La campagne électorale en prévision des élections locales du 29 novembre est lancée sur fond d'un discours politique marqué par l'absence de la dimension locale, reflétant un manque d'intérêt vis à vis des préoccupations des citoyens, ont estimé des sociologues. Le discours politique adopté par la majorité des formations politiques participant aux prochaines élections locales, est empreint de "généralités" et manque de "dynamisme", ont indiqué à l'APS les sociologues Nacer Djabi et Belkacem Moustfaoui, spécialisé dans les médias et la communication. A ce propos, M. Djabi a estimé qu'une "crise de discours et de programmes" caractérise ces élections locales qui font ressortir un "amalgame" entre les programmes nationaux et locaux. Selon le sociologue, les partis politiques proposent des solutions à de grands problèmes sociaux, à l'instar du chômage et du logement, qui nécessitent des mesures au niveau national. Apporter des solutions à ce genre de problèmes ne figure pas parmi les prérogatives des présidents d'APC et d'APW qui disposent d'un budget limité, a-t-il ajouté. Le fait d'ignorer ces détails par les formations politiques, enlève toute crédibilité à leurs discours, a souligné l'intervenant. Les citoyens reprochent aux élus leur manquement aux promesses tenues lors des campagnes électorales locales, ce qui crée une crise de confiance entre les citoyens et leurs représentants outre une abstention au vote, a-t-il expliqué. A cela s'ajoute, le manque de moyens financiers qui font obstacle à la concrétisation des objectifs fixés et véhiculés par un discours orné de promesses, a ajouté l'intervenant. Pour sa part, le sous-directeur de l'Ecole nationale supérieure des sciences de l'information et de la communication, Belkacem Moustfaoui, a estimé que la relation entre l'électeur et l'élu demeure "déficiente et limitée", et ce en dépit de l'expérience acquise par l'Algérie à travers les différents processus électoraux. Une comparaison entre les discours des formations politiques et les défis des élections qui constituent un mécanisme de transition démocratique et l'un des fondements de l'Etat de droit, permet d'éclaircir la situation. A chaque échéance locale, l'on constate la "faiblesse" des discours politiques des candidats qui ne concordent pas avec les préoccupations des électeurs, ce qui brise le lien entre les deux parties, bien qu'elles sont issues d'un même environnement et partagent des dénominateurs communs, a ajouté le spécialiste. "Il ne peut y avoir de réelle représentation démocratique sans une continuité politique" entre l'élu et l'électeur, a expliqué M. Moustfaoui qui a ajouté que cet état de fait induit un "désintéressement" des citoyens vis a vis des campagnes électorales et du vote. En dépit des lacunes soulevées, des élections sont organisées à travers la mobilisation de l'"lectorat et le choix des candidats", mais sans se préoccuper de ce qui est plus important : "convaincre le citoyen de l'importance du vote". A une question sur l'impact du nombre des partis politiques participant aux élections (52 formations), outre les indépendants sur le processus électoral, M. Moustfaoui a indiqué que "le nombre n'a jamais reflété le niveau de participation". "L'ouverture du champs politique à toutes ces formations politiques sans tenir compte de leur niveau et degré de structuration n'est pas la bonne solution", a-t-il ajouté. Il a estimé qu'il est nécessaire de contrôler les formations politiques agréées, de suivre leurs activités et d'évaluer leur efficacité sur la scène politique tout au long de l'année et non pas lors des élections seulement. Il est également nécessaire de dissoudre tous les partis stériles ou de leur retirer l'agrément, comme est le cas dans plusieurs pays, tout en élargissant le champ politique aux indépendants, a estimé M. Moustfaoui qui propose également la création d'une "autorité de régulation pour suivre l'activité des partis politiques".