Les zones d'activités commerciales et industrielles créées dans la wilaya de Tizi Ouzou ne suscitent pas d'engouement chez les investisseurs. La raison est que les prétendants à l'investissement, qui, pourtant, se bousculent aux portes des administrations de la wilaya, ont un certain scepticisme quant à la réussite de leurs projets. L'environnement économique offre très peu de commodités en matière d'équipement et de sécurité, en plus de la complexité des procédures de cession des terrains et la bureaucratie qui décourage les plus téméraires des investisseurs. Le foncier industriel dans la région compte 23 zones représentant 1656 lots crées, dont 881 seulement sont affectés. Sur ce nombre, 169 contrats de projet sont en cours de résiliation et uniquement 100 en activité. En somme, c'est l'expression de l'échec d'une politique d'investissement qu'il faudra repenser en prenant en considération les spécificités de la Kabylie, estiment des intervenants lors de la journée thématiques consacrée au dossier du foncier industriel, organisée la semaine dernière par l'APW. L'état des zones industrielles, tel qu'il se présente aux yeux des potentiels investisseurs, a l'aspect de terrains en friche inexploitables. D'où découragement de nouveaux prétendants, dès lors qu'ils constatent l'absence d'un minimum de conditions favorables à l'implantation de projets, tels que l'eau, l'électricité, le gaz, les accès et, surtout, la sécurité. Pourtant, en 2007, une commission de wilaya chargée du foncier industriel avait effectué un diagnostic des zones économiques et listé les besoins de chaque zone en matière d'équipement et d'aménagement, avant de solliciter le financement nécessaire. Ces besoins ont été évalués à 140 milliards de centimes, mais ne sont pas encore débloqués. Outre la viabilisation des ZI et ZA (zones industrielles et d'activités), il subsiste des situations litigieuses qui comprennent l'assainissement juridique des terrains. Ainsi, les organismes gestionnaires de ces terrains, notamment la Société de gestion immobilière (SOGI), l'agence foncière, le bureau d'étude URBA de Blida, qui gère la zone industrielle de Oued Aïssi, et la direction des domaines, sont à pied d'œuvre pour assainir des cas de détournement de lots de leur vocation. Le cas de la zone industrielle d'Aboudid, dans la commune de Larbaâ Nath Irathen, et celle de Mekla, sont édifiants. Mais «l'assainissement des zones industrielles dénote d'une volonté politique sans faille et d'une fermeté constante des autorités», ont fait remarquer des élus à l'APW. A titre d'exemple, sur les 12 zones que gère la SOGI, 6 d'entres elles ne sont pas équipées de réseaux internes (AEP, éclairage, voirie, assainissement). Il s'agit des sites de Ain El Hammam, Larbaâ Nath Irathen, Tizi Ghenif, Draâ El Mizan, Azazga et Boudjima. À cela s'ajoutent des dizaines de cas de problèmes de délimitation des lots où des oppositions de citoyens revendiquant la propriété des terrains, ralentissent le travail d'assainissement. La SOGI, qui gère 12 zones d'activités, a eu à annuler, dans le cadre de l'assainissement juridique des sites, 613 contrats de demandeurs n'ayant pas concrétisé leur projet pour diverses raisons. Elle a, également, actionné 206 affaires en justice et dressé 327 mises en demeure. Actuellement, l'organisme dispose de 869 lots dont 443 ont été attribués. Sur ce nombre, 340 actes notariés ont été délivrés. Ils représentent 358 projets à lancer. Pour ne citer que ces sites d'activités ; les 5 zones gérées par l'agence foncière ne sont pas mieux loties et présentent les mêmes contraintes.