Il pleuvait et il faisait froid. La boue enveloppait les rues étroites de ce quartier populaire dans lequel s'entassaient plusieurs dizaines de familles. Des moyens humains et matériels ont été déployés sur le site, en dépit d'une météorologie très peu favorable. Un dispositif composé par des éléments de la gendarmerie, des policiers, ceux de la Protection civile a été mis en place. La première étape de cette opération entamée à la veille du nouvel an consistait à éradiquer trois blocs de 27 logements qui abritaient 38 familles. Ces dernières, après l'étude des fiches de recensement et de leurs dossiers au cas par cas, ont été recasées immédiatement au niveau des 38 logements qui ont été achevés récemment au centre de la petite ville rurale de Merad. Au moment où les engins sont entrés en action, les familles après avoir chargé leurs affaires sur les bennes des camions réquisitionnés par les autorités locales quittaient le site joyeuses sous les regards des centaines de voisins. Des hommes âgés que nous avons pu aborder aux alentours de ce site, nous ont révélé que de nombreuses familles vivaient dans des conditions difficiles depuis que les forces coloniales les ont parquées dans cette cité. Pour la petite histoire, 3 députés de l'APN étaient issus de cette bourgade, durant la mandature 1997-2002. Ils n'avaient pas pu agir concrètement pour atténuer les souffrances des citoyens de cette zone déshéritée, en dépit de leur appartenance à des partis politiques, en l'occurrence le FLN, le RND et le MSP. Dans cette autre cité basse qui se trouve sur le territoire de la daïra de Hadjout, le recensement effectué a fait part de l'existence de 140 logements précaires. C'est une fois encore un fief de la misère. Inutile de s'étaler sur les conséquences de cette situation miteuse. Un projet de construction de 20 logements est en cours de réalisation. Il est implanté au site sous les yeux du reste des familles recensées qui attendent leur tour pour bénéficier d'un logement. La commune de Merad a obtenu un programme de 70 logements qui est d'ailleurs, selon le P/APC, en cours de réalisation. Les familles de la cité basse de Merad recensées auxquelles nous avons pu rendre visite dans leur domicile exigu et très humide ont affiché leur confiance, en espérant que les délais de construction des logements en cours de réalisation seront au moins respectés, comme cela leur a été promis par les autorités. L'OPGI de Tipaza s'installa sur le terrain déblayé du site, pour entamer les travaux d'un programme de construction de 60 autres logements sociaux. Le chef de daïra de Hadjout fraîchement installé qui semble s'accommoder à ce type d'exercice, déclare : «Nous allons poursuivre notre mission ici à Merad en optant pour les opérations à tiroirs». En raison de la bonne gestion de cette première étape de l'opération de recasement d'une partie des familles de la cité HLM de Merad, une ambiance conviviale et de solidarité avait régné sur le site. Même cette pluie qui s'est abattue en cette journée du 30 décembre 2004 n'a pas fait fuir les nombreux spectateurs. Un haut responsable de la wilaya de Tipaza nous a confié que les mécanismes de ces opérations sont désormais maîtrisés. Cela est dû d'abord à une meilleure préparation des populations ciblées, ensuite à une répartition rationnelle des efforts humains et matériels mobilisés sur site. Une bonne coordination ne pose pas de problèmes dans le pilotage de ces opérations. La wilaya de Tipaza envisage de continuer à mener des opérations de démolitions des habitations précaires, qui non seulement défigurent les tissus urbains mais pour diverses raisons, sont à l'origine de la prolifération des maux sociaux dans ce territoire côtier.