Les Tunisiens éliront dimanche le sixième président dans l'Histoire du pays parmi 27 candidats représentant les différentes obédiences politiques lors d'un scrutin direct, premier du genre depuis la destitution du président Ben Ali en janvier 2011. 27 candidats ont été admis à cette échéance par l'instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) parmi 70 postulants ayant déposé leur dossier de candidature. 41 autres dossiers ont été rejetés et deux candidats se sont retirés. Les candidats sont dans l'obligation de fournir une caution de 10.000 dinars (56000 dollars), le parrainage de 10 membres de l'assemblée nationale constituante (ANC-parlement) ou de 40 présidents d'assemblées élues parmi les 10.000 élus répartis au moins sur 10 circonscriptions électorales avec une moyenne de 500 élus au niveau de chaque circonscription. Le président provisoire Moncef Marzouki se présente à la course en tant qu'indépendant sous le slogan "On gagne ou on gagne". Il est soutenu par plusieurs formations politiques dont "le Congrès pour la République", "le courant démocratique", "El-bina elwatani","El-bina el-magharibi", "Tounes beitna","le mouvement national pour la justice et le développement", "Tounes Ezzeytouna" et le mouvement "wafa". Agé de 69 ans, Marzouki qui est médecin de formation est un militant des droits de l'Homme. Il est le fondateur du parti "le Congrès pour le république". Il a été élu président de la République le 23 octobre 2011 par l'ANC avec des prérogatives limitées par rapport au chef du gouvernement. Figure de l'opposition au régime du président déchu, Marzouki avait été arrêté en mars 1994 avant d'être libéré après 4 mois d'incarcération. Un des principaux rivaux de M. Marzouki, Beji Caid Essebsi (87 ans) fondateur et président du parti Nidaa tounés majoritaire des élections législatives du 26 octobre 2014. Béji Caid Essebsi a assumé plusieurs fonctions gouvernementales aux ministères de l'Intérieur et des Affaires étrangères sous le président Lahbib Bourguiba (1956-1987). Sous le régime de Zine El Abidine Ben Ali il a présidé le parlement entre 1990 et 1991 et à l'issue des incidents de janvier 2011 il est chargé de conduire le gouvernement qui a présidé aux destinées du pays jusqu'aux élections de l'assemblée constituante, considérées premières élections démocratiques de l'histoire de la Tunisie. Kalthoum Kennou, est la seule femme à briguer la présidence tunisienne. Elle est la présidente de l'association des magistrats tunisiens, l'organisation syndicale la plus représentative du pays. Plus de 15.000 parrainages ont permis à Mme Kennou d'entrer dans la course pour la magistrature suprême en tant que personnalité indépendante. La magistrate a toujours prôné l'indépendance de la justice et la promotion de la participation de la femme à la gestion des affaires du pays. Slim Riahi, le plus jeunes candidat, un homme d'affaires de 42 ans, représente l'union démocratique libre (UDL), classé troisième lors des dernières législatives. Le "président de tous les tunisiens", tel est son slogan de campagne, se propose comme alternative à la bipolarisation découlant des élections législatives entre Nidaa Tounés et le mouvement Ennahda. Kamal Mordjène du parti de l'initiative nationale constitutionnelle tunisienne, dernier chef de la diplomatie tunisienne sous le régime de Ben Ali, s'est excusé auprès du peuple tunisien pour avoir servis sous ce régime et créé le parti de l'initiative qui s'inspire, selon lui, de l'esprit bourguibien. Son parti a obtenu 3 sièges lors des dernières législatives. Le candidat Hamma Hammami (62 ans) est présenté, par les médias, comme la principale figure de la gauche tunisienne. Dans les 1970, il a intégré le parti communiste des ouvriers de Tunisie (PCOT). En 2005, il fonde le Front du 18 octobre pour les droits et libertés, composé de gauchistes, islamistes et nationalistes, outre des juristes, en tant qu'alliance contre le régime déchu de Zine El-Abidine Ben Ali. Les chances des autres candidats restent favorables, notamment au regard des conditions dans lesquelles s'est déroulée la campagne électorale notamment pour Ahmed Nejib Chebbi, Hechmi Hamdi et l'homme d'affaires Mohamed Frikha. Cinq candidats se sont retirés jusqu'à présent de la course à la présidentielle, à savoir: le candidat du "Mouvement Destourien" et ancien premier ministre, Abdelhamid Zouari, le dirigeant du Parti de l'Alliance démocratique, Mohamed El-Hamdi, l'ancien syndicaliste Noureddine Hachad, l'ancien gouverneur de la Banque centrale, Mustapha Kamel Nabli, outre le candidat du mouvement "Wafa", Abderraouf Ayadi. Ces retraits demeurent non officiels et non reconnus par l'ISIE. La présidentielle, prévue le 23 novembre en cours, est la dixième du genre organisée en Tunisie. Elle est supervisée par l'ISIE, présidée par Chafik Sarsar. Un deuxième tour est prévu fin décembre prochain si l'un des candidats n'obtient pas la majorité absolue au premier tour.