Je me suis intéressé ces derniers temps à la signification attribuée au prénom Boualem dans sa traduction littéraire, qu'un nombre non négligeable de nos compatriotes portent avec fierté. Comme chacun sait, ce substantif nous rappelle à la bonne mémoire de l'éminent érudit devant le seigneur, en la personne de Sidi Mahieddine Abou Mohamed Abdelkader El Djillani, surnommé «Abou Alam», (homme à l'oriflamme). Cet illustre savant est né en 1078 à Djillan, une petite ville située à mi-chemin entre Baghdad et Téhéran, mais néanmoins en territoire iranien. Cet infatigable voyageur doublé d'un théologien hors pair, qui était de son vivant un propagateur actif et empressé du soufisme, est l'un des créateurs de la première confrérie musulmane dans le monde islamique, pour citer par là la Tarika «Kadiria». Celle-ci pouvait se targuer de posséder parmi ses adeptes les plus influents, l'auguste El Emir Abdelkader. Ce personnage mystique, qui prêchait la bonne parole, poussait des pointes jusqu'à la mer Caspienne, tout en possédant un pied-à-terre en Turquie. Il rejoindra son créateur le 11 février 1166 pour être enterré à Dharih, tout près de Baghdad. Si on se réfère à leur étymologie, on peut d'ores et déjà conclure sans risque de se tromper, que quatre prénoms si savamment usités dans notre pays sont de naissance moyen-orientale, éventuellement d'essence perse, le pays natal de Sidi Mahieddine Abou Mohamed Abdelkader Abou AJam El Djilani. Que l'en on juge : Abou Alam se métamorphosera de lui même pour s'installer confortablement dans celui de Boualem. El Djilani redeviendra avec le temps El Djillali «le respectable». Quant à Mahieddine, c'est le prénom du propre père de l'Emir Abdelkader, plus connu sous l'appellation de Abdel-Kader Ben Mahieddine, ce qui veut dire qu'«il ravive la religion». On retrouvera enfin celui d'Abdelkader qui signifie «le serviteur du Tout-Puissant». Pour cela, le prénom de Boualem se voit attribuer sans le moindre souci deux significations distinctes : pour certains, c'est «l'homme porte-drapeau», d'autres par contre lui destinent l'étiquette pompeuse de l'homme «distingué». Boualem est constamment accompagné d'un deuxième substantif, comme s'il avait du mal à traverser la chaussée. On y trouvera pêle-mêle : Abdelkader ya Boualem, une chanson qui avait fait le tour du monde et dont l'un de ses précurseurs était Cheikh Hemada de son vivant. On recensera ensuite Boualem El Djillali, Boualem Hamoud, etc. Abdelkader ya Boualem et Boualem El Djillali évoquent une seule et même personne, s'agissant de Sidi Mahieddine Abou Mohamed Abdelkader Abou Alam El Djilani. Une zaouïa assez importante portant son nom est installée à l'ouest du pays. Dans un autre ordre d'idées diamétralement opposé à la synthèse qui consistait à lever le voile sur le prénom de Boualem, j'évoquerais au hasard d'une petite découverte assez intéressante dans son contexte, pour ne pas dire étrange, dans le paquet des appellations propres dont nous sommes affublés individuellement, d'un foisonnement de patronymes d'éminentes personnalités algériennes, ainsi que des martyrs majeurs de la Révolution du 1er Novembre 54, dont les noms sont transcrits à partir du suffixe «Bou» ou «Ben», au même titre que Boualem. De prime abord, ceci nous donne à réfléchir sur la consonne «B», sujette éventuellement à une prémonition, à l'instar où elle est singulièrement destinée à pourvoir des noms de sommités, qu'à autre chose. Voyons un peu de quoi il s'agit : nous entamerons cette constatation par des figures historiques qui avaient en leur temps mené des insurrections contre les premiers envahisseurs français, pour ne citer que Cheikh Bouamama et Cheikh Ben Haddad, le bras droit de Cheikh El Mokrani. Vint ensuite l'illustre Cheikh Ben Badis, l'une des figures emblématiques du Mouvement réformiste algérien, qui fonda en 1931 l'association des Oulémas. Des martyrs de la glorieuse Révolution dont on peut énumérer sans risque de se tromper, entre autres : Ben Boulaïd, Ben M'Hidi, Bougara, Bounaâama, Badji Mokhtar, Boulahrouf, Boumendjel, Belouizdad, Bouchenafa, Bouakouir, Boukhalfa, Boukhezar, Bounetta, Bouattoura, Bounedjma, Ben Saâdi, Ben Abderrahmane, Ben Hamidi, Ben Abdellah, Bouabdellah, etc. Des moudjahidètes reconnues comme telles : mesdames Bouhired, Ben Bouali, Bouazza et Boupacha. La plupart des présidents algériens, depuis l'indépendance du pays à ce jour, portent un nom propre commençant par la consonne «B», comme si cette coïncidence voulait perpétuer ce cas d'espèce dans le temps. Cette liste débute par Monsieur Benyoucef Ben Khedda, le premier président du GPRA à l'orée de notre indépendance. Vinrent ensuite tour à tour : Ben Bella, Boumediene (Boukharouba), Bendjedid, Boudiaf, pour enfin se retrouver avec Monsieur Bouteflika, l'actuel président. Seul le nom du président Zeroual avait fait exception à la règle, puisque son nom débute par un «Z». Nous trouverons également dans le lot six ex-Premiers ministres : Ben Ahmed Abdelghani, Brahimi Abdelhamid, Bélaïd Abdeslam, Benbitour, Benflis et Belkhadem. Deux présidents du Conseil constitutionnel : messieurs Benhabylès et Bessaïeh. Cinq anciens ministres des Affaires étrangères dont on peut citer messieurs : Abdelaziz Boutéflika, l'actuel président de la République, Mohamed Seddik Benyahia, Brahimi Lakhdar. Bedjaoui Mohamed et Belkhadem. Des ex-présidents du Sénat et de l'Assemblée nationale : Ben Alla, Bitat, Boumaza et Ben Salah. D'anciens officiers supérieurs de l'ALN, ayant participé à la guerre de libération les armes à la main. Des hommes dynamiques et intègres qui avaient servi leur pays corps et âme : messieurs Boussouf, Ben Tobbal (l'homme aux trois «B» comme l'avait surnommé de son vivant la presse), Benyoucef Khider Mohamed, Boubnider (Sout El Arab). Benaouada, Bensalem, Belhouchet, Bousmaha (commandant Berrouaghia), Belkacem Cherif, Ben Cherif, Beloucif, Bouhara, Bouchouareb, Benhadid, Benhamouda, Benmaâlem, Belayat, Boukadoum, Boudlel, Boughaba, Boumehdi, Betchine, Benini, Ali Bouhadja, sans pour autant oublier El Hadj Belhadj Bouabdellah, l'homme qui avait mis ses enfants, ses biens et son énergie à la disposition des djounouds de l'ALN au Maroc. Le fondateur des Scouts musulmans algériens, le chahid Bouras, ainsi qu'un ancien secrétaire de l'UGTA en la personne de monsieur Benhamouda. Nous citerons également ci-dessous l'une des figures de proue des personnalités nationales qui avaient marqué de leur empreinte l'histoire de notre pays, pour évoquer par-là le mémorable Cheikh Béoud, l'un des savants reconnu et apprécié du dogme Ibadite, aujourd'hui disparu. Des dirigeants de partis politiques : Ali Belhadj pour l'ex-FIS dissous, Bouslimani et Bouguerra Soltani pour le Hamas, Belkhadem pour le FLN, Boukhazna Ali pour le MEN et Benyounes Amara pour UDR. Un ancien juge au Tribunal pénal international à la Haye, le TPI, un diplomate chevronné auprès des Nations unies, pour évoquer ci-après monsieur Mohamed Béjaoui. Egalement l'ancien envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU en Irak et en Afghanistan, qui n'est autre que Monsieur Lakhdar Brahimi, ancien ministre des Affaires étrangères de 1991 à 1992. Des hommes et des femmes de théâtre, de cinéma, des arts et culture, des journalistes, des scientifiques, des sportifs : Bachtarzi, Badie, Bouchouareb, Benguettaf, Benguigui, Boudjedra, Belhadougua, Babaci, Bouchouchi, Bédjaoui, Bendamèche, Boudjemia, Benkortbi, Benchoubane, Boumehdi, Baroudi, Ben Mabrouk, Bénnani, Bouakaz, Bendamardji, Boukerdous, Belhouchet, Benchicou, Boulmerka, Boutadjine, Boukadoum, Belloumi, Bensaoula, Benidah, Bencheikh, Benguesmia, Bouguerra, etc. On trouvera dans le tas deux vils individus, des traîtres à leur patrie pour évoquer ci-après le bachagha Boualem, de son vrai nom Boualem Saïd Bénaïssa et le colonel félon Belounis. Le «B» est un affixe qui deviendra de lui-même de composante intermaghrébine retrouvera facilement pour le Maroc Sidi Mohamed Benyoucef, qui deviendra par la suite le Roi Mohamed V. Des vizirs, des vice-vizirs, des Premiers ministres, des chefs de parti : Ben Arafa, Ben Moussa, Berrada, Balafredj, Bouabid, Ben Barka, Bensouda, Boucetta, Benkirène, Benosmane, Bennani, etc. Pour la Tunisie : Habib Bourguiba, le président Ben Ali, des Premiers ministres et également des chefs de parti : Ben Amar, Ben Salah, Baccouche, Ben Youssef, l'opposant Ben Brik et le cinéaste et homme d'affaires Ben Amar Tarek.