Un courant religieux marque encore la spiritualité à Mazagran qui vénère un saint “Sidi Belkacem”, à qui l'on attribue beaucoup de miracles. Tous les jours de la semaine et particulièrement le vendredi, les femmes viennent faire leurs dévotions au tombeau. Dans la cour de la mosquée, un espace rustique contient la chasse du saint, couverte d'un tissu coloré que l'on apporte en offrande pieds nus, les femmes baisent le sol, subtilisent une poignée de terre qu'elles enferment religieusement dans un mouchoir et poussent des youyous perçants à la gloire du saint. Puis ayant accompli leurs prières, elles sortent en reculant pour ne pas tourner le dos au saint. Dans ce climat mystique, pas de présence masculine. C'est pour les jeunes filles l'occasion de parler de mariage, pour échapper à ce qu'elles considèrent comme une “prison”. Les discussions se prolongent sur le trottoir où des nattes ont été étendues. Les pratiquants se prosternent avec ferveur, sans se soucier du bruit de la rue. Ces pratiques spirituelles autour de la personnalité d'un saint ont été combattues par des intellectuels, mais le maraboutisme reste profondément ancré dans la région. D. M.