Qui d'entre nous n'a pas écouté et apprécié sa belle voix sur la Radio nationale ? A ce jour, la Chaîne III et radio El Bahdja, entre autres, continuent de diffuser ses appels à la prière. Lui, c'était le premier muezzin de la Radio nationale au lendemain de l'indépendance, en l'occurrence Mohamed Brinis, appelé El Boulaïdi, en référence à sa ville qu'il aime tant, Blida. Ce Cheikh, fort de ses 85 ans, n'a pas cédé aux changements imposés par les Moyen-Orientaux quant à la manière de lire le Saint Coran ou l'Adhan. A ce jour, il préserve toujours le style arabo-andalou. A Blida, il dirige la prière des Tarawih à la grande mosquée El Kawthar depuis 30 ans déjà. A travers des haut- parleurs, tous ceux qui sont aux alentours de ce lieu de culte, notamment à la célèbre place Ettout, peuvent apprécier et admirer sa lecture du Coran, chaque soir durant tout le mois de Ramadhan. Toujours dynamique en dépit de son âge avancé, El Boulaïdi était un ancien footballeur, qui continue à jouer à la balle ronde quand l'occasion se présente. Timide, humain et très sensible, il ne communique que très rarement. La radio locale de Blida a pu l'inviter, exceptionnellement, il y a quelques jours. «J'ai reçu une éducation très stricte. J'aimais surtout jouer au foot avec mes copains du quartier Douiret. Mais mon père, que Dieu ait son âme, m'a forcé à suivre son chemin. Il était aussi imam. Grâce à lui, j'ai appris le Coran à l'âge de 14 ans. En ce moment-là, des chouyoukh ont trouvé ma voix agréable et surtout faite pour la psalmodie du Saint Coran», a-t-il confié, récemment, à Hayat Allach, journaliste à Radio Blida lors de l'émission «Nadjihoun» (Triomphants). Ainsi, durant les années 1940, il avait commencé à enregistrer la lecture du Coran dans les studios de Radio Alger. Hezzab (lecteur) du Coran et du corpus d'El Boukhari pendant plusieurs années (Alger et Blida), il a été propulsé imam Khatib des mosquées El Moudjahid, El Kawther, El Badr et enfin Bensaâdoun. C'est au niveau de cette antique mosquée qu'El Boulaïdi assure, ces dernières années, les prêches du vendredi. Ce cheikh vient de terminer l'enregistrement de la récitation de toutes les sourates du Saint Coran dans une maison d'édition à Blida. Encouragé par les autorités locales, ce travail a été fait dans le cadre de la préservation du patrimoine national. Un autre enregistrement est prévu au niveau de la radio de Blida. Des habitants de Blida, jaloux de leur patrimoine, espèrent deux choses : longue vie à El Boulaïdi et une relève bien méritée !