ALGER - Le manque de financements nécessaires empêche la plupart des pays africains de mettre en oeuvre leurs programmes d'action de lutte contre la désertification et la dégradation des terres, ont souligné mardi à Alger les participants à un atelier de formation des points focaux africains et des sous-régions chargés de la lutte contre ce phénomène. Des représentants de 43 pays africains sont réunis depuis lundi à Alger pour traiter de la question de l'alignement des programmes d'action, nationaux et sous-régionaux de lutte contre la désertification à la stratégie décennale de la Convention des Nations unies pour la lutte contre la désertification (UNCCD) qui s'étale de 2008 à 2018. Cet atelier est organisé dans le cadre de la réunion régionale africaine qui se tient du 5 au 11 septembre à Alger en préparation de la 10ème Conférence des Parties de l'UNCCD prévue du 10 au 21 octobre prochain en Corée du Sud. La réunion d'Alger a pour objet d'harmoniser la position africaine sur des questions cruciales liées à la gestion durable des terres que le groupe Afrique devra défendre sous la présidence de l'Algérie à la conférence de Séoul. Tenir compte des objectifs stratégiques et opérationnels définis par la stratégie décennale de l'UNCCD Bien que la plupart des pays africains ait élaboré des programmes d'action de lutte contre la désertification, la majorité d'entre eux n'a pas mis en oeuvre leurs programmes d'actions nationaux (PAN), en raison du manque de ressources financières. Ce problème a été posé avec acuité par les intervenants à la deuxième journée de l'atelier consacré à l'alignement des PAN au niveau des points focaux. "Tant qu'on ne se donne pas l'effort de mobiliser les ressources nécessaires pour jouer notre rôle convenablement on ne peut pas avancer", a déclaré un représentant de la sous-région Afrique centrale. L'élaboration des PAN doit tenir compte des objectifs stratégiques et opérationnels définis par la stratégie décennale de l'UNCCD. Pour les objectifs stratégiques, il s'agit de l'amélioration des conditions de vie des populations et celles des écosystèmes affectés par la désertification, la génération des bénéfices à travers la mise en oeuvre de cette convention et la mise en place d'un partenariat global devant soutenir les efforts des pays dans la mise en oeuvre de la convention. Quant aux objectifs opérationnels, ils concernent l'éducation, la sensibilisation et l'information des acteurs, la revue des politiques publiques pour les adapter aux besoins de cette convention, la gestion de la connaissance et du rôle de la science et de la technologie en vue de mobiliser les chercheurs à accompagner le processus ainsi que le renforcement des capacités et la mobilisation des ressources financières et technologiques. Selon le chef de l'unité de coordination régionale pour l'Afrique de l'UNCCD, M. Boubacar Cisse, la convention sur la lutte contre la désertification est la seule parmi les trois mises en place lors du Sommet de Rio qui a eu moins de financement par rapport à celles du changement climatique et de la biodiversité. "En Afrique, depuis 1998 à ce jour, la majorité des pays ont élaboré leur programmes, mais malheureusement les ressources financières annoncées par les différentes institutions régionales et internationales n'ont pas été au rendez-vous", a indiqué à l'APS M. Cisse. Seuls les pays disposant de ressources financières ont pu mettre en oeuvre leurs programmes comme l'Algérie, qui finance son PAN à hauteur de 80%, affirme ce responsable onusien. 43% des terres productives en Afrique affectées par la désertification Le phénomène de la désertification touche tout le continent africain même les pays de l'Afrique centrale, réputée être une zone forestière. Cette région est concernée beaucoup plus par la dégradation des terres que par la désertification, qui elle concerne plus les zones arides. Selon M. Cisse, au moins 43% des terres productives en Afrique sont affectées par la désertification, soit 70% de l'activité économique du continent qui est menacée. Le phénomène touche également 40% de la population africaine, soit environ 400 millions de personnes touchées ou exposées à la famine, à l'insécurité alimentaire et aux migrations. "On a observé dans le Sahel que les terres sont tellement dégradées que les populations n'ayant plus rien à y tirer quittent, alors que certaines contrées sombrent dans les conflits dus aux difficultés d'accès aux ressources", selon le même responsable. L'UNCCD, qui compte 194 pays membres milite, au niveau international pour sensibiliser l'opinion internationale que la question de la gestion durable des terres est cruciale pour résoudre les problèmes de la sécurité alimentaire, des migrations et des conflit et contribuer à la conservation de la biodiversité et à l'atténuation des effets des changements climatiques.