Elimam”. Les coéquipiers de Chaïb Toufik eurent à son encontre et à celles de Belatoui et surtout Fréha, des mots vulgaires et très vexants. Désolant et indigne de représentants d'un grand club nommé MCO. Le plus “ciblé” était, en effet, Fréha dont le tort, selon l'autre partie, était “d'avoir demandé au délégué du match de ne pas faire jouer la rencontre et donner, ainsi, match gagné au NAHD”. En aparté, le keeper Réda Acimi qui a choisi, très intelligemment et très professionnellement, de rester neutre “jusqu'à ce que le délégué eut désigné le président officiel”, selon ses dires, s'échauffait, le cœur serré, les larmes prêtes à “jaillir”, il suit le cours des évènements. “Cela fait presque une semaine que je suis malade ; je me suis entrainé seul. Maintenant j'attends, je ne peux, cela dit, guère m'empêcher de me dire que ce qui arrive là est gravement grave !” nous confiera-t-il. On apprendra par la suite qu'il avait pleuré à chaudes larmes après l'annonce officielle du forfait. Dans la loge de l'arbitre, la cacophonie est de plus en plus… stéréotypée.
M. Achouri désigne Elimam comme président et le somme de lui préparer la feuille de match. Djebbari crie, menace, puis propose qu'il se retire, lui et Elimam et laisser le soin aux sages que sont Fréha, Meziane et Benchicha de composer l'équipe qui jouera. Elimam refuse et joignant le geste à la parole, exhorte ses joueurs à se présenter en une seule file pour la traditionnelle vérification de licences. Tout indiquait, donc, que c'était l'équipe d'Elimam qui jouerait, enfin, cette rencontre qui, à 14 h 35, n'avait toujours pas débuté. Mais coup de théâtre...
On Déchire les Feuilles de Match !
Chaque feuille de match remplie était automatiquement déchirée par la partie adverse. Soit celle de Djebbari qui n'arrivait pas à accepter la décision du délégué, soit par celle d'Elimam qui refusait de voir l'autre équipe la remplacer. Après près de trente minutes de “négociations” sans résultat, le NAHD, et le trio d'arbitres firent leur apparition sur le terrain, saluèrent le public puis retournèrent aux vestiaires, dans lesquels se trouvaient toujours les deux “clones” du MCO.
Le club phare de l'ouest algérien venait de perdre par forfait une rencontre qu'il voulait doublement jouer, se faisant déjà humilier en direct devant des millions de téléspectateurs. Il perdait, donc, le match et un point défalqué.
Fréha le Mythe, pris à Partie
Après d'interminables disputes, chacune des deux parties se résignaient à son sort. C'était le moment du départ.
Le premier du clan Djebbari à avoir quitté les vestiaires était l'ex-gloire du MCO, Fréha Abdelkader dit “Bika”. Mauvaise idée, puisque plus d'une vingtaine de Hamraoua pro-Elimam était là. Insultés et pris à partie, très violemment, l'ex-tête d'or oranaise faillit être lynché. Meziane et beaucoup d'autres partisans de Djebbari reçurent le même traitement. Désolant et affligeant. Ils réussirent, néanmoins, tant bien que mal à quitter le stade, en compagnie de l'équipe. L'heure affichait exactement 15h07.
Cinq minutes plus tard, Djebbari sortit des vestiaires. Très très mauvaise idée puisque, très vulgairement pris à partie, il ne put quitter le seuil de la porte des vestiaires. Il renonça finalement et fit machine arrière.
Il quittera finalement l'enceinte par une autre porte, tout comme le groupe d'Elimam, une dizaine de minutes plus tard. À 15h17, tout le monde avait quitté les lieux sauf… cette bêtise humaine qui hantera encore longtemps nos stades devenus par la force des choses et l'inconscient des hommes des champs de bataille que l'histoire retiendra malgré elle.
Malheureusement.
A. K.
Dans les Vestiaires
Kheddis : “Du jamais-vu !”
Si du côté du MCO, c'était la pagaille, sur fond de consternation, du côté du NAHD, en revanche, la joie d'avoir empoché trois précieux points était entachée par un sentiment mitigé. “Nous sommes vraiment désolés de ce qui arrive au MCo, qui est un club que j'aime, que je respecte et que j'admire beaucoup. Je suis d'ailleurs un fervent supporter de ce club qui pratique un très beau jeu qui a fait sa légende. J'espère néanmoins que la sagesse l'emportera et que tout rentrera dans l'ordre”, dira le coach nahdiste, Mustapha Biskri à ce sujet à sa sortie des vestiaires.
Biskri : “Le MCO ne mérite pas cela”
L'ex-entraîneur du MCA et de l'USMBA était tellement peiné qu'il n'a cessé de répéter que “le MCO ne mérite pas ça”. Quant à Kheddis, il a eu cette phrase très révélatrice : “De mémoire de sportif, je n'ai jamais vu pareille chose.”
Achouri : “C'était inévitable !”
Approché à sa sortie des vestiaires, le représentant de la LNF nous a expliqué son choix de ne pas faire jouer cette rencontre. “Après avoir constaté que Kacem Elimam avait le droit d'exercer ses fonctions dans la mesure où ses documents étaient légaux et qu'il avait même des duplicata des licences des joueurs, je lui ai demandé de nous préparer la feuille de match. Le délégué et moi-même avions décidé que, suivant le règlement et les lois en vigueur, Elimam devait aligner son équipe. Mais comme vous l'avez constaté, il y a eu une pagaille générale qui a failli même dégénérer. De plus, chaque feuille de match remplie était sitôt déchirée par une partie ou par une autre. On aurait dit des gamins qui se chamaillaient. Devant l'impossibilité d'y voir clair et pour ne pas prendre le risque d'être responsable d'une bagarre qui pouvait mettre des vies en danger, nous avons préféré n'autoriser aucune équipe à jouer. Et selon le nouveau règlement, l'équipe adverse, le NAHD en l'occurrence, et les arbitres doivent constater, en moins de quinze minutes, le forfait. Ils pénètrent sur le terrain, saluent le public et rentrent aux vestiaires. Chose faite, d'ailleurs. Nous devons actuellement rédiger un rapport détaillé sur lequel se pencheront les commissions et structures concernées pour prendre les décisions qui s'imposent.”
Elimam : “La décision est venue d'Alger”
Eprouvé, mais point dépité par ce qui est arrivé, Elimam affirme avoir agi de la meilleure façon. “Il faut que les autorités locales interviennent. Comme je l'ai déjà dit, Djebbari refuse de reconnaître la légalité et la légitimité des documents en ma possession. Il s'oppose donc à l'état qu'il défie. Il s'est même présenté au stade avec une copie de l'agrément du club de 1989 pour tromper les gens. Il est en train de démentir toutes les instances, de la FAF à la DRAG, en passant par la LNF et la DJS. Heureusement que la police et le délégué ont su calmer le jeu (…) je pense, d'ailleurs, que la décision de ne pas faire jouer le match a été prise d'Alger et communiquée par téléphone au délégué, afin d'éviter une catastrophe. Le match n'est donc pas perdu et pourrait être rejoué. Djebbari cherche le pourrissement, c'est donc aux autorités locales d'intervenir.”
A. K.
C'est on ne peut plus honteux !
Ce qui s'est passé à Sidi Bel-Abbès fera tache dans l'histoire, pourtant glorieuse, du MC Oran. Deux “petits” présidents à l'appétit vorace n'arrivent même pas à s'entendre, l'instant d'un match, pour faire passer l'intérêt de l'équipe avant leurs mesquines ambitions ; des joueurs de la même équipe qui en arrivent aux mains, n'est ce-pas là l'illustration parfaite de l'état de déliquescence dans lequel se trouvent nos clubs ! La foire est mise à nu. Notre football, à quelques exceptions près est entre les mains d'opportunistes qui n'hésitent pas à faire appel à des méthodes de voyou pour s'agripper à des intérêts sordides, à mille lieues de ceux du foot. Mais il y a pire ! En effet, il est difficile de trouver des qualificatifs pour dénoncer l'attitude du wali et de la DJS d'Oran, de la DRAG qui ont préféré laisser faire, poussant sciemment la situation au pourrissement. Ce sont eux les vrais responsables de cette véritable mascarade, car il n'y a que dans une autorité démissionnaire, fonctionnant à coups d'ordres venus d'en haut, que les charognards peuvent piétiner la loi. Et la FAF ? diriez-vous. Eh bien, le moins que l'on puisse dire c'est qu'elle est tout simplement dépassée par les événements dans cette étrange affaire des Hamraoua.
S. B.


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