Une crainte motivée par le manque de moyens de base dans les hôpitaux et d'une véritable politique de prévention, indiquent-ils, par la voix du président de l'association des malades et des parents des malades asthmatiques (AMPMA), M. Djebarra. Selon un membre de l'AMPMA : «Les nouveaux cas ayant contracté des allergies se comptent par dizaines, ces dernières années. Bien que l'humidité du barrage Taksebt soit bien ressentie par la population, ses répercussions sont négatives sur les patients souffrant de maladies pulmonaires, surtout, avec un pic du taux d'humidité qui atteint les 50 % en été.» En outre, ils déplorent le manque de moyens matériels susceptibles de faire face à d'éventuelles crises d'asthme sévères. «Il nous est arrivé d'emprunter les appareils dont nous disposons au service hospitalier. Le sanatorium ne dispose que de 90 lits, ce qui est insuffisant. Il n'est pas normal d'aliter deux patients ayant des maladies pulmonaires différentes dans la même chambre, tel qu'un asthmatique et un tuberculeux». Un autre aspect de prévention fait défaut. L'initiation des enseignants et des patients aux pratiques thérapeutiques d'urgence en cas de crise n'est pas dispensée. «Nous sommes très loin du modèle occidental qui permet au malade de se prendre en charge, eu égard au taux important d'illettrisme dans notre pays. Il faut également cibler les écoliers, la frange vulnérable de la société, en formant les enseignants. Nous avons un programme qui va dans ce sens, mais cette fois, nous ferons accompagner les enfants de leurs parents». Par ailleurs, 60% des adhérents à l'association des asthmatiques de Tizi Ouzou ont une déformation thoracique. Le seul remède contre ces déformations est la pratique de la natation En effet, la natation s'est révélée une thérapie efficace qui favorise le développement des muscles profonds, responsables dans la respiration. «Tizi Ouzou ne dispose que d'une seule piscine. Notre association est programmée pour une seule journée de natation, le vendredi», regrette le président de l'association. Les spécialistes interrogés sur cette question tempèrent : «Il est clair que le changement du microclimat au niveau local a des incidences néfastes sur les asthmatiques mais je ne crois pas que ça serait aussi important. Nous allons connaître d'autres facteurs aggravants, comme la pollution qui va crescendo avec l'augmentation du parc automobile. Nous nous acheminons sur la même trajectoire que les pays européens en la matière», explique le Dr Hameg, du service pneumologie du CHU Sidi Belloua. Interrogé sur le niveau de prise en charge dans la wilaya, il rétorque: «La prise en charges des malades s'est nettement améliorée par rapport aux années précédentes. On admet dans nos services que les cas cliniquement graves. Ceux qui atterrissent dans les urgences, leur cas est traité immédiatement et les patients rentrent chez eux». Toutefois, notre interlocuteur évoque l'auto-prise en charge des patients qui reste insuffisante. Un procédé qui nécessite préalablement une formation et un niveau d'instruction moyen.
