La résistance des femmes algériennes dans les années 1990 est "l'autre combat oublié" par les médias, a estimé la cinéaste et écrivaine Hafsa Zinaï-Koudil. "De très nombreuses femmes ont payé le prix fort et d'autres ont laissé leur vie en s'opposant au rouleau compresseur de l'idéologie intégriste qui a ébranlé le pays", a-t-elle indiqué lundi soir au cours d'une communication lors du colloque international sur les femmes résistantes, estimant qu'il existe "peu d'informations autour de cette page douloureuse de notre histoire". Soutenant que ces sacrifices "nous interdisent l'oubli", la conférencière a affirmé que le courage de ces femmes, leur acharnement à révéler toute la vérité sur ce qui se passait en Algérie dans les années 1990 avait alors "focalisé l'attention de l'opinion internationale" et imposé aux médias "une révision de leur copie", s'agissant du combat que menaient les Algériens démocrates. Mme Zinaï-Koudil, affirmant que le destin de l'Algérie est "naturellement lié à celui de ses femmes", a attiré l'attention sur ce qu'elle a qualifié de "discours rétrograde et obscurantiste" dont sont victimes les Algériennes et que véhiculent, selon elle, certaines chaines de télévision nouvellement créées. Elle a prévenu que ces discours risquaient fort, si la société n'y prenait pas garde, de "réveiller des démons assoupis", avant d'appeler à une "volonté politique pour combattre les mentalités archaïques". "L'Islam, religion de savoir et de tolérance, n'empêche pas la science et l'art de rayonner sur les esprits éclairés", a-t-elle soutenu, considérant que la nouvelle loi contre les violences faites aux femmes constitue "un réel espoir". De son côté, la romancière et chercheure spécialiste dans l'histoire du mouvement national, Noudjoud Kaloudji, a rappelé, dans une communication intitulée "Les Européennes de la guerre de libération" les propos de Djamila Bouhired qui avait qualifié "d'exceptionnel" tout ce qu'avaient fait ces européennes pour la cause algérienne. Citant entre autres, Joséphine Carmona, Jeanne-Marie Frances, Colette Grégoire, Gaby Jimenez, Evelyne Lavalette et Raymonde Peschard, la conférencière a rappelé que ces européennes qui ont subi "des tortures, des emprisonnements et des condamnations", sont également des "symboles de la femme combattante" qu'il faut toujours évoquer et valoriser. Organisé par le département Colloques de la manifestation "Constantine, capitale 2015 de la culture arabe", ce colloque international de trois jours sera marqué par plusieurs autres témoignages de femmes vivant aux quatre coins du monde.