La ville qui a depuis quelques années une action culturelle encourageante devient un rendez-vous national du livre. L'ANEP qui n'aura plus à organiser le SILA, désormais pris en charge par le ministère de la Culture, met à profit son expérience pour organiser des salons régionaux. D'ailleurs, ce type de rencontres dont la proximité est naturellement plus grande que dans un salon international, peut devenir complémentaire du SILA en permettant à ce dernier de se professionnaliser et de s'internationaliser davantage. Pour l'instant, seul le Salon de Sétif a été annoncé et on ignore si l'ANEP a prévu d'autres destinations ou si elle compte s'en tenir à un salon national itinérant ou basé à Sétif. Ainsi, du 7 au 15 mai prochain, la cité des steppes se mettra à l'heure du livre. Un beau lien puisque les steppes donnent de l'alpha et que l'alpha donne du papier dont on fait les livres… Le nombre de stands ainsi que les maisons d'éditions présentes devraient être annoncés en début de semaine prochaine pour ce qui est de la partie exposition et ventes. Mais d'ores et déjà, le programme d'animation promet une véritable effervescence culturelle de la ville. L'inauguration officielle aura lieu le jeudi 7 mai à 15 h et s'ouvrira sur une conférence de l'historien Abderahmane Khelifa sur « Le patrimoine archéologique de Sétif » avant que Kamel Bouchama, ancien ministre et écrivain ne traite des rapports entre Djemila et Césaria. Fouad Soufi parlera ces « Africains qui ont aidé les Algériens ». Puis un débat aura lieu autour des élites et du mouvement national. Vendredi sera réservé à la projection d'un film tandis que la journée de samedi sera consacrée à un débat passionnant avec les étudiants sur le thème « Blogsphères, facebook et textos : le langage new-look ». Dimanche, Abdelali Merdaci de l'université de Constantine viendra présenter la première romancière algérienne, Djamila Debèche. Une conférence particulièrement importante qui permettra de faire découvrir au grand public et particulèrement aux jeunes et étudiants cette figure méconnue et pionnière de la littérature algérienne. Née en 1910 dans la commune des Ghiras (Sétif), Djamila Debèche a écrit en 1947, Leila, jeune fille d'Algérie (imprimerie Charras, Alger), et Aziza en 1955 (imprimerie Imber). C'est elle qui a lancé le journal L'Action, le 25 septembre 1947. Pionnière de la presse féminine, elle a publié également en 1950 plusieurs essais dont Les musulmans algériens et la scolarisation, L'enseignement de la langue arabe en Algérie et Le droit de vote aux femmes algériennes. il est heureux qu'elle trouve enfin un hommage aussi marqué dans sa ville natale en attendant qu'elle soit connue et reconnue dans le pays. Des animations sont prévues dans les lycées comme au Malika Gaïd où Annie Steiner, moudjahida, viendra témoigner justement de Malika Gaïd. En fin d'après-midi, Amel Harfouche du groupe sétifien Rimes Urbaines, désormais connu en Europe, présentera Slameurs 2009. Et comme la diversité tient lieu de conducteur, on passera à la poésie arabe. Mardi sera marqué, également en fin d'après-midi, le 200e anniversaire du grand dramaturge russe Gogol avec Randa El Kolli, jeune et remarquée auteur de théâtre sétifienne, et H'mida Layachi que la presse n'a décidément pas détourné du quatrième art. A 18h 30, une table ronde réunira AIssa Cheriet, encore El Kolli, Faycal Ouaret, Abdellah Merdaci et Mohamed Sari autour de la littérature algérienne contemporaine. Mercredi, Abdelmadjid Merdaci, auteur d'un fameux dictionnaire musicologique sur les musiques de Constantine, présentera une conférence sur les musiques du terroir qui sera suivie bien à propos par une représentation de clôture du groupe musical M'lemma. D'autres éléments de programme ont été annoncés avec des interventions et lectures de textes de Abdelkader Djeghloul, Amina Bekkat, Akli Amrouche, directeur de la revue d'architecture et d'urbanisme Vie de Villes, etc. Il est prévu également un hommage à l'écrivain et dramaturge Nourredine Abba, natif de Sétif et qui fut le seul algérien à assister au procès de Nuremberg des dirigeants nazis en tant que journaliste. Sétif dont l'université a pris de l'ampleur avait besoin d'un tel évènement pour assurer à son développement culturel un ancrage plus fort. Cette ville qui recèle d'immenses potentialités artistiques et littéraires et qui fut le lieu de naissance ou de vie de plusieurs écrivains, possède de sérieux atouts pour faire de ce rendez-vous une rencontre phare à l'échelon national et un tremplin de son développement culturel. Les autorités semblent en tout cas avoir pris toute la mesure de l'enjeu que le livre et la culture en général représentent dans l'essore de la ville comme de la wilaya. La wilaya et l'APC de Sétif apportent d'ailleurs leur concours actif à ce salon national du livre qui a déjà le mérite de s'inscrire dans une décentralisation de l'action culturelle.