Hier, l'hôpital célébrait la sortie de la 20e promotion de médecins et paramédicaux militaires. Si travailler à l'hôpital est un privilège auquel seuls les meilleurs peuvent prétendre, s'y faire soigner ou être hospitalisé l'est autant. C'est un corps militaire fier de son élite qui s'est regroupé hier à l'école de santé militaire de Aïn Naâdja afin de récompenser les efforts des étudiants de la 20e promotion de médecine et paramédicale. Plus d'une centaine de diplômés au total, dont des officiers spécialistes en médecine, chirurgie dentaire et pharmacie ainsi que des sous-officiers et des brevetés paramédicaux. La cérémonie de remise des diplômes, présidée par le secrétaire général du ministère de la Défense nationale, le général-major Ahmed Senhadji, a été une occasion de rappeler la spécificité de l'école qui choisit ses étudiants parmi les meilleurs lauréats de l'épreuve du baccalauréat. Dans son allocution inaugurale, le directeur de l'Ecole nationale de santé militaire, le colonel Souid Mohamed-Bachir, a rappelé l'importance qu'accordent les plus hautes autorités militaires à la formation dans le domaine de la santé. La cérémonie de sortie de cette promotion a été baptisée du nom de la chahida Sakina Ziza dite “Massika”. Née le 28 janvier 1934 dans la commune de Merouana, dans la wilaya de Batna, elle obtient son baccalauréat en 1953. Ensuite, elle se rend, en compagnie de son frère, en France pour poursuivre des études universitaires jusqu'à 1955. En 1956, précédant la grève des étudiants nationalistes, la chahida, accompagnée de deux autres moudjahidate, Meriem Bouattoura et Leyla Bouchaoui, se rend à Sétif où elle rejoint les rangs de l'Armée de libération nationale en qualité d'infirmière. Elle tombe au champ d'honneur le 29 août 1959. Une formation recherchée Ainsi, après une formation solide au sein d'une des plus exigeantes écoles de médecine, les nouveaux diplômés de l'ENSM vont rejoindre le plus performant des hôpitaux algériens : l'hôpital militaire de Aïn Naâdja, où chaque Algérien souhaiterait se faire soigner. “C'est le meilleur hôpital de la capitale et de l'Algérie en général. Ici, il y a tout, et puis les médecins et les paramédicaux sont vraiment au chevet du malade”, nous confie une dame à l'entrée de l'hôpital. “C'est ici que nos présidents, nos militaires et autres hauts fonctionnaires de l'Etat se soignent, même le président Bouteflika. C'est forcément le meilleur”, ajoute une vieille dame qui ne cache pas sa fierté d'avoir dans sa famille un gradé de l'Armée nationale. L'équipement ultramoderne, les médecins et les paramédicaux triés sur le volet ne sont pas les seuls à faire la réputation de l'établissement où la rigueur est le maître mot. Car en plus des soins de qualité dispensés par un personnel qualifié, c'est la rigueur et la discipline souvent absentes dans les hôpitaux civils que nombre d'Algériens viennent demander. Pour ce faire, on n'hésite pas à aller solliciter un proche, un voisin, un ami ou même l'ami d'un ami ayant une connaissance dans les rangs de l'Armée nationale. “Je suis médecin à AIn Naâdja depuis des années, et même si je ne fais pas partie du corps militaire, je suis certaine de ne pas pouvoir travailler dans un autre établissement de santé privé ou public. Nous sommes habitués à une certaine discipline et à un rythme de travail sans relâche que je doute de trouver ailleurs”. Notre interlocutrice et ses collègues avec qui nous nous sommes entretenus insistent sur l'importance du cadre de travail dans lequel ils évoluent. Si travailler à l'hôpital est un privilège auquel seuls les meilleurs peuvent prétendre, s'y faire soigner ou être hospitalisé l'est autant. Car de par son statut d'hôpital militaire, les soins à Aïn Naâdja n'ouvrent droit qu'aux éléments de l'Armée nationale et leurs proches, les hauts fonctionnaires de l'Etat ainsi que les moudjahidine. Chose tout à fait normale, explique un médecin qui ajoutera que “même si l'hôpital n'est ouvert qu'à une certaine catégorie de la population, les militaires, nous recevons beaucoup de civils dont les pathologies nécessitent une prise en charge d'appoint pour peu que l'hôpital où le patient a été admis lui délivre une prise en charge”. Ce procédé, apprend-on, permet de réduire la facture des prises en charge à l'étranger, notamment dans le cas des malades cancéreux. Inauguré dans les années 1980, l'actuel hôpital militaire est venu remplacer celui de Bab El-Oued, ex-Maillot, qui sera placé sous la tutelle du ministère de la Santé publique et ouvert depuis aux civils. Services nickel, personnels au chevet du patient à toute heure et un matériel médical de pointe, l'hôpital de Aïn Naâdja est pour beaucoup d'Algériens l'endroit idéal pour se faire soigner. “Ici, on est au moins certains d'être bien pris en charge, les médecins et les infirmiers sont respectueux du malade et avant cela de leur travail, chose qui manque beaucoup dans nos hôpitaux. Pourquoi les scanners ne sont jamais en panne ici et les médecins jamais absents ? C'est le laxisme et le mépris dans les autres hôpitaux et même les cliniques privées qui font que l'hôpital Aïn Naâdja est perçu comme un eldorado où même si l'on ne guérit pas, notre état ne risque pas de se dégrader”, conclut un jeune homme. Wahiba Labreche