Des spécialistes et des enseignants universitaires ont mis en garde, lundi à Alger, contre le danger de la circulation des fake news sur la souveraineté et la stabilité des pays, relevant l'impératif d'adopter des mesures préventives et mettre en place des lois pour affronter ce phénomène. Intervenant au forum du quotidien "Echaab" sur "les fake news, comment y faire face ?", le chercheur en sciences politiques et relations internationales à l'université d'Alger, Slimane Aradj a mis en avant "l'impératif d'instaurer un cadre référentiel pour faire face à ce nouveau danger de relayer des informations fallacieuses, car considéré comme une forme d'extrémisme inventée pour attenter à la souveraineté et à la stabilité des Etats". Les réseaux sociaux "ont contribué davantage à la diffusion des fake news en un temps bref à travers le nombre de réponses et de partages", a-t-il expliqué, estimant que "l'intérêt accordé au nombre des publications aux dépens de la qualité a sapé la crédibilité de l'information et son rôle de catalyseur en voulant concurrencer la presse par le recours à des instruments illégaux, affectant ainsi la vérité et la crédibilité des médias". Pour M. Aradj, la célérité du développement technologique requiert "l'accélération de la mise en place de procédures préventives et coercitives", citant l'exemple des Etats Unis où "70% des informations relayées par les médias sont surveillées, tandis qu'en Algérie, nous ne sommes toujours pas en mesure de suivre ce rythme". Il en résulte, a poursuivi le chercheur, de "forger une conscience qui se reflète sur le mental et par conséquent sur le comportement, et d'instaurer un certain mode de communication notamment en cette conjoncture sensible que traverse le pays", estimant que "l'absence de coordination entre les journalistes et les institutions de l'Etat a favorisé davantage la diffusion de fausses informations". Il faudrait, selon lui, que "les médias assument leur rôle pour garantir la transparence et la sérénité lors de la prochaine échéance électorale en garantissant l'égalité des chances, l'information avérée et en assumant pleinement leur responsabilité, et que l'Etat exerce la régulation médiatique", a-t-il encore déclaré. Intervenant à cette occasion, Habib Kerroud, également enseignant de sciences politiques, a mis en garde contre ces intox "visant les pouvoirs politique et médiatique, et créant un climat de méfiance entre les institutions étatiques et la presse, voire même entre les médias et les citoyens". Citant l'exemple de pays développés qui ont créé des mécanismes pour prévenir ce phénomène, M. Kerroud a jugé impératif pour l'Algérie d'adopter la même approche à travers la mise en place de textes réglementaires précis basés sur le principe "aucun crime, aucune peine, sans loi". Abondante dans le même sens, Souhila Berrahou, enseignante d'économie à l'université d'Alger a démontré l'ampleur du danger des fake news sur l'économie des pays et le climat des affaires face à la défaillance des certains Etats en matière de maitrise de l'infobésité, faisant allusion à certains sites internet œuvrant surtout à diffuser des informations quand bien même fallacieuses au détriment de l'intérêt national pourvu que le nombre de vues soit multiplié pour se remplir les poches. A vrai dire, les bénéficiaires des infox sont généralement les entreprises concurrentes et imitatrices voire même les groupes armés en relayant des vidéos privées, a-t-elle expliqué, ce qui cause de graves dangers sur les Etats et les sociétés intellectuellement vulnérables. Ces fausses informations visent essentiellement à détruire les sociétés et à créer des déséquilibres au profit d'agendas étrangers, a-t-elle conclu.