Comme attendu, le Sntma (Syndicat national des techniciens de la maintenance avion) d'Air Algérie a annoncé, hier, le gel du préavis de grève tel qu'ordonné par le tribunal de Dar El Beïda, qui avait statué en référé, dimanche dernier, en attendant que la chambre sociale (du même tribunal) rende sa décision sur la légalité ou non de la grève prévue pour aujourd'hui. Dès que la notification de cette décision a été faite aux membres du bureau du Sntma, ces derniers ont tenu une réunion en fin de journée hier, avant de rendre public un communiqué dans lequel ils apportent des précisions. «Comme il a été porté à la connaissance de la corporation, le conseil national du Sntma a opté pour une politique basée sur le respect des lois de la République, et c'est dans ce sens que toutes les procédures réglementaires vis-à-vis des lois du travail et de la convention collective ont été respectées dans nos démarches pour la constitution du dossier de préavis de grève», écrit Ahmed Boutoumi, président du Sntma. Et d'ajouter : «Comme à son accoutumée, préférant tourner le dos au dialogue constructif, la direction général a déposé deux plaintes contre notre corporation, la première auprès de la chambre des référés du tribunal de Dar El Beïda, et la deuxième auprès de la chambre sociale du même tribunal.» Pour mieux argumenter ses propos, le président du syndicat explique la démarche de son organisation et les accusations de l'administration : «On nous reproche le non-respect du délai de 21 jours de préavis de grève tel que stipulé dans la convention collective, alors que le dépôt de ce préavis a été effectué le 9 juillet 2018, soit 23 jours avant la date de la grève. On nous reproche de ne pas avoir respecté l'article 280 de la convention collective, relatif au privilège du dialogue, alors que la date butoir pour l'aboutissement d'un compromis a été arrêtée au 31 décembre 2017, par la commission paritaire installée le 16 juin 2017. Les six mois de discussion n'ont donné aucun résultat. Peut-on parler alors de non-respect du privilège du dialogue ? L'administration a estimé également que nous n'avons pas respecté le quorum lors de l'assemblée générale en se basant sur l'effectif de la division maintenance de 1210 travailleurs. Or, le Sntma est un syndicat spécifique qui représente 479 adhérents. Les procès verbaux de l'huissier de justice attestent le vote de 279 adhérents, ce qui prouve que le quorum a été largement atteint. L'administration estime que le dialogue se poursuit, alors que le conflit a été confirmé le 31 décembre 2017 et attesté par le jugement du tribunal de Dar El Beïda, en date du 25 octobre 2017, ainsi que la correspondance de l'Inspection du travail qui porte la même date...» Toute cette argumentation, faut-il le préciser, a été présentée au tribunal qui, le 29 juillet, a ordonné le gel du préavis de grève jusqu'à ce que la chambre sociale de la même juridiction se prononce sur la plainte de la direction générale d'Air Algérie contre le syndicat, et cela à partir du 5 août 2018. De ce fait, précise le communiqué du Sntma, «et en respect de la décision de la justice, le Sntma prononce le gel temporaire du préavis de grève, sans pour autant renoncer à nos revendications et nos droits, pour se faire nous userons de tous les moyens légaux». Pour le Sntma, ce n'est que partie remise. L'ordre de geler le préavis de grève, sous prétexte d'attendre l'examen à partir du 5 août de la plainte de la direction générale auprès de la chambre sociale du même tribunal, pour faire annuler la grève, prévue aujourd'hui, est pour le moins surprenant. Il vise surtout à faire reculer le syndicat sur sa décision de recourir à son droit à la grève, pourtant garanti par la Constitution et la loi relative au travail. Les syndicalistes le savent très bien. Mais en parfaits légalistes, ils ont décidé d'exécuter la sentence du tribunal et d'attendre que la chambre sociale statue sur la légalité ou non du mouvement de grève. Une attente qui peut durer un mois ou plus, selon les audiences, surtout que le recours à la justice coïncide avec la période des vacances judiciaires.