La guerre civile rwandaise a atteint sa plus haute intensité en 1994, en effet 800 000 Tutsis, Twas et Hutus modérés ont été tués par leurs voisins hutus faisant un génocide historique dans une indifférence internationale totale. L'un des problèmes les plus aigus après un génocide est de rendre justice. Pour résoudre la difficulté de juger les nombreux prisonniers qui croupissent dans les prisons rwandaises, l'idée germe d'adapter les gacaca, structures de justice traditionnelle (de aggacaca, petite herbe ou gazon en kinyarwanda). On forme rapidement des personnes intègres pour présider ces tribunaux populaires. A l'origine, gacaca était une juridiction populaire. Elle était constituée d'assemblées villageoises lors desquelles les sages tranchaient les différends, assis sur le « gazon ou l'herbe ». Aujourd'hui, inspirée de ces anciennes assemblées, gacaca juge tous les présumés auteurs du génocide de 1994, sauf ceux considérés comme planificateurs et violeurs qui sont jugés par les tribunaux conventionnels. Traditionnellement, l'originalité de cette juridiction résidait dans le fait de minimiser les conflits familiaux afin de concilier des protagonistes. Il s'agissait d'éviter à ces derniers un procès explicite qui les opposerait davantage et créerait une rupture des relations. Pendant l'époque coloniale et post-coloniale, gacaca a joué un rôle important dans la médiation sociale. L'un des principes des juridictions gacaca est de réunir sur les lieux mêmes des crimes et/ou massacres tous les protagonistes du drame : rescapés, témoins et criminels présumés. Tous devront ensemble reconstituer les événements du génocide, établir la vérité pour démontrer la préparation et l'exécution du génocide, ainsi que l'identification des auteurs, coauteurs, complices du génocide et l'établissement de la responsabilité individuelle. Les juges (personnes intègres élues parmi la population) pourront ensuite s'appuyer sur la loi organique pour juger ces crimes.