Le Mouvement des pays non-alignés (MNA) est aujourd'hui face à de grands défis notamment ceux liés au développement économique et humain, à la stabilité politique et sécuritaire et à la restructuration des instances de la gouvernance mondiale, ont souligné à Alger des politologues. "Le MNA se trouve aujourd'hui face à de nombreux défis qui ne sont pas totalement différents de ceux de ses deux premières décennies d'existence", ont indiqué à l'APS Mohamed Bouacha, enseignant à l'Ecole nationale supérieure des sciences politiques (ENSSP), et Mokhtar Mazrag, enseignant à l'université d'Alger. Pour les deux spécialistes, il est urgent pour le mouvement de se focaliser sur les questions de développement économique et humain, la stabilité politique et sécuritaire, et sur la restructuration des instances de la gouvernance mondiale pour mettre en place un système international plus équitable et faire sortir le Tiers-monde de la pauvreté et de l'instabilité. "La revendication d'un Nouvel ordre économique international, la mise en place d'une coopération sud-sud et bien d'autres revendications du 4e sommet du MNA, tenu à Alger en 1973, sont toujours d'actualité en dépit de la fin du choc idéologique entre l'Est et l'Ouest ", à relevé M. Boucha à la veille de la tenue de 17e Conférence ministérielle du MNA à Alger du 26 au 29 mai. Tel que l'a mentionné la déclaration de Téhéran (août 2012), l'ancien directeur de l'ENSSP a jugé "que le MNA doit se remettre sur les rails en tant que force de proposition sur la scène internationale et un acteur aux rôles multiples capable de transformer ses difficultés en potentialités". "S'orienter vers une coopération politique et diplomatique multilatérale au sein du MNA est l'un des plus grands défis d'aujourd'hui", a-t-il estimé, expliquant qu'une telle option peut changer les priorités de l'ONU et d'autres organisations internationales et régionales en matière de paix et de sécurité internationales. "Le MNA doit définir une nouvelle stratégie, qui se focalise principalement sur le développement, la sécurité et le transfert de la technologie", a recommandé M. Bouacha, soulignant que "la redéfinition d'une telle stratégie exige des efforts énormes, vu la grave perte de confiance à l'intérieur de ce mouvement et la folle course des Etats membres vers la séduction des grandes puissances pour des intérêts restreints qui portent préjudice à toute l'organisation". Pour sa part, Mokhtar Mazrag, a rappelé que le MNA "a durement combattu durant les années 70 et 80 pour aider les peuples à se libérer du colonialisme", précisant que cette période représente l'"âge d'or" du militantisme de ce mouvement pour un Nouvel ordre économique international qui garantirait la prospérité économique aux pays du Sud, à travers une souveraineté totale sur leurs richesses et ressources naturelles. Il a en outre souligné que "le bouleversement géopolitique généré par la fin de la Guerre froide ne remet pas en cause la raison d'être du MNA comme mécanisme de cohésion politique des pays du Tiers-monde face aux nouvelles menaces". M. Mazrag a relevé les "nombreux défis" auxquels fait face le MNA, notamment ceux liés au développement humain (éducation, santé et environnement). "Les progrès économiques enregistrés dans beaucoup de pays membres comme l'Afrique du Sud, l'Inde, l'Iran, la Malaisie, et de pays observateurs au sein de ce mouvement à l'image du Brésil et de la Chine, peuvent être une alternative efficace à la domination économique et commerciale des pays du Nord", a-t-il estimé. Pour lui, les organisations et les intégrations régionales créées par des pays du MNA telles que l'Union africaine (UA), l'Association des nations de l'Asie du Sud-est (ASEAN), l'Union des nations sud-américaines (UNASUR) peuvent jouer "un rôle important dans la réactivation du MNA dans un Nouvel ordre mondial dominé par la mondialisation". "Aujourd'hui, le rôle du MNA ne peut pas se résumer à la neutralité positive comme auparavant. Le mouvement doit s'imposer sur la scène internationale comme un acteur important capable d'imposer un monde multipolaire garantissant l'équilibre, la stabilité et l'équité", a-t-il expliqué.