La pierre inaugurale de la ville de Batna, témoin de la naissance de la capitale des Aurès, a été jetée à la fourrière communale. Pourtant, elle est le (ou un des) lien(s) avec l'histoire, le passé et la mémoire de la ville. Retour sur l'histoire de cette "pierre". La pierre inaugurale de la ville de Batna ne semble pas faire l'objet de recherches, ni de convoitise, par les historiens ou archéologues. Tour à tour saccagée, délogée, émiettée et...jetée à la fourrière communale. Qui a décidé de cette mise en fourrière ? Lorsqu'une pièce aussi rare, sinon unique risque de disparaître, qu'y a-t-il lieu de faire ? En attendant que des mesures soient prises, revenons sur l'histoire de cette pierre. La pierre inaugurale de la ville de Batna a été baptisée en 1847, et érigée à l'entrée nord de la ville. A l'époque, elle était baptisée "la nouvelle Lambèse". En 1848, le duc d'Aumale devait se diriger vers le sud de Constantine afin de maîtriser les tribus berbères cantonnées à travers tout le massif auressien. Accompagné d'officiers supérieurs de l'armée coloniale (dont le général Bigeard), il arriva au lieu-dit Bathent, actuelle Batna, où il érigea une pierre inaugurale en 1848. Située à l'entrée de la ville sur un monticule près de l'oued Gourzi (pont rouge), elle était en même temps le point de départ de la mise en place d'une garnison militaire (quartier du camp Dar el-général) qui existe toujours. La première appellation donnée par l'armée coloniale à la capitale des Aurès était "Nouvelle Lambèse" (arrêté du 12 septembre 1848), en rapport avec Lambèse et son pénitencier construit sous le régime de Napoléon Bonaparte. Toutefois, à partir du mot "bivouac", utilisé souvent dans le jargon militaire, il existe une hypothèse selon laquelle Batna serait une abréviation de Bataillon de tirailleurs, cependant, cette hypothèse semble ne pas faire l'unanimité, sachant que "si la ville n'existait pas à l'arrivée de l'armée coloniale, le lieu était déjà habité", selon un voyageur anglais, qui, dans ses notes de voyages, parle d'habitants d'un lieudit Bathent, en chaoui. Selon les militaires français, plusieurs tribus y vivaient déjà : entre Ich Ali, Gabal Bouârif et Djebel Belezma qui va devenir après la ville de Batna ; Aith Chlih dont les habitants vivaient entre Hamla et Taghit ; Aith Sidi Yahia dont les habitants vivaient à Parc à Fourrage, une partie de Bouakal et jusqu'à Lambèse ; Ouled Aâbdi (d'origine hilalienne) qui vivaient au sud-ouest de la ville axe Tamchit Bouakal, zmala et aussi une partie de Kéchida. La pierre inaugurale de Batna avait déjà perdu son socle, il y a une quinzaine d'années, lors de son extraction pour les besoins de la réalisation d'une gare routière. Lors de son extraction, le monument a été endommagé. Témoin d'une histoire, d'un passé et d'une mémoire, cette pierre est aujourd'hui dans un état alarmant.