Le village d'Issenadjène (Iflissen) compte une véritable pépinière de karatékas. En effet, de par le nombre, sans cesse crescendo des athlètes qui composent la section sportive locale : 55 sportifs, dont 15 filles, en sus de ceux qui viennent de temps en temps de Mizrana. Malgré l'arrivée d'une quarantaine de nouveaux pratiquants dans cette discipline, saison 2008/2009, il est à signaler que pas moins de 30 autres l'ont carrément abandonnée, faute de moyens. Comme quoi, la stabilité, la continuité dans le monde sportif est souvent « hachée » ou gâchée par la rareté de la panacée de tous les maux : la finance. Sans soutiens, démunis sur tous les plans, nous comprenons que la volonté à elle seule est un traître mot. Dire qu'ils ont donné un « hara kiri » à leur carrière (pour les jeunes qui ont quitté ce sport) serait remuer le couteau dans la plaie ! Mais quand même, les quelques bambins rencontrés après la séance d'entraînement nous ont tous déclaré être attachés aux valeurs (morales) véhiculées par ce sport. Les insuffisances criardes qui sont malheureusement légion chez nous sont un calvaire pour les sportifs.Toute cette ribambelle s'entraîne, et ce n'est pas de l'intox, avec aucun moyen : en guise de tatami, une moquette délabrée. « La salle d'entraînement » n'est qu'un local désaffecté, glacial, « loué à raison de 5000 DA/mois, tirés des frais d'inscription mensuels », nous informe-t-on sur place. Ce n'est pas le meilleur endroit qui soit pour la pratique du karaté, mais l'amour de ce sport maintien la flamme ! Un seul néon éclaire les lieux…Ces gamins à la frimousse respirant la timidité sont rigoureux et assidus dans le travail. L'absence drastique de ressources les prive illico de participations surtout aux joutes nationales. Yazid Djerrah, leur jeune entraîneur, nous apprend qu'aucun sponsor n'a manifesté un intérêt pour ce sport. Une déception. « J'ai dû payer de mes propres moyens les frais d'affiliation (8000 DA) », nous a-t-il révélé. Sans évoquer les déplacements onéreux. Sûr que cet environnement décourage, mais cela n'a pas amenuisé la volonté de Yazid ainsi que ses capés de s'entraîner presque quotidiennement. Cependant, il appréhende sérieusement la disparition de cette discipline à Iflissen « si rien n'est fait pour sa promotion. C'est un combat au quotidien ». Depuis 1998, ses sportifs honorent la région par des titres divers. « Nous comptons une championne d'Algérie », que l'APC a honorée à la hauteur de ses moyens. « Le prix du fair-play nous a été toujours décerné », nous ajoute-t-il.