Le Haut commissariat à l'amazighité (HCA) a organisé, mercredi dernier, à Tiaret, une journée d'étude sur le chant patriotique, en hommage à l'ex-président du HCA, le défunt, Idir Aït Amrane, à l'occasion du 8e anniversaire de la disparition de ce poète, militant nationaliste et défenseur de la culture amazighe. «Cette rencontre, qui coïncide avec le cinquantième anniversaire de l'indépendance de l'Algérie, se veut aussi un hommage à un grand homme, un grand nationaliste, un compositeur du plus célèbre chant patriotique et révolutionnaire – Kker a mis umazigh -, en l'occurrence le regretté Mohamed Idir Aït Amrane», précise Si El Hachemi Assad, directeur de la promotion culturelle au HCA. Lors de cette journée commémorative, les présents ont assisté particulièrement à des témoignages émouvants sur la vie et le parcours du défunt. «J'ai côtoyé Idir Aït Amrane, notamment lors de notre scolarité au lycée de Ben Aknoun. Il était un homme très courageux, qui maîtrisait parfaitement l'arabe et le français. Il était aussi un adepte de la Rahmania», a dit le professeur Saïd Chibane, l'un des amis du poète, qui a également souligné lors de son intervention que «le chant patriotique est sorti des Scouts musulmans algériens, fondés par Mohamed Bouras, qui a été fusillé par l'armée française en 1941». Durant la même conférence, Mohand Oubelkacem Kheddam, professeur d'histoire, a précisé de son côté que «Da Idir a laissé un patrimoine riche qu'on doit préserver. Il voulait réunir les amazighs de l'Afrique du Nord. C'était un poète engagé. D'ailleurs, aujourd'hui, il est rentré dans l'histoire. En un mot, on peut dire qu'il était infatigable.» Toujours avec beaucoup d'émotion, Abdellah Hamane, auteur et poète, a déclamé quelques vers à la mémoire du défunt qu'il a connu, a-t-il dit, en 1988, à Oran, à l'occasion de la création d'une association d'enseignants de tamazight. Le fils du défunt a, lui aussi, rappelé les qualités de son père. «Il était un homme politique et de culture. Il nous a appris à aimer l'Algérie dans sa diversité (tamazight, arabe et islam). Je l'accompagnais souvent dans ses déplacements, surtout en Kabylie. Il était très attaché à sa région (Ouacif) natale et Tiaret aussi où il a grandi», se souvient Youcef Aït Amrane. Malha Benbrahim-Benhamadouche, universitaire, a donné une communication intitulée «Une poésie aux multiples combats». Dans son exposé, elle a souligné qu'en 1945, Aït Amrane a composé la chanson Kker a mis Umazigh. «Il y a des oubliés de l'histoire car, c'est le message qui intéresse la société, mais pas celui qui transmet ce message», a-t-elle expliqué. Et pour étayer ses propos, la conférencière a précisé que «beaucoup de gens connaissent des poèmes et des chansons célèbres, mais pas leurs auteurs». D'ailleurs, a-t-elle fait remarquer, le combat nationaliste, identitaire et linguistique a été mené à travers la poésie. Intervenant dans le même ordre d'idées, Youcef Merrahi, secrétaire général du HCA, ajoutera : «Il y a beaucoup de poèmes de la résistance, mais avec l'âge la mémoire devient oublieuse. C'est pour cela qu'il y a beaucoup de textes anonymes». Le lendemain, jeudi, un recueillement a été organisé sur la tombe du défunt, en présence des membres de sa famille et ses amis avec la chorale Idir Aït Amrane d'Aït Wabderahmane de la commune de Ouacif (Tizi Ouzou) qui a chanté Kker a mis Umazigh.