Le ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique Tahar Hadjar a affirmé, mercredi dans une interview accordée à l'APS à la veille de la célébration du 60e anniversaire de la journée de l'Etudiant, que son secteur, qui a enregistré un progrès notable ces dernières années, était en mesure d'accueillir cette année tous les bacheliers. QUESTION : L'Algérie célèbre cette année la journée nationalede l'étudiant dans un contexte marqué par la constitutionnalisation des libertés académiques et la liberté de la recherche scientifique et par la création d'un conseil de la recherche scientifique sous la supervision du président de la République. Quel sera l'impact de cette démarche sur la recherche scientifique en Algérie et sur l'apport de l'université algérienne? REPONSE: pour commencer, j'aimerai rappeler l'importance de l'événement que nous allons fêter jeudi à savoir le 60e anniversaire de la journée de l'étudiant célébrée le 19 mai de chaque année. Cette journée constitue une étape cruciale dans le parcours de notre glorieuse révolution, les étudiants avaient décidé de répondre à l'appel de la nation et d'adhérer au mot d'ordre de grève générale, désertant ainsi les bancs des universités et des lycées pour rejoindre le mouvement populaire parmi les paysans, les travailleurs et les jeunes et s'engager dans la lutte pour la libération du pays. Cette journée est mémorable en ce sens qu'elle souligne le rôle central de la jeunesse algérienne, une jeunesse instruite et imprégnée de valeurs nationalistes, dans toutes les étapes de l'histoire notamment dans les moments difficiles que le pays a eu, parfois, à traverser. Pour la cause suprême, l'indépendance nationale, les étudiants algériens ont renoncé ce 19 mai à leurs intérêts personnels, bien que sachant pertinemment que les diplômes supérieurs allaient améliorer leur vie sociale et celle de leurs proches. Ils choisirent de rejoindre les rangs de la révolution, "il y en a parmi eux qui sont décédés et d'autres sont encore vivants". Ce sont là des positions de la jeunesse algérienne qui a toujours été au service des causes nationales à différentes étapes de la lutte du peuple algérien à commencer par les mouvements de la résistance populaire qui se sont succédés- et l'Emir Abdelkader et Cheikh El Mokrani faisaient partie de cette catégorie de jeunes. La jeunesse algérienne a aussi joué un rôle décisif dans la préparation de la guerre de libération à travers l'organisation de marches pacifiques le 8 mai 1945. Elle a constitué le premier noyau, le groupe des 22 qui ont déclenché la révolution. Félicitations aux étudiants algériens pour leur fête nationale. L'Etat algérien a entrepris après l'indépendance une politique de formation dans tous les cycles et s'est intéressé à la recherche scientifique en tant que pilier du développement global, pour assurer la progression de la société et sa protection. Elle a instauré la gratuité de l'enseignement dans les différents cycles et construit des établissements d'enseignement pour effacer les résidus du colonialisme qui a tenté de détruire l'identité du peuple algérien. 54 ans après l'indépendance, le niveau atteint par la recherche scientifique et du développement technologique dans l'Algérie d'aujourd'hui, a permis la création d'une institution de haut niveau placée sous la supervision du président de la République et qui constitue un instrument d'orientation et d'accompagnement des activités scientifiques et de recherche dans le pays. Cela n'aurait pu être réalisé sans les efforts consentis par l'Etat depuis l'indépendance par souci d'appuyer et de soutenir l'enseignement supérieur et la recherche scientifique en tant que secteur sensible et stratégique, afin qu'il puisse accomplir au mieux sa mission de formation de l'élite et de créer un socle scientifique et technologique de haut niveau à même de concrétiser les aspirations de la société à la prospérité, le développement et le progrès. La promotion de la recherche nationale dans les domaines technologique et scientifique, la proposition de mesures à même de développer les capacités nationales en la matière et l'évaluation des instances nationales spécialisés dans l'appréciation des résultats de la recherche scientifique au profit de l'économie nationale dans le cadre du développement durable, sont entre autres missions importantes assignées au conseil. Le conseil national de la recherche scientifique et de la technologie vient encore une fois souligner le souci de l'Etat d'œuvrer à la promotion de la recherche scientifique et à sa valorisation au profit du développement durable de la nation. Il constitue un jalon supplémentaire important qui tend à renforcer le socle de la recherche scientifique et du développement technologique dans notre pays en tant qu'instrument permettant de réaliser un véritable progrès dans ce secteur vital. QUESTION : L'Université algérienne a enregistré ces dernières années une augmentation du nombre d'universités et d'étudiants. Pouvez-vous nous donner les chiffres en prévision de la prochaine rentrée universitaire ? REPONSE: Tout d'abord, il y a lieu de rappeler que l'Algérie ne comptait à l'époque coloniale que trois (3) établissements pour moins de 2000 étudiants, dont 1% de filles, encadrés par moins de 250 enseignants. Mais grâce aux efforts soutenus de l'Etat algérien, le secteur de l'enseignement supérieur dispose aujourd'hui d'un réseau de structures d'enseignement comprenant 107 établissements universitaires, dont des universités et des écoles supérieures spécialisées, répartis sur 48 wilayas, au titre du service public de proximité. Ces établissements prennent en charge près de 1.500.000 étudiants algériens, dont 60% de filles, encadrés par plus de 57.000 enseignants. Nous nous employons aujourd'hui à préparer la prochaine rentrée universitaire qui est une étape importante et cruciale pour le secteur et la société. Comme tous les ans, le corps universitaire est à pied d'oeuvre pour réunir les conditions d'une rentrée sereine, notamment sur le plan pédagogique, de la restauration et de l'hébergement. Je tiens à rappeler que le nombre de candidats à l'examen du baccalauréat en 2015 dépassait 850.000, un chiffre jamais enregistré auparavant. Cette année, les prévisions font état de près de 820.000 candidats au baccalauréat et le secteur de l'enseignement supérieur est en mesure de prendre en charge tous les lauréats, en application de la politique de l'Etat visant à assurer une place pédagogique à chaque bachelier. Environ 100.000 places pédagogiques et 55.000 lits seront d'ailleurs réceptionnés lors de la prochaine rentrée universitaire. QUESTION : Comment le ministère procède à la mise en œuvre des réformes visant l'amélioration de la qualité de l'enseignement supérieur, notamment celles issues des assises nationales du secteur, et le renforcement de la relation entre l'université et les entreprises économiques en faveur du développement national. REPONSE: Conscient de l'importance du rôle stratégique de l'université dans le développement du pays, le secteur de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique œuvre plus que jamais à réunir les conditions devant mettre l'université algérienne au diapason des nouvelles avancées scientifiques et technologiques que connaît le monde d'aujourd'hui afin de répondre aux exigences croissantes du développement national et assumer pleinement son rôle en faveur du progrès et de la prospérité de la société et son auto développement par la conjugaison des efforts de toutes ses composantes. Ainsi, les recommandations de la conférence nationale des universités élargie au secteur socio-économique et dédiée à l'évaluation du système Licence-Master-Doctorat (LMD), ont été intégrées dans le plan d'action du secteur pour 2016 inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du programme du gouvernement. Ces recommandations ont pour principaux objectifs l'amélioration de la qualité des formations supérieures, le renforcement de l'encadrement pédagogique, la consolidation de la relation entre l'université et le secteur socioéconomique, la modernisation de la gouvernance universitaire, l'amélioration des conditions de vie des étudiants, l'adoption d'une politique nationale de formation continue, l'amélioration de la lisibilité des diplômes algériens et de la visibilité de l'enseignement et de la recherche scientifique sur le plan international.